Un avis de Saiwhisper
Titre : « Le Fléau de la nuit » (Les Guerriers de la nuit T3)
Auteur : Graham Masterton
Genre : Horreur / Science-Fiction
Éditeur : Pocket
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Depuis des générations, les guerriers de la nuit utilisent leurs fabuleux pouvoirs pour défendre l’humanité contre le mal en pénétrant dans les rêves afin d’affronter les forces des ténèbres. Cinq d’entre eux doivent aujourd’hui faire face au plus terrifiant des ennemis : Isabel Gowdie, sorcière et maîtresse de Satan. Enterrée depuis trois siècles, ses pouvoirs n’ont fait que croître et son influence maléfique se répand à travers toute la planète sous la forme d’une abominable épidémie qui entraîne ses victimes dans la folie. Pour mettre fin au fléau, les guerriers de la nuit doivent trouver l’endroit où est cachée la sorcière. Mais le temps leur manque. Chaque nuit, l’épidémie progresse de manière foudroyante et deux de nos héros sont déjà contaminés…
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Olala, quelle déception ! J’ai trouvé cet ouvrage dans une librairie d’occasion pendant mes vacances. Adorant Graham Masterton qui est, à mes yeux, l’un des maîtres de l’Horreur, j’ai sauté de joie en découvrant ce titre parmi les rayons. Hélas, en l’achetant compulsivement, j’ignorais qu’il s’agissait d’un troisième tome, car rien ne l’indiquait si ce n’est à une page présentant tous les ouvrages publiés de l’auteur… À mon avis, cela aurait été plus simple si j’avais commencé par le début de la saga ! Certes, c’est compréhensible, cependant la découverte des fameux Guerriers de la Nuit a été fastidieuse… Le changement de nom/personnalité prenant le pas sur les personnages dans les rêves a parfois été difficile. De ce fait, j’ai dû revenir en arrière à quelques reprises, car j’avais oublié qui incarnait qui... Par exemple, à un moment, j’ai cru que c’était Léon, le fils de Stanley âgé d’une dizaine d’années, se faisait avaler goulûment le membre par la sorcière devant les yeux de tout le monde… Ce qui m’avait complètement outrée !… J’ai été soulagée en voyant finalement que c’était en fait le père qui abreuvait la magicienne de sa semence, néanmoins cela ne m’a pas plu pour autant… Honnêtement, j’ai trouvé que c’était l’un des pires Masterton que j’ai lu jusqu’à présent !
Le début est brutal, violent, horrifiant et direct : Stanley, le personnage principal, remarque un homme qui le suit depuis une bonne semaine. Intrigué, il va à sa rencontre afin de comprendre ce qu’on lui veut… L’inconnu ne lui adresse pas la parole et lui saute directement dessus pour lui casser la figure, baisser son pantalon et le prendre sauvagement en pleine rue… Autant dire que la situation dérange directement le lecteur. On est bien dans l’horreur humaine qui est, étonnamment, pertinente, car Stanley va rapidement se rendre compte que la justice n’est pas toujours juste… Ainsi, la police et son entourage changent radicalement de comportement, allant jusqu’à retourner l’affaire contre lui en lui faisant comprendre que c’est de sa faute s’il a été violé : il n’aurait pas dû aller adresser la parole à cet étranger. Les réflexions de l’auteur ont beau dater des années quatre-vingt-dix, elles sont malheureusement toujours d’actualité, puisque l’on entend encore des propos disant que certaines demoiselles l’ont cherché en se promenant peu vêtues ou en ayant bu… Ce que vivent des personnes au quotidien et ce que va traverser le narrateur sont révoltants et assez bien expliquées. À mon sens, c’est l’un des passages les plus intéressants de l’ouvrage, même si le sujet est loin d’être facile…
Les événements vont rapidement se bousculer pour le héros qui va se confronter à des choses troublantes comme des visions nocturnes funestes, un changement de comportement, des vomissements de créatures étranges ressemblant à des huîtres vivantes, une impression de voir son violeur partout, etc. Avec l’aide d’Angie, la femme qui l’a retrouvé après son sévice, et de Gordon, un médecin qui l’a aidé à remonter la pente, il va enquêter sur Le Passe Montagne, celui qui a bouleversé sa vie. Ses recherches le mèneront jusqu’à une étrange maison hantée où ce qu’il va trouver m’a plutôt horrifiée. Jusque-là, j’étais encore assez prise par l’intrigue. Bien que glauque et malsain, le scénario avait de quoi tenir en haleine. Ce n’est qu’une fois le premier tiers passé que j’ai complètement décroché. Il faut dire que je n’ai pas adhéré au but ultime des personnages principaux pour sauver l’humanité… En effet, pour réussir, Stanley doit trouver la sorcière responsable de tout ça et doit la violer à son tour… Euh… Sérieusement ? Que le virus occulté par ce rapport non consenti dans la rue influe sur la libido et les réactions violentes du héros passaient encore… Mais que tout se résolve d’un coup de reins, j’ai trouvé cela grotesque. Cela dit en passant, le dénouement l’est tout autant, puisque cela tient en deux misérables pages… Je sais bien que Graham Masterton est porté sur le sexe néanmoins, je ne pensais pas que cela aurait une telle place dans ce livre… Et surtout pas autant de sexe non consenti !
