Un avis de Saiwhisper
Titre : « Eleanor Oliphant va très bien »
Auteur : Gail Honeyman
Genre : Roman contemporain
Éditeur : Fleuve
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Eleanor Oliphant est un peu spéciale. Dotée d’une culture générale supérieure à la moyenne, peu soucieuse des bonnes manières et du vernis social, elle dit les choses telles qu’elle les pense, sans fard, sans ambages. Fidèle à sa devise « Mieux vaut être seule que mal accompagnée », Eleanor évite ses semblables et préfère passer ses samedis soir en compagnie d’une bouteille de vodka. Rien ne manque à sa vie minutieusement réglée et rythmée par ses conversations téléphoniques hebdomadaires avec « maman ». Mais tout change le jour où elle s’éprend du chanteur d’un groupe de rock à la mode. Décidée à conquérir de l’objet de son désir, Eleanor se lance dans un véritable marathon de transformations. Sur son chemin, elle croise aussi Raymond, un collègue qui sous des airs négligés, va lui faire repousser ses limites. Car en naviguant sur les eaux tumultueuses de son obsession amoureuse et de sa relation à distance avec « maman », Eleanor découvre que, parfois, même une entité autosuffisante a besoin d’un ami…
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C’est grâce aux avis unanimes que j’ai vu défiler sur la toile et dans la presse et plus particulièrement grâce aux critiques des babelionautes comme Iris29, Lily81, LillyMaya, Marina53, que j’ai décidé de lire ce titre. Ce fut une très belle découverte à la fois drôle, loufoque, légère, dramatique, triste et poignante. J’ai ressenti un panel d’émotions… Eleanor Oliphant est une femme en marge de la société avec une logique bien à elle. Son tempérament m’a fortement fait songer au personnage de Britt-Marie de Fredrik Backman. Les deux femmes sont quasiment les mêmes : maniaques, solitaires, ayant peu confiance en elles, ne comprenant rien aux futilités des gens, ont une vie réglée comme du papier à musique et jugeant facilement les autres. C’est pourtant grâce à des rencontres qu’elles vont apprendre à s’ouvrir, à se faire connaître et à se faire aimer pour ce qu’elles sont – qu’importe si elles sont spéciales… Ayant accroché à Britt-Marie, Eleanor ne fit pas exception ! Celle-ci est vraiment très touchante et dissimule un lourd passé. On comprend aisément pourquoi elle est renfermée, peu sociable, stricte, dans sa bulle et peu habituée à prendre soin d’elle. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est qu’elle ne va pas changer à la manière d’Ugly Betty. Elle va plutôt s’épanouir, prendre confiance en elle, comprendre qu’elle a des relations nocives, pour enfin s’accepter telle qu’elle. En aucun cas, elle va devenir une autre femme. À mon sens, c’est très crédible ainsi.
Les réactions décalées d’Eleanor m’ont souvent provoqué des gloussements ou des fous-rire. Franche, elle n’utilise pas de pincettes lorsqu’elle dit ce qu’elle pense d’une situation ou d’une personne. J’ai beaucoup aimé la suivre dans ses mésaventures : épilation du maillot, manucure, ordinateur, portable, boisson au pub, enterrement, fêtes dansantes, etc. C’est une pluie de premières fois pour elle ! En effet, notre anti-héroïne va décider de changer à partir du moment où elle va assister à un concert. Le déclic ! Sous le charme d’un musicien, elle va essayer de tout faire pour convenir à ce bel Apollon (qui ne sait même pas qu’elle existe…). C’est également à ce moment-là qu’elle va rencontrer Raymond, un informaticien adorable ! J’ai été conquise par cet homme bienveillant, formidable, gentil, ouvert, protecteur et plein d’imperfections, lui aussi. La relation qu’il va tisser avec Eleanor est pleine de douceur. Les choses prennent du temps, il y a des petites habitudes comme des pause-repas à deux et des événements plus importants… D’autres personnages comme Sammy (un vieil homme que le tandem va sauver), la mère de Raymond, la belle Laura et bien d’autres sont également intéressants. On s’attache réellement à tout ce petit monde…
