Un avis de Saiwhisper
Titre : « Tonton tué »
Auteur : Serge Quadruppani
Genre : Littérature jeunesse-ado / Thriller
Éditeur : Syros
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Voilà un nouvel ouvrage lu dans le cadre du Challenge ABC et qui me surprend agréablement ! L’idée de base m’a plu, puisque l’on se trouve rapidement embarqué dans une sinistre ambiance : Stéphane, un adolescent, doit garder sa nièce le week-end et assiste à son enlèvement. Dès lors, il va tout faire pour retrouver la petite Anaïs, alias « Nana »… Honnêtement, je n’ai rien vu venir ! Je pensais avoir une idée de qui souhaitait mettre la main sur Nana, mais j’étais vraiment à côté. Avec du recul, j’aurais dû y penser… Mais ce n’était pas une évidence. L’histoire est tellement tournée vers la famille du narrateur que l’on pense que toute cette affaire est liée aux proches de Stéphane… Je félicite donc l’auteur pour m’avoir menée par le bout du nez grâce à son roman jeunesse-ado !
Derrière cette histoire de kidnapping, le récit aborde plusieurs thématiques comme la religion, le port du voile (Stéphane sort avec une Kurde), l’identité, la famille et les responsabilités. Le tout se lit bien et les cent pages sont rapidement dévorées. Mon seul regret concerne la fin que je trouve beaucoup trop expéditive. Quelques pages supplémentaires n’auraient pas été de trop. Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé la lettre de fin de Nana à Jérémie. C’est vraiment mignon… Les personnages ne sont pas creusés, toutefois on les apprécie dans leur ensemble. Enfin, la relation oncle-nièce est pleine de tendresse et d’humour. Nana et Stéphane n’hésitent pas à se taquiner à travers les dialogues ou à jouer à « Tonton tué ! »…
Je tenais à féliciter Christophe Merlin pour sa couverture, car elle est bien flippante. Le kidnappeur a vraiment une sale tête et intrigue le lecteur. Je trouve que l’illustration colle bien au roman. Bref, ce fut un bon thriller à découvrir dès 10 ans…
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Marcher sur des sentiers qui montent, pousser des cris de bonheur devant des panoramas, marcher, se faire piquer par des moustiques, marcher, bouffer assis sur des petits cailloux pointus au milieu des fourmis, marcher, crever de soif, dormir par terre dans une ruine pleine de poussière, marcher, marcher, marcher !
Stéphane avait fait ça une fois, après quoi il avait solennellement annoncé à ses parents adorés que s’ils essayaient seulement de le convaincre de recommencer, il se jetterait par la fenêtre. La maison n’avait pas d’étage, mais ils avaient compris le message.
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Au sommet d’une des tours, dans l’ombre d’une statue de lion grimaçant, Steph songeait justement à son père en train de crapahuter dans les bois. Il pensa que les parents, c’est comme les flics : jamais là quand on a besoin d’eux.
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Il était ressorti de prison avec l’idée qu’il ne serait jamais accepté par ce pays, et qu’il fallait affirmer son identité.
– L’identité, l’identité ! dit Djemila. Il a plus que ce mot à la bouche. Pour moi, jusque-là, l’identité, c’était juste un truc à faire contrôler par la police. Maintenant, il faudrait que je la fasse aussi contrôler par mon frère et les cons de barbus qu’il fréquente. « T’es musulmane, il dit. Il faut que tu sois fière d’être musulmane ! » Il dit ça pour faire chier notre père qui dit qu’on doit être fiers d’être kurdes ! A l’école, on me dit que j’ai l’identité française, puisque je suis née en France. Mais moi, j’en ai rien à cirer de tout ça. Moi, je suis Djemila. Je suis Djemila et je les emmerde tous !
Poings serrés, tête baissée, elle luttait pour ravaler un sanglot.
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♥♥♥♥♥ 4/5
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