Un avis de Saiwhisper et de sa maman !
Titre : « La délicatesse du homard »
Auteur : Laure Manel
Genre : Drame / Romance / Roman contemporain
Éditeur : Le Livre de Poche
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Après avoir lu des avis dithyrambiques sur la toile et dans les médias, j’ai eu envie de découvrir ce titre qui, apparemment, avait déjà conquis plus de 100 000 lecteurs… Comme le récit semblait plutôt accrocheur et qu’elle m’en avait déjà parlé, j’ai proposé à ma mère de le lire ensemble. Une première fois très sympathique et sûrement pas la dernière… Hélas, ce que nous avons eu entre les mains ne nous a pas convaincues ! En effet, la lecture s’est révélée fastidieuse pour l’une comme pour l’autre : ma mère a dû faire une pause tellement l’héroïne l’agaçait, tandis que je ne me suis pas gênée pour sauter quelques paragraphes dès que je m’ennuyais… Or, cela arrivait assez souvent, notamment au début ! Heureusement, la narration alternée apportait un peu de rythme et permettait au lecteur de comprendre chaque personnage.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cet ouvrage comporte énormément de longueurs : les personnages mettent beaucoup de temps avant d’échanger, d’apprendre à se connaître, puis de s’aimer. Cela permet de rendre leur relation crédible néanmoins, j’aurais souhaité qu’on utilise des ellipses de temps à autre. La mise en place a été particulièrement difficile, car Elsa, la jeune femme trouvée sur la plage, a révélé un caractère qui m’a immédiatement déplu. Renfermée, silencieuse, perdue, molle, peu agréable, déprimante et bizarre, elle s’est renfermée comme une huître. Plutôt que de remercier son sauveur, elle se contente de rester dans la chambre qu’on lui a prêtée, à rester peu loquace et à ne sortir que lorsqu’il n’y a personne. Les remerciements se font rares et, dès que son hôte ose lui poser une question ou lui demander des comptes, elle retourne dans son antre, telle une ado en crise refusant tout dialogue. Bien que l’on devine un traumatisme lourd, j’avais envie de lui donner des claques ou de la secouer comme un prunier. Cependant, son secret, que l’on découvrira tardivement, s’est révélé inattendu et bouleversant ! Une lettre qu’elle a rédigée et qui fait office de chapitre m’a prise aux tripes et m’a poussée à la réflexion. Malheureusement, il était déjà trop tard pour que je puisse apprécier Elsa. La jeune femme m’avait exaspérée plus d’une fois…
François, le propriétaire des lieux, s’est révélé plus humain et touchant que sa locataire fantôme. Il est gentil, attentif, compréhensif, honnête et généreux. Malgré le fait qu’on l’envoie régulièrement sur les roses et en dépit de ses propres blessures passées, il tient bon. Il va véritablement apprivoiser la demoiselle, acceptant son silence, même lorsque l’envie de connaître la vérité le brûlera de l’intérieur. J’ai trouvé qu’il avait énormément de patience ! À sa place, je n’en aurais pas eu autant… En revanche, j’ai trouvé qu’il avait des idées assez machistes et pense d’abord à son ventre avant le reste… Ses doutes, ses coups de gueule, son attirance et ses choix font de lui un protagoniste complexe et plutôt crédible. Dans sa grande bonté, il n’hésitera pas à aider Elsa à retrouver le sourire, notamment grâce à l’équithérapie (la thérapie et la méditation grâce aux chevaux). À ses côtés, on va donc suivre l’évolution de la jeune femme qui va de plus en plus gagner en confiance et oser se livrer à lui.
Autour de ces deux héros écorchés par la vie gravitent plusieurs personnages… très secondaires ! Cet entourage aurait mérité d’être plus développé, car on a vraiment l’impression d’avoir de simples pions servant simplement à donner la réplique de temps en temps, ce qui permet aux héros de réfléchir, puis de faire avancer les choses… Ils sonnent assez creux alors que quelques personnalités auraient mérité d’être plus fouillées. Je regrette également le dénouement un peu trop parfait et fleur bleue à mes yeux ainsi que certaines facilités scénaristiques. Les seules choses qui m’ont vraiment plu sont ces mystères que l’on ne peut anticiper, la gentillesse de François ainsi que les thématiques abordées comme le fait d’être parent, la reconstruction et la résilience. Hélas, cela vient bien trop tard dans le récit ! Je ne ferais donc pas partie de ces lecteurs conquis…
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Bien au chaud dans mon lit, car c’est là que je lis, ma fille m’avait donc proposé de découvrir en même temps qu’elle La délicatesse du Homard de Laure MANEL afin que nous échangions nos impressions et que la synthèse de nos points de vue devienne une critique à quatre mains. L’idée était trop jolie pour que je la décline. J’achetais donc ce petit roman.