Il n’y a pas que des personnages sympathiques dans ce roman. De prime abord, les collègues de notre anti-héroïne vont se montrer cassants, insultants, fourbes et cruels. Ils n’hésitent pas à se moquer d’elle ouvertement ou à lui donner des surnoms méchants… Mais finalement, ce n’était rien à côté de la mère d’Eleanor qui lui téléphone toutes les semaines. Étant donné le franc-parler de la jeune femme, on s’étonne qu’elle se fasse traiter de la sorte. Comment une mère peut-elle être aussi tyrannique, violente, mauvaise et affreuse avec son enfant ? Elle est sans cesse en train de dénigrer sa fille et cette dernière ne se défend pas. Le côté passif d’Eleanor m’a d’abord agacée, car cela me faisait de la peine pour elle… Puis, lorsque le scénario a pris de l’ampleur, j’ai fini par comprendre certaines choses. Panser des blessures sans les nettoyer n’est pas toujours une solution : cela ne cicatrise jamais bien…
Le récit est un peu long toutefois, j’ai trouvé l’ensemble sympathique et plein d’émotions. On n’est pas uniquement dans du feel-good : certains passages sont vraiment douloureux, terribles, sensibles et désarmants. Quand on arrive à la fin du roman, on apprécie la construction du scénario et on saisit enfin où voulait en venir l’auteure… Mais outre les messages que Gail Honeyman veut faire passer, c’est avant tout une œuvre remplie de petites choses qui arrachent des rires et des larmes au lecteur. Une anti-héroïne aussi bizarre qu’attachante, des liens affectifs que l’on prend plaisir à voir se tisser, des moments hilarants comme poignants, des rebondissements imprévisibles et un nuage d’espoir… C’est le savoureux mélange qui vous attend derrière ces pages ! Je n’ai qu’une chose à vous conseiller : foncez !
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J’ai parfois le sentiment que je ne suis pas là, que je suis le fruit de mon imagination. Il y a des jours où je me sens si peu attachée à la Terre que les fils qui me relient à la planète sont fins comme ceux d’une toile d’araignée, comme du sucre filé. Une grosse bourrasque suffirait à m’en détacher ; je m’élèverais et serais emportée comme des aigrettes de pissenlit.
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Au final, mon projet pizza s’est révélé extrêmement décevant. L’homme s’est contenté de me coller une grande boîte en carton dans les mains, de prendre mon enveloppe, et de l’ouvrir sans égards devant moi. Je l’ai entendu marmonner dans sa barbe « putain de merde » en comptant son contenu. J’avais amassé des pièces de 50 pence dans un petit plat en céramique, c’était l’occasion idéale de les utiliser. J’en avais glissé une de plus pour lui mais n’ai reçu aucun merci. Grossier personnage.
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J’ai beaucoup de compassion pour les êtres séduisants, parce que la beauté commence à s’étioler à l’instant où vous en êtes dotés, elle est éphémère. Ce doit être très dur. Devoir sans cesse prouver que vous ne vous réduisez pas à cela, vouloir que les gens ne s’arrêtent pas à votre apparence, avoir envie d’être aimé pour soi-même et non pour son corps splendide, ses yeux pétillants ou sa chevelure luxuriante.
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Tout l’amour du monde ne suffit pas toujours. L’amour, seul, n’a pas le pouvoir de protéger ceux qu’on aime…
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à première vu le synopsis ne me tentait pas du tout, mais ta chronique donne très envie de lire ce roman 🙂
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Ah mais comme toi pour la 4eme peu accrocheuse. Je me suis fiée aux avis plutôt qu’au synopsis et je ne le regrette pas. C’était top.
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Je ne connaissais pas et je ne me serais pas arrêtée dessus de moi-même mais ça a l’air original et sympathique d’après ce que tu en dis 🙂
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Figure-toi que moi non plus : la quatrième est vraiment moyenne… C’est grâce aux avis de lectrices avec qui j’ai des goûts similaires que j’ai essayé. Du coup, je ne regrette pas, car c’est effectivement original, drôle et très touchant. 🙂
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Comment dire ? avec une telle chronique je ne peux pas résister, je le veux 😀
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J’espère que tu riras et seras aussi touchée que moi ! 🙂
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Ce livre a l’air tellement génial !! Je suis énormément tentée 😀
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Il est top, vraiment. ❤ N'hésite pas !
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