Littérature jeunesse·Romans policiers / Thriller

« La plus grande peur de ma vie » d’Eric Pessan

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « La plus grande peur de ma vie »
Auteur : Eric Pessan
Genre : Roman ado / Thriller
Éditeur : L’école des loisirs

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résumé du livre

Personne ne s’imagine mourir d’un coup, forcément. Personne ne sait ce que contient le sac de Norbert. Sauf nous trois, Lalie, Jordan et moi, David. Et Norbert bien sûr puisqu’il a osé la prendre et l’emporter en classe avec lui, cachée dans son sac. Quatre amis découvrent une grenade dans un vieux manoir datant de la Deuxième Guerre mondiale. Que faire avec cette grenade ? La laisser là ou l’amener au collège quand on est soi-même sur le point d’exploser ?

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Ma critique

Une jolie petite surprise se dissimule derrière cet ouvrage à la couverture pas forcément attirante ! Ainsi, je ressors assez bouleversée est touchée par cette lecture qui saura certainement plaire aux jeunes adolescents. L’ouvrage est présenté comme un journal intime/un témoignage de David, un collégien. David fait partie d’un groupe d’amis : il y a la belle Lalie dont il est amoureux, Jordan et Norbert. Ce dernier va être le pilier du récit. Son physique rondouillard et ses difficultés à l’école font qu’il est bizuté par l’ensemble du collège. Il est sans arrêt humilié, n’est pas systématiquement soutenu par ses amis et se fait toujours réprimander par son père. À la maison, il enchaîne punition sur punition. Il ne semble n’y avoir aucune communication, si bien que l’on se retrouve face à un ado mal dans sa peau, les nerfs à vif et le désespoir comme seconde peau. couv13294671J’ai trouvé le personnage vraiment attachant et réaliste. Cette notion de harcèlement, d’intolérance et d’humiliation poussant une personne à bout est vraiment crédible et bien retranscrite… J’espère ainsi que certains lecteurs, bizutés ou harceleurs, prendront conscience de ce sujet difficile qu’est le harcèlement.

Le onze novembre, le groupe d’amis profite du jour férié pour sortir ensemble. Ils optent alors pour visiter en douce un manoir abandonné… Là, ils trouvent une grenade de la Seconde Guerre mondiale encore goupillée, prête à sauter. Avec sagesse, les ados optent pour la laisser là… Seulement, en secret, Norbert l’emmène avec lui. Et, le lendemain, une scène de trop éclate ! À la cantine, Nobert est de nouveau humilié et doit faire face à une nouvelle injustice. C’est la goutte qui fait déborder le vase : il dégaine alors la grenade et la brandit au-dessus de lui, prêt à tout faire péter ! Le jeune narrateur arrive très bien à faire monter la tension au fil des pages et annonce, dès le premier chapitre, que son ami est sur le point de passer à l’acte avec une grenade dans la main… Le style d’écriture est simple, direct, léger et avec un bon rythme. Que l’on soit un lecteur ado ou un adulte, on rentre facilement dans le récit et la curiosité nous pousse à savoir ce qu’il va advenir. (C’est pourquoi, en grande méchante, je ne vous dévoilerai pas la fin, ni ce que j’en ai pensé ! Nah !) Par ailleurs, l’utilisation de calligrammes dans quelques chapitres est à la fois jolie, poétique et originale. C’est une bonne manière de mettre en valeur les moments importants ou certains mots remplis de sens. Cela retranscrit également des sons comme la pluie qui tombe ou le brouhaha du mot « grenade » lors de la scène du self.

En plus de pousser à la réflexion, ce roman ado aborde énormément de thèmes importants à cet âge-là comme l’amitié, le harcèlement, la tolérance, la famille, la vie au collège, le soutien d’autrui, … Le tout est saupoudré d’une sacrée tension et d’un rythme efficace donnant toujours envie au lecteur d’en savoir plus ! La seule chose qui me chiffonne, c’est le manque de consistance des personnages. Hormis Norbert et un peu Lalie, les héros ne sont pas bien décrits. On les découvre par leurs actes ou leurs dialogues. C’est un peu dommage… Mais je chipote et vous encourage à découvrir ce récit écrit avec une grande justesse…

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mosellire

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Citations

Quand un adulte approche un collégien, il veut toujours savoir les mêmes choses, c’est comme un interrogatoire de police, avec le sourire en plus.

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Je ne suis pas parent, je ne sais pas comment on fait pour aider son enfant, je n’ai pas de problèmes particuliers à l’école, mais je crois bien que si quelqu’un a des difficultés, il vaut mieux le soutenir que le punir.

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Une grenade, forcément, il n’est pas besoin d’en avoir déjà vu pour la reconnaitre, il suffit d’avoir regardé des films de guerre à la télé. On sait tous qu’il y a une goupille ronde sur le côté, qu’il faut tirer dessus, lancer la grenade le plus loin possible et qu’elle explose au bout de quelques secondes. On sait que son corps est quadrillé et que, lorsqu’elle explose, chaque petite parcelle de métal se transforme en projectile. On sait que c’est une arme, fabriquée pour tuer des gens, qu’elle est dangereuse, qu’elle peut faire souffrir, arracher des membres, broyer des os, paralyser, transformer un être humain en purée, en handicapé, en mutilé.
On sait que c’est une arme, une mécanique malsaine, une graine de mort.
Pourtant, sur le moment, on n’y a pas pensé.

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Ma note

♥  4/5

5 réflexions au sujet de « « La plus grande peur de ma vie » d’Eric Pessan »

  1. Cette histoire de harcèlement qui pousse la victime à se transformer en bourreau et de manière plutôt extrême a l’air captivante, du moins, ta chronique la rend captivante. Elle retranscrit parfaitement la tension dont tu parles ! Et vilaine, j’ai bien envie de connaître la fin maintenant en espérant qu’elle ne soit pas synonyme de bain de sang…

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  2. Il a l’air intéressant. J’ai beaucoup vu cette thématique (l’élève harcelé qui est sur le point de commettre une tuerie dans son école) dans les romans US, ça fait du bien de le voir développer dans un roman français aussi. Ça prouve que ça ne se passe pas qu’aux USA.
    Par contre, dans les infos au-dessus, tu as mis que c’était Pascal Ruter l’auteur ? C’est lui?

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