Un avis de Saiwhisper
Titre : « Transférés »
Auteur : Kate Blair
Genre : Young Adult / Science-Fiction
Éditeur : Michel Lafon
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Dans un futur proche, l’humanité a trouvé le moyen de soigner toutes les maladies : les transférer aux criminels, dont la quasi-totalité vient des ghettos, maintenus au ban d’une société qui touche à la perfection. C’est dans ce monde qu’est née Talia Hale. À seize ans, elle est la fille chérie d’un politique qui se voit déjà Premier ministre d’Angleterre. Atteinte d’un simple rhume, au plus grand dégoût de son entourage, elle doit subir son premier Transfert. Mais à l’hôpital, Talia sauve une fillette d’une agression, et cette petite fille des ghettos lui fait découvrir l’envers du décor et l’horreur d’un système où seuls les plus riches ont le droit à la santé. Pour changer une société où la frontière entre bien et mal est plus floue que jamais, Talia devra briser le cocon doré dans lequel elle a grandi et combattre tout ce en quoi elle a toujours cru… y compris son propre père.
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Halala, ce n’est vraiment pas de chance ! Voilà la seconde dystopie young adult en l’espace de trois jours où le récit ne va pas au bout des choses ! C’est frustrant… Avec « Transférés », on développe l’idée de soigner les citoyens honnêtes en inoculant leurs maladies ou leurs virus aux criminels. Cela peut aller de la simple grippe à la gastro, au choléra, au cancer, etc. On peut aussi bien transposer une maladie légère que mortelle… Même si cela fait froid dans le dos, le concept est vraiment original et incroyable ! J’aurais tellement souhaité que l’on creuse bien plus cette idée au fil de l’intrigue… C’était pourtant bien parti : durant la première moitié, les facettes de cette solution était perçue du point de vue des riches et honnêtes gens, mais aussi des hors-la-loi, parfois jugés trop vite ou condamnés pour une broutille. Talia, l’héroïne, va se trouver des deux côtés et va alors découvrir les déviances et les injustices du système. On est vraiment dans de la dystopie intéressante avec une société revisitée qui fait débat à cause des inégalités. Hélas, la seconde moitié est plus tournée vers la révolte des habitants du ghetto, si bien que l’on en oublie complètement le contexte. Cet univers mériterait qu’on l’exploite davantage dans quelques chapitres supplémentaires, voire dans une suite ! Malgré ce regret, j’ai tout de même passé un très bon moment. Je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer avec ces 260 pages…
Talia va être une héroïne à la fois attachante, énervante et naïve. Elle va véritablement ouvrir les yeux sur la société qu’elle pensait idéale et sur son père qui est candidat pour devenir Premier ministre. On a là une véritable évolution du personnage principal qui va complètement changer de point de vue. Le souci, c’est qu’elle ne plaira vraiment pas à tout le monde ! Talia n’écoute rien, ment sans arrêt à ses proches, est directe lorsqu’elle a quelque chose qui la titille et sait aussi bien se montrer réfléchie et intelligente que complètement inconsciente. Étant donné son âge, on peut lui pardonner… Il n’empêche que ses actions m’ont autant plu qu’énervée… Cela dit, j’ai grandement apprécié sa complicité avec son père au début du roman : on sent que malgré le travail de son géniteur, l’adolescente l’aime et aspire à passer du temps avec lui. Tous deux ont été très affectés par la mort de la mère et de la sœur de l’héroïne. Ils se soutiennent, ils s’écoutent et ils s’aiment malgré l’adversité ou la compagne politique à mener… À l’inverse, je n’ai malheureusement pas senti de l’affection entre la demoiselle et Galien/Kieron. J’ai trouvé qu’ils tombaient amoureux beaucoup trop vite et que ce n’était pas nécessairement utile. Ce couple n’a pas su me convaincre. Une amitié forte qui se tisse au fil des événements aurait été bien plus crédible… Hélas, Talia accorde sa confiance beaucoup trop vite et craque pour le jeune homme avec bien trop de facilités.
