Littérature jeunesse·Science Fiction

« La saveur des figues » (Moana T1) de Silène Edgar

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « La saveur des figues » (Moana T1)
Auteur : Silène Edgar
Genre : Dystopie / Science-Fiction / Littérature pour ados
Éditeur : Castelmore

.

résumé du livre

Dans un futur post-apocalyptique, le monde est en proie à un grand refroidissement et l’humanité est menacée de disparaître. La Polynésie où vit Moana n’échappe pas à cette règle : elle est recouverte de neige. Selon les règles édictées par son peuple, la jeune fille doit se marier et avoir des enfants au plus vite. Mais il est hors de question pour Moana de suivre ces règles qui ne lui conviennent pas. Une seule solution : fuir, pour vivre sa vie selon ses propres choix.

.

Ma critique

Première immersion avec la plume de Silène Edgar dont la réputation n’est plus à faire, car beaucoup de jeunes lecteurs empruntent ses ouvrages au sein de ma médiathèque. Malgré ce succès, je ne m’étais pas encore lancée à la découverte des univers de l’auteure. moana-tome-1-la-saveur-des-figues-1020304C’est à présent chose faite grâce aux éditions Castelmore que je remercie pour ce joli service presse. J’ai été enchantée par cette dystopie jeunesse/ado prônant de belles valeurs comme la famille, l’égalité hommes/femmes, la transmission du savoir et l’entraide. Le monde dépeint par l’auteure fait pourtant froid dans le dos ! En effet, suite à un cataclysme, notre monde s’est vu radicalement changer. La plupart des survivants ont dû migrer et se regrouper dans des zones moins froides, tandis que la plupart des créatures comme les chamois, les marmottes ou les moineaux ont disparu. La survie est rude, en particulier pour les Femmes qui ont été relayées au statut de mères. Pour avoir plus de vivres, il est essentiel aux femmes d’enfanter. Si leur mari péri, elles ont dans l’obligation de retrouver un compagnon pour de nouveau donner la vie. Enfin, lorsque les adultes sont trop vieux, la société s’en débarrasse en les envoyant dans une maison du souvenir, de curieux endroits où personne ne sait ce que l’on fait aux séniors… En tant que lectrice, j’ai forcément été sensible aux thématiques abordées, notamment la place de la Femme dans ce monde. L’amour n’existe plus. Moana, l’héroïne, n’a pas encore eu ses règles qu’on parle déjà d’union et de mariage… Dans cet univers, nous ne sommes rien d’autre que des génitrices que les hommes n’hésitent pas à prendre de force si vous osez partir en mer ou vous retrouvez dans des endroits peu fréquentables… L’ambiance de cette saga est donc très sombre et pousse à la réflexion néanmoins, elle est perçue de manière délicate et ingénue par notre petite narratrice qui ignore tout de la vie.

Moana est une enfant adorable, très candide, pleine d’espoirs et de rêves. Bien qu’elle soit jeune, son tempérament va devenir de plus en plus fort. Ainsi, elle va ouvrir les yeux et va apprendre à se rebeller lorsqu’une situation est injuste. On prend plaisir à la voir évoluer, s’émanciper et protéger ses compagnons de route, en particulier Madeleine, alias « Mémine ». J’avoue que j’ai directement accroché à cette arrière-grand-mère pleine de malice et de sagesse. Non seulement j’ai aimé son caractère, mais elle m’a tout simplement rappelé ma vie : ma grand-mère s’appelait ainsi  et j’ai hérité de Madeleine comme second prénom. Autant dire que ce personnage me parlait et que je me suis attachée à elle sans hésiter. Or, comme si cela ne suffisait pas, j’ai tout simplement été conquise par la douce relation entre Moana et Mémine. Un lien très fort, tendre, protecteur, taquin et affectueux les unit. L’auteure met vraiment en avant la thématique des échanges intergénérationnels. Les personnages secondaires sont également intéressants. J’ai par exemple apprécié Pierre, un cuistot qui dissimule bien des secrets. Alessandro et Amira ont su éveiller mon intérêt cependant, j’aurais souhaité les voir un peu plus tôt ou qu’ils soient davantage développés afin de m’y attacher. Ils n’en demeurent pas moins intéressants et actifs dans cette incroyable épopée.

