Un avis de Saiwhisper
Titre : « Les Faucheurs sont les Anges »
Auteur : Alden Bell
Genre : Science-Fiction / Horreur
Éditeur : Folio
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Temple a quinze ans. Elle ne peut se souvenir du monde tel qu’il était avant, il y a vingt-cinq ans… Avant que les morts ne reviennent à la vie, avant de se retrouver seule ou presque, sans personne d’autre qu’elle-même pour assurer sa survie. Heureusement, elle semble faite pour ça, et son périple sur les routes des États-Unis lui permet de se nourrir chaque jour de la beauté du monde. Pourquoi, dès lors, éprouver le moindre ressentiment pour les autres : les limaces, les sacs à viande… les zombies.
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Après avoir longtemps trainé dans ma wish list, « Les Faucheurs sont les Anges » a finalement atterri dans mes mains grâce à Latetedansleslivres, qui a reparlé de cet ouvrage lors dans un article de Throwback Thursday (un rendez-vous littéraire sur les blogs). Il faut reconnaître qu’elle a raison : c’est un roman Z surprenant, avec plein de poésie et une ambiance particulière… Certes, il y a tout de même des moments durs et sanglants, cependant il y a toujours un petit côté poétique. Temple, l’héroïne, observe tout ce qui l’entoure : elle vit l’instant, scrute les lieux qu’elle traverse et fait des rencontres plus ou moins amicales. L’auteur insiste beaucoup sur les ressentis du voyage et sur les liens que Temple tisse avec les autres. D’ailleurs, je n’ai pas éprouvé beaucoup de tension : la jolie blonde avance, trace son petit chemin et, hormis Moïse Todd qui la traque pour se venger, elle semble se ficher de tout… C’est un personnage principal assez atypique qui, je le regrette, ne m’a pas totalement conquise. Temple est assez bourrue, débrouillarde, franche, dure, sans gêne, solitaire, directe et forte. Elle sait ce qu’elle veut et qui elle veut… Ces traits de caractère auraient pu vraiment me plaire, malheureusement je n’aimais pas sa façon de s’exprimer, ni sa façon de penser. J’aurais voulu m’attacher à elle, car cela m’aurait fait davantage apprécier le livre. Hélas, cela n’a pas été le cas. J’ai plutôt préféré son « entourage » : Moïse Todd, ce traqueur acharné qui va talonner la demoiselle du début jusqu’à la fin, ou encore Maury, un jeune homme trisomique qui ne sait pas s’exprimer, mais qui comprend bien des choses…
Lors de son voyage, Temple va devoir affronter des zombies qu’elle surnomme « limaces ». Ces créatures font presque partie du décor et, contrairement à d’autres œuvres Z, ne font absolument pas peur. C’est l’une des choses qui m’a manquée. En effet, les personnages ne sont presque pas effrayés par les goules : ils les affrontent au corps-à-corps sans problème ou leur tirent dans la tête avec une arme à feu sans ressentir la moindre émotion. Lorsqu’un proche périt, ils acceptent cela avec fatalité… Sauf si c’est un humain le responsable de cette mort. En réalité, cela fait vingt-cinq ans que les revenants ont anéanti la civilisation, mais les survivants vivent leur vie et ne cherchent pas à anéantir ou repousser ce fléau. Plus atypique encore : les rescapés n’hésitent pas à manger du zombie grillé ! Curieusement, ils trouvent toujours de l’essence ou un véhicule en état (ce qui est étonnant au bout de vingt-cinq ans sans usine, économie ou commerce). Tout cela m’a étonnée, car on n’est clairement pas dans un schéma classique. C’est donc à la fois la force et la faiblesse du roman…
Vous vous demandez sûrement qui fait office d’antagoniste dans cette histoire hormis le traqueur ? Et bien, ce sont des mutants : des êtres humanoïdes dopés que l’on va rencontrer dans le dernier quart du livre (il n’y a donc pas vraiment d’antagonistes avant, si ce n’est un homme qui va vouloir coller Temple de trop près)… On ne sait malheureusement pas grand chose d’eux. Ce qu’ils sont reste un mystère… Une fois encore, j’ai ressenti un manque : c’est presque trop calme ! Les personnes rencontrées sont à quatre-vingts pour cent sympathiques et amicales et, lorsque l’on découvre un ennemi, on ne sait pas grand chose d’eux. C’est frustrant, car cette œuvre a clairement du potentiel ! Ajoutons à cela un petit côté redondant : Temple fait des rencontres, Moïse Todd débarque, elle fuit, il la retrouve, elle s’en va à nouveau, etc. Quel dommage !