L’action est plus ou moins présente : on distingue plusieurs passages remplis de rebondissements et d’autres avec un rythme assez lent permettant aux personnages de confronter leur vision des choses. Ayant lu le livre quasiment d’une traite, je ne me suis pas ennuyée. Le dernier tiers où les pauvres et les petits gangs se révoltent contre le gouvernement tient vraiment en haleine. Je me suis demandée comment l’auteure allait conclure… Honnêtement, je pense qu’il y a encore beaucoup à dire ou à faire avec les protagonistes et l’univers. Ainsi, une suite ne m’aurait pas dérangée, surtout que la plume de Kate Blair est très fluide… En plus de distraire le lecteur, cet ouvrage propose des pistes de réflexion sur le Bien et le Mal, les sciences, les maladies, les aprioris, la vengeance et les inégalités. On pourrait aisément transposer certaines idées sur notre société actuelle… J’ai donc trouvé ce récit plein de justesse… Mais quel dommage que tout ne soit pas approfondi davantage ! Je ressors à la fois contente et très frustrée par cette lecture.
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Je contemple de nouveau la photo de ma famille. Maman et Rebecca… Un vide familier s’empare de moi. La sensation que quelque chose me manque, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, chaque jour de l’année. D’une vie brisée mal réparée.
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Je crois qu’on ne sait jamais vraiment qui est quelqu’un avant de connaître son histoire.
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Je traverse le hall d’entrée en tremblant. Vingt minutes ne sont rien, du bon côté du transfert. Mais dans l’aile criminelle, la souffrance étire le temps.
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Je te rejoins totalement sur le fait que l’auteure aurait pu approfondir davantage son histoire ! Mais comme tu le dis, on passe quand même un très bon moment : il y a une bonne maitrise de l’intrigue et on n’a pas le temps de s’ennuyer 😉
Ceci dit, vu la fin, je ne sais pas si une suite fera un jour son apparition
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Non, je pense que c’est un one-shot, effectivement ! Dommage.
Ca aurait mérité un approfondissement, car l’ambiance était chouette.
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Je serai quand même curieuse de découvrir d’autres ouvrages de cette auteure, sachant qu’il ne s’agit là que d’un premier roman 😉
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Ah, tu me l’apprends ! Pour un premier, c’est très prometteur ! Effectivement, je serais curieuse de voir d’autres oeuvres de son cru.
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Il m’intéresse quand même. Merci de cette découverte qui file directement dans ma wishlist.
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Avec plaisir. J’ai hâte de connaître ton avis dessus ! 🙂
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La trame a l’air intéressante mais, en même temps, c’est pas non plus original, si ? Je veux dire, on a une dystopie, avec les classes pauvres marginalisées et délaissées au profit des riches… On leur refile ce que la société ne veut pas… Si l’autrice ne va pas au bout, elle n’apporte rien de neuf au genre, non ?
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Ca dépend : si tu as lu beaucoup de dystopie et attends de la nouveauté, tu seras sans doute très déçue… Ceux qui ont lu peu de dystopies devraient être satisfaits. Pour ma part, j’ai accroché à l’ambiance ainsi qu’au concept du transfert.
Sur le fonds, c’est vrai que l’idée de classes délaissées au profit de l’élite est déjà vu, cependant l’idée de maladie m’a plu. Il ne me semble pas avoir déjà lu cette idée quelque part. 😉
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Je pense pas que je le lirai lui, à part si l’occasion se présente ^^
Kin
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J’avais lu d’autres chroniques comme la tienne qui soulève le même défaut : le manque d’approfondissement de l’univers. Je trouve ça super dommage parce que le résumé donne clairement envie et est assez original! Mais je ne pense pas me diriger vers cette lecture par peur de rester sur ma faim …
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Entièrement d’accord avec le fait que le résumé accroche et que le manque d’approfondissement est vraiment dommage. Ca aurait pu plaire à beaucoup de monde…
Tu fais donc bien de ne pas te lancer…
Tu resteras certainement sur ta faim, malheureusement.
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Tu n’es pas la première à critiquer le manque de profondeur de ce roman.
C’est vraiment dommage car je l’aurais bien lu mais le nombre d’avis si mitigés me donne clairement envie de passer mon chemin
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Je comprends ton ressenti.
C’est vrai que c’est dommage…
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