Science Fiction·Young adult

« Terrienne » de Jean-Claude Mourlevat

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Terrienne »
Auteur : Jean-Claude Mourlevat
Genre : Young Adult / Littérature ado / Science-Fiction
Éditeur : Gallimard

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résumé du livre

Tout commence sur une route de campagne… Après avoir reçu un message de sa sœur, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche et passe de l’autre côté. Elle se retrouve dans un monde parallèle, un ailleurs dépourvu d’humanité, mais où elle rencontrera cependant des alliés inoubliables.

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Ma critique

« Terrienne » est un ouvrage qui a atterri dans ma PAL peu de temps après avoir lu le recueil de nouvelles « Silhouette ». Sur le web, les critiques de ce roman insolite étaient globalement bonnes et j’étais vraiment curieuse de retrouver la plume incisive, précise et fluide de Jean-Claude Mourlevat à travers une grande histoire… Malgré un début difficile, j’ai dévoré cet ovni littéraire en peu de temps et ressors satisfaite de cette aventure !C’était pourtant mal parti, puisque le début était assez lent, étrange et déroutant… On démarre avec le point de vue d’un vieil écrivain, Etienne Virgil, qui va prendre une demoiselle en stop du nom d’Anne Collodi. Après quelques échanges sortant de l’ordinaire, l’écrivain va apprendre que la jeune fille est à la recherche de sa sœur ayant subitement disparu après son mariage… Pour la retrouver, Anna doit aller à Campagne, un étrange lieu non répertorié sur la carte qui disparaît et réapparaît à sa guise. Est-elle folle ? Et si la magie et la science-fiction existaient là où on ne les voit pas ? couv28133166La narration fait régulièrement des bonds entre Etienne Virgil et Anne Collodi afin de découvrir leur personnalité ainsi que leurs ressentis sur cette étrange rencontre… Mais c’est surtout du côté d’Anne que cela va être intéressant, puisqu’elle va découvrir Campagne, un univers parallèle qui fonctionne différemment de la Terre. Là-bas, tout est fade, sans bruit ou son, sans saveur, entièrement organisé et créé artificiellement… Un ordinateur dicte tout : il choisit le nom de l’enfant et lui insère une puce géo-localisable. Le système va même plus loin : on leur dit avec qui ils sont compatibles et on choisit des enfants à adopter (car on ne se touche pas et on copule encore moins !)… Mais la procréation n’est pas la seule chose interdite : les citoyens ne doivent et ne peuvent pas respirer ! Tout ce qui est lié au souffle est tabou ! C’est fascinant. D’ailleurs, les habitants agissent autrement que nous : lorsqu’ils rient, cela ressemble à un étrange cliquetis et, lorsqu’ils pleurent, c’est à l’intérieur ; rien ne sort. La mort est également très différente… Les êtres vivant à Campagne considèrent la Terre comme un monde sale, plein de microbes et de maladies. Les humains sont des porcs dont on se moque… Enfin… Pas que !

Très vite, le récit monte en puissance : on découvre davantage le fonctionnement de Campagne et on apprend qu’il existe un trafic de femmes terriennes… Les habitants de ce monde sont à la fois dégoûtés et fascinés par les humains… Certains vont donc jusqu’à kidnapper des humaines pour pouvoir les posséder. Ces captives sont droguées ou complètement endoctrinées, allant jusqu’à croire qu’elles vivent le bonheur. Bien que cette information soit sombre et malsaine, l’auteur ne rentre pas dans les détails et nous épargne bien des horreurs… Pourtant, il aurait pu détailler la séquestration et ce qu’a subi Gabrielle, la sœur d’Anne, qui va être narratrice à son tour vers la moitié de l’ouvrage… J’ai trouvé ces non-dits aussi bien choisis bien qu’effrayants… Que l’on possède une imagination fertile ou non, on se doute de ce qu’il est arrivé à ces femmes… Quoi qu’il en soit, j’ai aimé cette perception de l’Humain par ces non-terriens. Ces derniers étudient vraiment notre façon de vivre, notre alimentation et notre manière d’évoluer. Plusieurs jeunes étudient la Terre en vue de missions terrestres diverses et variées… La comparaison et la découverte de Campagne sont vraiment les points forts de cette fiction ! D’ailleurs, je suis certaine que l’auteur pourrait encore exploiter son monde, car il a beaucoup d’idées… De plus, avec cette société fictive, on ne peut s’empêcher de se demander si tout cela n’arrivera pas à cause de toutes les avancées technologiques…

