Horreur·Romans policiers / Thriller

« Les 3 p’tits cochons » (Les contes interdits) de Christian Boivin

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Les 3 p’tits cochons » (Les contes interdits)
Auteur : Christian Boivin
Genre : Horreur
Éditeur : Ada
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résumé du livre

Trois individus qui trempent dans le voyeurisme, la pornographie, le cannibalisme et la nécrophilie. Une étudiante universitaire menant une vie bien rangée qui se retrouve à la morgue après avoir consommé du Flakka. Un tueur à gages qui revient dans sa ville natale afin de mettre sa soeur en terre et qui découvre de troublantes vérités à son sujet. Une rousse excentrique à la libido débridée et dénuée de tout sens moral, capable de pervertir les âmes les plus pures.

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Ma critique

Hum… Je me doute qu’avec une couverture pareille, vous devez vous demander comment cet ouvrage est arrivé entre mes mains… En fait, j’ai entendu parler de la saga « Les contes interdits » grâce à la participation d’Yvan Godbout dont la plume m’avait bien plu à travers sa série « Les yeux jaunes ». Hélas, son livre ne semble pas encore être disponible auprès de ma libraire favorite. Chaque tome des contes interdits est écrit par un auteur différent qui reprend un conte classique en version gore. couv52102742Quelques blogs auxquels je suis abonnée, comme celui de Frogzine, disaient beaucoup de bien sur ces ouvrages terrifiants… Or, adorant les contes revisités ainsi que le genre horreur, j’ai tenté cette lecture. Finalement, je ressors assez partagée par le récit de ces trois petits cochons qui ont sont loin de m’avoir laissé indifférente !

Ce roman, construit à eux voix, tourne autour d’une sinistre affaire morbide. Environ un chapitre sur deux, on va suivre les péripéties de Peter, un tueur à gages, qui a appris le décès de sa sœur. Même s’ils étaient perdus de vue pendant leur jeunesse, il ne croit pas au fait que sa cadette soit morte d’une overdose. Il décide alors d’enquêter sur elle, non sans laisser libre cours à sa libido avec les rencontres qu’il va faire… D’ailleurs, cela m’a étonnée : il semblerait que la mort d’un proche ne l’empêche pas de copuler à foison avec Laurence, la secrétaire de la morgue… Certes, il est touché par cette affaire et veut se venger néanmoins, il ne paraît apparemment pas être perturbé pas sur le plan physique… La narration oscille également du côté d’Alicia, la sœur de Peter, qui va nous permettre de découvrir son quotidien post-mortem. Grâce à ce changement de point de vue, le lecteur est libre de faire sa propre enquête. Cette alternance entre le présent et le passé dynamise vraiment le récit ! Ainsi, la tension monte crescendo, stresse le lecteur et l’engloutit jusqu’au summum de l’horreur humaine.

De l’horreur, il y en a à foison ! D’ailleurs, la maison d’édition Ada a estampillé chaque volume de la mention « Pour public averti »… Et heureusement car, même si la quatrième de couverture annonce déjà la couleur, c’est très important de le répéter ! On est sur du trash, du gore et du hard… Côté sexe, on va complètement dans la pornographie, du BDSM, du voyeurisme, des délires lubriques osés voire, à un moment, de la nécrophilie ! Quelle horreur !… Ajoutons à cela la thématique du cannibalisme, de la torture ainsi que de la violence à outrance et vous aurez un bref aperçu du contenu de ce roman. En raison de ce côté cru, sombre et vicieux, je déconseille clairement ce livre aux personnes non-majeures ou à ceux qui ont l’âme sensible… L’auteur a une vision vraiment très pessimiste de l’être humain et plus particulièrement de l’Homme. Ses réflexions et les dialogues apportés par Alicia et sa voisine de pallier Juliette font froid dans le dos. Même si certaines choses sonnent vrai, on espère qu’il y a encore de l’espoir dans ce monde et on espère surtout que tous les gens ne sont pas tous comme ses personnages !

IMG_20180611_165042_842Comme le reste de la saga, cet ouvrage vraiment noir est rédigé par un auteur québécois. De ce fait, l’action se passe au Québec. Christian Boivin utilise énormément d’expressions de sa province ainsi que de l’anglais au beau milieu d’une phrase. C’est parfois déstabilisant et il faudra peut-être un temps d’adaptation pour certains lecteurs… Et c’est là où je me dis qu’heureusement, je connais certains mots spécifiques au Québec grâce à mon amie Siabelle ! Par exemple, grâce à elle, j’ai découvert il y a quelques mois qu’une camisole correspondait à un débardeur chez nous et que ce n’était pas une camisole de force ! Or, on retrouve le mot camisole une dizaine de fois dans l’ouvrage… Mais le mot qui m’a le plus marqué est « Hostie » ! Ce fut une découverte pour moi. J’avais deviné que c’était un juron comme « tabarnak » ou « câlisse » (qui apparaissent aussi dans le texte) toutefois, il m’a fallu pousser mes recherches grâce à internet pour comprendre quand il est utilisé, car j’avais l’impression qu’on le plaçait à toutes les sauces… Ainsi, même si ce vocabulaire et l’emploi de l’anglais sont surprenants lorsque l’on est français, cela assure au moins un dépaysement garanti.

