Littérature jeunesse·Romans·Young adult

« Orphelins 88 » de Sarah Cohen-Scali

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Orphelins 88 »
Auteur : Sarah Cohen-Scali
Genre : Roman historique / Littérature ado – YA – adulte
Éditeur : Robert Laffont (Collection R)

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résumé du livre

Munich, juillet 1945. Un garçon erre parmi les décombres… Qui est-il ? Quel âge a-t-il ? D’où vient-il ? Il n’en sait rien. Il a oublié jusqu’à son nom. Les Alliés le baptisent « Josh » et l’envoient dans un orphelinat où Ida, directrice dévouée, et Wally, jeune soldat noir américain en butte au racisme de ses supérieurs, vont l’aider à lever le voile de son amnésie. Dans une Europe libérée mais toujours à feu et à sang, Josh et les nombreux autres orphelins de la guerre devront panser leurs blessures tout en empruntant le douloureux chemin des migrants. Si ces adolescents sont des survivants, ils sont avant tout vivants, animés d’un espoir farouche et d’une intense rage de vivre.

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Ma critique« Orphelins 88 » m’a fait très envie suite à l’avis de Lire à la folie pour qui ce fut un coup de cœur… Alors, lorsque j’ai arpenté une librairie et que je suis tombée sur cet ouvrage, j’ai craqué ! Le récit nous plonge en 1945, dans un contexte d’après-guerre sombre, difficile, instructif et poignant… Chose rare en littérature, surtout en littérature ado, on va toucher à la thématique des Lebensborn, mais également le traumatisme de la populace et plus particulièrement des jeunes… J’ai beaucoup aimé suivre le quotidien de Josh, un orphelin victime d’amnésie. À ses côtés, on va découvrir la vie à cette époque, les séquelles laissées par les horreurs de la guerre, comment était perçu chaque peuple ainsi que des événements historiques plus généraux comme la bombe atomique ou la Guerre Froide… C’est vraiment un contexte riche, intéressant et bien développé. À mon sens, ce roman ferait un très bon support pour accompagner les cours de certains étudiants. couv60979320En revanche, je tiens à signaler que certaines scènes sont particulièrement dures, crues et réalistes… En effet, il est question de racisme, d’anti-sémitisme, de viol, de violence, de maltraitance, d’injustice, de travail d’enfants, de conditions de vie inhumaines et de Mort. J’ai dû parfois m’accrocher, car je n’imaginais que trop bien les passages, notamment lorsqu’il était question des sévices infligés par les soldats… Cela dit, cela reste abordable pour des lycéens, le public-cible de cet ouvrage.

Le récit est écrit à la première personne. Josh, le narrateur, est un adolescent sans passé qui est envoyé dans une structure où résident d’autres orphelins de guerre. J’ai trouvé son personnage très attachant et étoffé. On voit réellement sa mentalité évoluer au fil des rencontres qu’il va faire. Au départ, le jeune homme a des réactions très dures, voire révoltantes, car il ne se souvient de rien sauf de l’enseignement nazi qu’il a suivi. Il a été totalement endoctriné par des idéaux et une vision qui ne laissent pas le lecteur de marbre. Or, un soir, on lui apprend qu’il sait parler le polonais et qu’il comprend d’autres langues… Son corps est également marqué, comme s’il avait été dans un camp de concentration… De plus, les langues des autres pensionnaires commencent à se délier : certains bambins se rappellent de sa vie d’antan… Déboussolé, le garçon se demande alors qui il est vraiment, qu’est-ce qu’il a vécu et quels fragments sa mémoire a occulté pour le protéger. Sa progression est constante, pertinente et bien traitée. L’auteure a très bien construit cette quête d’identité progressive et a surtout su le faire sans pathos ni exagération. De plus, on sent qu’elle s’est inspirée de personnes réelles pour construire ses personnages…

Ce long séjour à l’orphelinat va donc permettre à Josh un retour à la normalité… Néanmoins, il n’est pas le seul survivant que l’on va apprendre à connaître et à apprécier. J’ai par exemple été très touchée par Wally, un soldat noir américain qui va prendre certains jeunes sous son aile. Il est l’un des rares adultes à prendre en considération ces enfants non-accompagnés. Il va surtout se montrer très protecteur et attentif à Josh. Beate a également été une jeune fille particulièrement marquante, forte, courageuse et débrouillarde. Bien évidemment, je n’oublie pas d’autres personnages comme la généreuse Ida ou encore l’énergique Halina. Tous ces personnages ont su m’émouvoir à leur manière dans ce roman pointant du doigt une sombre problématique : la place des enfants après la guerre (les orphelins, ceux des camps de concentration, ceux des Lebensborn et les autres que l’État ne veut pas placer pour diverses raisons politiques ou sociales…) On a donc un roman historique pertinent et bien traité qui saura plaire aux lecteurs malgré son rythme lent ! Cela m’a donné envie de découvrir « Max », apparemment un best-seller de Sarah Cohen-Scali.

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Citations

Je déteste les camions et j’aime les livres. Allez savoir pourquoi… C’est comme ça. Les camions me font peur, les livres m’apaisent, me font rêver. J’ai faim de mots presque autant que de nourriture. Je lis avec voracité. Je veux m’en fourrer plein la tête comme je m’en fourre plein la bouche pendant les repas.
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Mais rien. Toujours rien. J’ai parfois envie de me prendre la tête à deux mains et de la secouer comme une vulgaire boîte. Si les souvenirs les plus précieux sont au fond, ils reviendront ainsi sur le dessus…

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Mais ça ne signifie pas grand-chose, le chant des oiseaux.
Ils sont cons les oiseaux.
Ils chantent partout, pour qu’on peu qu’on soit à la campagne ou à proximité d’un arbre, qu’elles que soient les circonstances.
Dans les camps ils chantaient aussi à la belle saison.
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Le ciel a un sacré avantage sur la terre. Malgré les combats, les avions qui se sont affrontés durant six années, les explosions de feu qui l’ont embrasé, il ne garde aucune trace de ces anges exterminateurs qui l’ont envahi et demeure le même, indestructible. Un coup d’éponge et plus rien, comme sur un tableau noir…

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Ma note

♥ 4,5/5

 

12 réflexions au sujet de « « Orphelins 88 » de Sarah Cohen-Scali »

  1. Je suis super contente qu’il t’ait plu!
    L’évolution des personnages est vraiment bien faite, je suis d’accord avec toi. Wally est vraiment un personnage marquant, touchant et courageux!
    J’ai reçu Max pour Noël, j’espère qu’il va me plaire autant 🙂

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