Les personnages ne m’ont pas non plus fait grande impression… Madeleine, Gordon, Angie, Isabel, Solomon, Eve ou encore Léon ne sont pas suffisamment développés pour que l’on s’y attache ou éprouve de l’empathie. Au contraire, je trouvais même certaines relations étranges, notamment celle entre Angie et Stanley qui tournait de plus en plus au sadomasochisme. De même, je n’ai pas adhéré au héros. Ses réactions sont souvent bizarres. Par exemple, lorsqu’il revoit son violeur à l’hôpital, c’est à peine s’il lui hurle dessus. À sa place, j’aurais crié, appelé les secours ou me serais jetée sur lui pour le frapper. Pas lui. Il se contente de l’observer et d’obéir à ses ordres comme aller jeter un œil à la fenêtre. Ensuite, il va faire une fixette sur le Passe Montagne au point de le suivre en cachette… Pour moi, ce n’est pas une réaction normale ou crédible. Je n’ai donc eu aucune émotion pour les protagonistes, qu’ils soient principaux ou secondaires. Je suis clairement déçue de ce livre qui m’a donné l’impression de plonger dans une grosse orgie ésotérique et ne pense pas lire un autre volume de cette série. Si c’est du même acabit, je passe clairement mon tour ! En revanche, je compte bien découvrir un autre titre de l’auteur très prochainement, car les autres publications m’ont généralement bien plu. Je croise les doigts pour me divertir et frémir, car ici, ce ne fut clairement pas le cas.
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Vous vous en sortirez de la façon suivante : en apprenant à ignorer les monstrueux préjugés du monde… du moins aussi longtemps que vous ne vous serez pas convaincu au fond de vous-même que ce qui vous est arrivé était un acte violent et totalement inévitable, dont vous n’étiez absolument pas responsable.
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Peut-être était-il mort. Peut-être était-il coincé la tête en bas, dans cette cheminée, à moins d’un mètre quarante de l’âtre, et c’était là qu’il avait étouffé ou mort de faim. Une mort solitaire, atroce, interminable. Stanley avait entendu dire qu’à l’époque victorienne des petits ramoneurs étaient morts de cette façon. Peut-être était-ce ce qui était arrivé accidentellement à ce petit garçon.
Cependant, s’il était mort, qui avait produit tous ces grattements et ce remue-ménage ?
Des rats, peut-être, occupés à ronger sa chair ? Ou des corneilles. Les corneilles picoraient la chair morte, elles aussi.
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La vie est une danse qui tourne et tourne, et ce qui est un échec pour un homme est un succès pour un autre.
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♥♥♥♥♥ 1/5
C’est dommage que l’auteur ait transformé le truc en orgie parce que ses réflexions sur le fait que la justice transforme la victime de viol en coupable étaient intéressantes et, comme tu le soulignes, toujours d’actualité.
Je vais passer mon tour…
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Oui, cette réflexion était juste et intéressante, mais le reste ne m’a vraiment pas plu…
Tu as bien raison !
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