Les personnages secondaires ne sont pas trop nombreux et j’ai finalement pris plaisir à les découvrir grâce à leurs actions ou encore grâce à quelques chapitres mettant en avant leur point de vue. Etienne Virgil a finalement su m’émouvoir à sa façon. Mme Stormiwell a été une véritable surprise et a su me toucher avec son côté maternel et sa gentillesse. Torkensen a su me faire sourire et m’a provoqué un léger pincement au cœur… Quant aux deux personnages principaux, Anne et Bran/Ashelbi (un non-terrien), ils m’ont plu tous les deux. Je me suis grandement attachée à eux et à leur périple. Ils forment un bon duo dynamique, passionné et déterminé. Tout ce petit monde a su me conquérir lentement mais sûrement et vont certainement me manquer ! Je ne pensais pas autant accrocher car, pendant les soixante premières pages, je me suis répétée « C’est quoi ce livre bizarre ? » à plusieurs reprises. J’ai bien fait de persévérer. Si vous cherchez des romans insolites avec un univers sombre et technologique, n’hésitez pas à découvrir l’aventure d’Anne partie à la recherche de sa sœur kidnappée…

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Citations

– M. Virgil ?
– Oui.
– Si nous étions dans un de vos romans, que se passerait-il maintenant ?
[…]
Il ne réfléchit pas longtemps.
[…]
– Je suppose qu’il se passerait quelque chose d’inattendu, quelque chose que personne n’aurait pu prévoir : ni les deux héros, ni le lecteur, ni même l’auteur. Personne.
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J’ai pensé aux contes que j’avais lus, enfant, à tous ces romans lus plus tard, à toutes ces fictions comme celles qu’écrivait sans doute le vieux monsieur qui m’avait prise en auto-stop. On y trouve des fées, des géants, des ogres, des fantômes, mais pas plus que les auteurs que les lecteurs n’y croient, bien entendu. On les invente juste pour se sentir moins seuls dans notre univers.
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Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j’ai mes pieds. Je l’aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l’aime à cause de ça. J’aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J’aime ce qui manque et ce qui dépasse, j’aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise… je veux faire entrer l’air dans mes poumons, … je veux respirer.
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Ma note

♥  4,5/5

18 réflexions au sujet de « « Terrienne » de Jean-Claude Mourlevat »

  1. J’ai lu ce livre il y a très longtemps car il faisait partie du Prix Chronos 😉 J’avais totalement adoré ce livre, j’étais envouté par l’histoire, les personnages, l’univers que l’on découvre peu à peu, etc. Certes tu regrettes les non-dits sur ce qui se passait sur les femmes mais d’un côté c’est un livre pour les jeunes et les non-jeunes donc chacun imagine ce qu’il veut avec son imagination machiavélique ou pas 🙂 Moi ce n’est pas ça qui m’a dérangé, en fait j’aimais tout et le fait de lire ta chronique m’a rappelé pleins de passage ^^

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    1. Ah non mais justement, je suis contente que l’on ne détaille pas ces horreurs. D’autres auteurs l’auraient fait. Là, on fait passer l’imagination en avant. Comme tu as dit, c’est pour pour les grands ados, donc on va éviter de les choquer. (Même s’ils doivent bien avoir conscience de ce qu’il s’est tramé.)

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