Un avis de Saiwhisper
Titre : « L’étrangère »
Auteur : Valérie Toranian
Genre : Témoignage / Biographie
Éditeur : J’ai lu
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Aravni garde farouchement le silence sur son passé. Sa petite-fille, Valérie, aimerait pourtant qu’elle lui raconte son histoire, l’Arménie, Alep, Constantinople et Marseille. Dans ce récit qui traverse le siècle, elle écrit le roman de la vie, ou plutôt des vies d’Aravni : de la toute jeune fille fuyant le génocide arménien en 1915 jusqu’à la grand-mère aussi aimante qu’intransigeante qu’elle est devenue, elle donne à son existence percutée par l’Histoire une dimension universelle et rend hommage à cette grand-mère « étrangère » de la plus belle façon qui soit.
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Voilà un très beau roman dur, drôle et touchant ! Je lis rarement des témoignages, car ce n’est pas un genre qui me permet de m’évader… Pourtant, j’aurais été déçue de passer à côté de cette perle. Dans « L’étrangère », on va suivre deux récits : celui de Valérie Toranian lorsqu’elle était plus jeune et celui d’Arvani, sa grand-mère, lorsque cette dernière a dû fuir son pays en 1915. L’alternance est bien dosée. On évite ainsi d’enchaîner les scènes sombres, émouvantes et traumatisantes…
En effet, ce qu’a vécu Arvani prend tout simplement aux tripes… La pauvre arménienne va devoir vivre de terribles épreuves lorsqu’elle va apprendre que les Turcs ont exécuté son père et son mari. Seulement âgée de 17 ans, elle n’aura d’autre choix que de fuir le pays avec le reste de sa famille… Hélas, ce périple est loin d’être calme et sans douleur… On va assister à de multiples pillages, à des jeunes filles vendues, au génocide arménien et à un voyage incessant, difficile et fatiguant. La scène des bébés abandonnés m’a fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre, tout comme d’autres passages qui ne m’ont pas laissée de marbre… Malheureusement, c’est une réalité…
À l’inverse, les chapitres avec l’auteure que l’on surnomme « Astrig » sont attendrissants. J’ai adoré découvrir sa relation avec sa grand-mère, son admiration pour sa mère et ses pensées pleines de naïvetés. La scène de la jupe tricotée est simplement trop mignonne ! Tout comme celles des gâteaux en forme de tire-bouchon… Avec sa plume belle et maîtrisée, Valérie Toranian arrive à transmettre une pluie d’émotions. On a là un très bel hommage à sa grand-mère ! Ce portrait poignant ne laissera certainement pas le lecteur indifférent… Pour ma part, cette œuvre découverte via le club des lecteurs est presque un coup de cœur.
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Ma grand-mère guette ce mot, tire-bouchon, qui la met toujours en joie, dispose amoureusement les biscuits dans une assiette et m’installe dans son petit salon. Son corps lourd, calé dans son fauteuil rouge, elle me grignote du coin de l’œil en savourant sa victoire.
Mange, mon tout-petit, mange. Dans chaque bouchée que tu enfournes, il y a des tonnes d’amour que j’ai gardées au chaud entre mes deux gros seins, et je t’attache à moi par tes papilles, par ta salive, par ta langue, par ton petit ventre d’enfant qui n’a jamais connu la faim, Dieu t’en préserve, et tous ces gâteaux, c’est ma revanche sur la vie, ou plutôt sur la mort.
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Le matricule à cinq chiffres, tatoué sur la peau des déportés d’Auschwitz. Je savais parfaitement de quoi il s’agissait : ma connaissance de la déportation juive était infiniment supérieure à celle des marches de la mort arméniennes. Je regardais le tatouage en silence. Je me disais que Mathilde avait de la chance. Sa grand-mère, contrairement à la mienne, avait une preuve.
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Lorsqu’on n’a plus rien, on est seulement riche de sa respectabilité et de son honneur. On peut revenir de l’enfer, de la mort, de la faim qu’on trompe en mangeant de l’herbe accroupie comme une bête, on peut revenir de la malaria, du typhus, on ne se remet pas d’être une mauvaise femme.
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Histoire qui a l’air poignante.
Je ne suis pas très témoignages non plus, mais cette histoire est importante.
Belle chronique qui m’a convaincue, si je le trouve un jour, je le lirais sûrement !
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Je ne pense pas que tu le regretteras car c’est superbe. ❤
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Je ne sais pas si je serai capable de le lire de suite mais à l’occasion oui, il a l’air très enrichissant.
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Moi non plus je n’ai pas vraiment l’habitude de lire des témoignages mais je me dis que je devrais en lire plus … Ce doit être des lectures très touchantes et qui permettent de se rendre compte de certaines réalités du monde, des pans de l’Histoire que l’on ne connait pas forcément très bien …
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C’est exactement ça !
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Je ne lis pas non plus beaucoup de témoignages, mais tu m’as donné envie de donné sa chance à celui-ci d’autant que la famille de mon compagnon, d’origine arménienne, a dû également fuir en raison du génocide… J’espère arriver à lui faire lire ou du moins à mon beau-père.
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Oh, d’accord ! Dans ce cas oui, cela peut vraiment t’émouvoir et te permettre de voir certaines choses même si c’est dur.
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Ce livre a l’air bien, mais le genre ne me tente pas trop…^^’
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Je lis très peu de témoignage aussi mais celui-ci me tente tout particulièrement ! Je note 🙂
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