On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une adaptation fidèle du conte des trois petits cochons. Comme vous l’avez compris, il n’y a pas de porcelets devant construire leur maison avant l’arrivée du loup… Par contre, il y a bien trois cochons et des allusions lupines. J’ai été étonnée de devoir attendre le dernier quart du livre pour comprendre jusqu’où allait l’idée des trois porcs… Mais je n’ai pas été déçue, car la fin est incroyable, sombre et étonnante. Ainsi, on est plutôt une version contemporaine et vulgaire du conte classique présentant trois petits cochons n’ayant en commun avec ceux que l’on connaît… J’ai été surprise à plusieurs reprises avec ce récit aux allures de polar glauque. Certains passages, servant davantage à donner une ambiance salace et violent au roman plutôt que faire avancer le scénario, m’ont vraiment mis mal à l’aise. J’ai eu envie d’interrompre ma lecture ou de sauter quelques passages à plusieurs reprises tant c’était effroyable. L’horreur est bien présente ! Elle ravira ceux qui aiment lorsque le genre se concentre vraiment sur les vices, l’excès, la perversion et le manque d’humanité… Ce fut donc une lecture sombre qui m’a laissée songeuse. Je suis mitigée dans le sens ou je ne sais quoi en penser ou vous dire si j’ai aimé ou non. En tout cas, je ne suis pas restée indifférente et je doute que l’on puisse l’être face à ce que contient cet ouvrage. À vous de voir si la noirceur humaine vous tente…

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Citations

C’est ce que je disais, je ne comprends rien aux gars. Même s’ils venaient avec un manuel d’instructions, je suis certaine qu’il serait rédigé en Klingon.
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– Vous savez, la rectitude de notre société moderne provoque souvent un déphasage dans la personnalité des gens. Le jour, quand nous sommes au travail ou à l’école, nous exposons aux autres une facette plus vertueuse, plus intègre de notre personnalité. Nous refoulons notre excentricité au profit de cette image du citoyen modèle. Mais la nuit, toute cette impulsivité est expulsée, tel le magma d’un volcan en éruption, nous amenant à accomplir des actes que nous aurions normalement honte d’effectuer.
– Où voulez-vous en venir ?
– Qu’en réalité, nous savons bien peu de choses à propos des gens que nous croyons connaître. Peut-être qu’Alicia prenait de la drogue, même si à première vue ça ne cadre pas à sa personnalité.
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Les pervers se terrent partout, maintenant. On dirait qu’il y a de plus en plus de détraqués sexuels. C’est comme si chaque homme était un violeur en puissance qui n’attend que l’occasion d’agir. La technologie est devenue un catalyseur pour les déviants qui s’ignorent.

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Ma note

♥ 3/5

23 réflexions au sujet de « « Les 3 p’tits cochons » (Les contes interdits) de Christian Boivin »

  1. Ton article me fait réfléchir car j’avais repéré cette collection et si j’en avais lu quelques critiques mitigées, je n’avais pas compris à quel point ça allait loin dans le gore…
    Du coup, je ne suis plus très certaine de me laisser tenter ou alors en version ebook pour éviter une dépense inutile si je n’accroche pas vraiment.

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    1. ^^
      J’en ai parlé dans ma critique. Moi en tant que française côtoyant une québécoise, ça va… Mais il y a énormément de vocabulaire propre à eux (pas que des insultes, vraiment des mots du quotidien) ainsi que de l’utilisation de l’anglais au beau milieu d’une phrase. 🙂

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  2. Je suis contente de lire ton avis. Je ne suis pas sûre que je vais plonger dans la série, bien que j’en entends parler depuis son commencement et que j’aime bien l’horreur.
    Je te remercie pour les descriptions des éléments qui sont visiblement pour un public très averti; je travaille en librairie et manque parfois d’arguments pour déconseiller vivement les livres aux parents qui magasinent pour leurs enfants, n’ayant lu aucun des tomes.Je suis bien équipée maintenant. 😉

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      1. Oui, c’est vraiment une série pour adultes. Seulement, certains parents ne veulent pas toujours l’entendre… ça prend donc des arguments et des exemples. 😉 Après cela, on ne peut pas dire qu’ils ne sont pas prévenus s’ils achètent quand même.

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          1. Non, elle n’avait rien voulu savoir même si ma collègue la prévenait que c’était pour adultes. Hier, on m’a appris que la grand-mère était revenue échanger le livre. Je ne sais pas si la petite a lu quelque chose, sauf que je crois que la grand-mère a regretté sa décision, et avec raison!

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