moanasileneedgarLe rythme de cet ouvrage monte crescendo. On commence avec une ambiance assez calme permettant au lecteur de découvrir la famille de Moana, ce qu’il est advenu de notre planète et les nouvelles lois qui ont découlé de cette catastrophe. Outre celles qui concernent les femmes, certaines m’ont étonnée ! Par exemple, la littérature avant l’apocalypse est prohibée. Cela m’a amusée de voir que de très beaux livres comme ceux de Jules Verne étaient interdits. Au fil de l’histoire, certains protagonistes vont mettre en avant de jolis romans. J’ai grandement apprécié ces clins d’œil. On sent vraiment que l’auteure est une amoureuse des livres… Une fois que Moana part en mer, on va avoir affaire à plusieurs rebondissements. La pauvre jeune fille va découvrir que les injustices ne concernent pas uniquement son village natal et que le monde n’est pas sans dangers. Heureusement, ses nouveaux alliés seront là pour l’aider…

La plume de Silène Edgar est vraiment très agréable, fluide et pleine de douceur. Malgré quelques dialogues que je n’ai pas forcément trouvés toujours crédibles (je ne suis pas sûre qu’une jeune fille de douze ans s’exprime toujours ainsi), j’ai lu les pages avec aisance. J’étais vraiment curieuse de voir où ce voyage mouvementé allait mener la belle héroïne. De plus, le monde imaginé par l’auteure, les idées qu’elle a soulevé, le rythme de l’intrigue et les mots en tahitiens disséminé de-ci de-là ont su me charmer. On a là un roman jeunesse intéressant qui mérite le détour. Il est d’ailleurs à noter que ce premier tome peut suffire à lui-même. En effet, la fin est jolie, pleine de poésie et d’espoir. Si on le souhaite, on peut s’arrêter là… Étant donné la grande quantité d’ouvrages se finissant avec un gros twist incitant le lecteur à absolument désirer la suite, je trouve la conclusion de « La saveur des figues » agréable !

.

logo-castelmore-noir

.

Citations

– Alors, Moana, tu es une petite femme, ce que j’ai à te dire tombe très bien.
– Je ne me sens pas vraiment différente, tu sais.
– Je me doute, être vraiment une femme, ce n’est pas juste pouvoir faire des enfants… Ni même avoir des enfants !
– Tout le monde dit ça pourtant, qu’être une femme, c’est être une mère.
– Parce que la société d’aujourd’hui voit cela ainsi, mais la condition féminine a beaucoup reculé avec tous ces bouleversements.

—————

l y a une chose que j’aurais pu faire toute ma vie. Malgré les malheurs de ce monde. Malgré la catastrophe qui nous a tous obligés à vivre entre les Tropiques pour fuir le froid, à reformer l’humanité en enfantant à tour de bras, à oublier ce que pouvaient être bien une jonquille ou un abricot… Une chose que vous allez faire aujourd’hui à votre tour : écouter les histoires de mon arrière-grand-mère.

—————

A ce moment-là, je comprends que ce que font Chris et Pierre n’est pas seulement un divertissement : le message qu’ils font passer dans les livres ou dans les films est bien plus fort. C’est ce qu’a réalisé Mémine à l’échelle de notre famille.
J’aimerais faire comme eux…

.

Ma note

4/5

5 réflexions au sujet de « « La saveur des figues » (Moana T1) de Silène Edgar »

  1. J’ai déjà lu des livres proposant une histoire similaire cela ne m’empêche pas de vouloir découvrir celle-ci car ta chronique donne très envie !! J’adore les thématiques traités, et la plume de l’autrice m’intrigue bien^^

    Aimé par 1 personne

  2. Un univers qui m’attire beaucoup!! Déjà j’aime l’idée de ce monde apocalyptique, mais en plus les sujets abordés que tu décris sont intrigants comme le rôle de la femme, la façon de fonctionner de la société … Sans parler des valeurs comme celle de la famille qui bien sûr me parle! Un roman qui pourrait me plaire 🙂

    J’aime

Laisser un commentaire