Malgré mes critiques, j’ai plutôt apprécié cette œuvre dans son ensemble, même si je l’ai refermée avec un sentiment mitigé… On espère de tout cœur que l’héroïne trouvera les proches de Maury ou qu’elle se rendra aux Chutes du Niagara. Les pages se tournent toutes seules. C’est fluide et ce, malgré le fait que les dialogues ne soient pas affichés comme on en a l’habitude : il n’y a ni guillemets ni tirets, l’auteur va directement à la ligne. Pour ma part, il m’a fallu un petit temps d’adaptation. La fin m’a beaucoup plu, car elle est dans l’ordre des choses. Certes, j’ai ressenti un petit pincement au cœur toutefois, je trouvais cela logique. Une autre conclusion m’aurait étonnée… Je suis donc partagée par « Les Faucheurs sont les Anges » qui contient du bon comme du moyen. Une chose est certaine, c’est une lecture originale ! Si vous cherchez un roman Z qui sort de l’ordinaire, armez-vous de votre couteau de cuisine ou votre 9 mm et partez à l’aventure. Par contre, si vous voulez du combat viril avec de l’hémoglobine ou une ambiance terrifiante où il faut survivre, orientez-vous vers une autre lecture.
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– Quinze ans ! T’es trop jeune pour crapahuter en pleine cambrousse. Bien trop jeune.
– J’ai bien essayé d’être plus vieille, mais ça se commande pas.
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Voyez-vous, le monde a sa musique et il faut prêter l’oreille, sans quoi on est sûr de la rater.
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– J’ai un flingue braqué sur ta tête, fait une voix derrière elle. Ne te retourne pas.
Temple pivote sur elle-même. C’est James Grierson.
– J’ai dit, ne te retourne pas.
– J’avais entendu.
– Tu ne me crois pas capable de tirer ?
– J’ai jamais vu personne flinguer quelqu’un sans raison, bonne ou mauvaise.
– C’est là que tu fais erreur, petite fille. Au cas où tu n’aurais pas remarqué, il y a pénurie de raison, en ce bas monde.
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Mise à part les comics The Walking dead je n’ai jamais lu de roman sur les zombies et celui me tente bien même si j’ai peur que cela manque d’action à mon goût mais le côté voyage me plaît pas mal 🙂
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Si tu cherches du bon zombie, tu as la trilogie Apocalypse Z qui est vraiment bien.^^
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Ah ben oui au pire Merci!
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Je l’ai lu il y a quelques années, et je me souviens avoir eu la même impression que toi. Je trouvais l’écriture très poétique, le déroulement de l’histoire vraiment à part (ce qui fait sa force, tu as raison), pourtant il manquait quand même un petit quelque chose.
Je pense aussi que l’auteur aurait dû approfondir son histoire, à sa manière certes, mais aller plus loin dans son intrigue. J’aime beaucoup le mystère dont il a entouré son oeuvre, mais ça la dessert un peu aussi.
Avis mitigé pour moi aussi, donc 😉
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Oui, il manque un petit quelque chose, c’est clair. Je suis d’accord avec toi.
C’est effectivement le souci ce mystère… Je ne sais pas comment il aurait pu le tourner, mais cela laisse un étrange sentiment ou un manque.
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Je pense que je n’aurais pas été très attirée par ce roman en lisant le résumé et ta chronique me conforte sur ce choix … Même s’il y a de belles choses, je ne suis pas sure que le tout me plairait … Je passe donc mon tour!
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Je me souviens avoir été plutôt agréablement surprise par ce roman ! L’héroïne m’avait bien plu, ainsi que certaines scènes, mais je suis d’accord pour le potentiel un peu sous-exploité ^^
Sans être un coup de cœur, cela reste un bon souvenir de lecture, ravivé par ta très chouette chronique, merci 🙂
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Merci à toi pour ton message. Oui, il y avait du potentiel. Dommage !
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