Je ne voulais pas lire d’avis pour ne pas être influencée. C’est comme la bande annonce pour un film : on perd le plaisir de la découverte et de la rencontre. En revanche trouver les indications induites par la couverture m’a toujours intéressée car c’est comme « l’affiche » d’un livre/film, destinée à capter l’attention et à séduire et le paratexte de La délicatesse du Homard me semblait riche d’informations. Tout d’abord le choix de l’illustration bien sûr car c’était la même photo qui avait été choisie pour l’édition originale (Michel Lafon) et Le Livre de Poche : ainsi il était important que le lecteur comprenne que ce serait l’histoire d’une jeune femme blonde, seule ou solitaire, dont l’action se situerait en bord de mer. Le rouge de la robe intriguait (rouge sang ?). L’oxymore contenu dans le titre s’appliquait-il à l’héroïne ? Certes l’image évoquait non seulement l’isolement volontaire, le repli sur soi (la carapace) comme la fragilité , mais le nom de ce crustacé est masculin, c’était donc peu probable. Le personnage masculin, alors ? Les deux protagonistes ? Ce titre, en outre, me rappelait le Homard à l’armoricaine, la cuisine et la Bretagne, et je découvrirai que ce sont deux thèmes présents dans le roman. Un clin d’œil ? Enfin, concernant cette première page, le bandeau rouge éclatant sur l’édition de poche et claironnant « Déjà plus de 100 000 lecteurs conquis », à dire vrai, me refroidissait plus qu’il ne m’incitait à ouvrir l’ouvrage. Quant à la quatrième de couverture, elle offrait un résumé de l’intrigue :
François, directeur d’un centre équestre en Bretagne, découvre, lors d’une promenade à cheval sur la plage, une jeune femme inconsciente au pied d’un rocher. Plutôt que d’appeler les secours, il décide sans trop savoir pourquoi de la ramener chez lui pour la soigner. À son réveil, l’inconnue paraît en bonne santé, mais peu encline à parler. Elle déclare s’appeler Elsa mais refuse de répondre à tout autre question. Commence alors entre le célibataire endurci et cette âme à vif une étrange cohabitation, où chacun se dévoile peu à peu à l’autre sans pour autant totalement révéler les secrets qui le rongent. Et même si le duo en s’apprivoisant s’apaise, leur carapace peine à se fendre… Qui est Elsa et quelle vie est-elle en train de fuir ?
Un roman à deux voix. Deux voix qui se racontent, et se taisent. Deux voix qui laissent place aux pas des chevaux, au vent qui plie les herbes sur la dune, au ressac sur le rivage et aux souvenirs échoués sur le sable.
La dernière phrase me laissait craindre un roman sentimental, gnangnan, un peu larmoyant. Un mélo. Mais les héros devaient probablement surmonter leurs difficultés, offrant une dimension thérapeutique comme de nombreux romans « feel good ».
Je n’aurais peut-être pas dû faire ce travail préparatoire, car me voici un peu sur la défensive. Et de fait je n’accroche pas : la dénommée Elsa m’énerve un peu, je n’arrive pas à la trouver sympathique et à m’intéresser à son sort. Pas du tout charitable et sans empathie, je me doute que ses réactions sont explicables et seront probablement expliquées. Mais à ce moment là de ma lecture, peu me chaut. Je m’attache plus au personnage masculin qui semble plus ouvert, moins conventionnel, généreux et simple. Lucide, je décide de faire une pause afin d’être plus objective.
Faisons plus bref.
Les autres points négatifs de cette lecture se révèlent dans un aspect de la personnalité de François: cela m’irrite qu’ il apprécie la présence d’Elsa parce que les parfums qui émanent de ses préparations culinaires sont alléchantes. Je trouve cela machiste. (Par ex : « Ça sent drôlement bon ! s’exclame François » p. 65 ; « Et puis j’ai à nouveau droit à ses bons petits plats ! » p.141 ; « Là, on prépare à manger tous les deux. C’est rare, finalement » p.243).
Parfois j’ai pensé que l’auteure aurait pu gagner en rapidité car 11 chapitres (de 44 à 55), certes courts, avant que la relation entre les deux protagonistes se concrétise, c’est un peu long, même si c’est probablement nécessaire. Il m’est arrivé également d’estimer que certains thèmes s’encraient dans des modes actuelles, mais là encore, je suis probablement dure voire injuste. Disons que l’équithérapie est bien acceptée de nos jours, que, oui, la marche est propice à l’introspection, à la réflexion, voire la méditation. J’aurais voulu également que les personnages de Fiona et de Patrick soient un peu plus approfondis.
En revanche j’ai, comme je l’ai déjà dit, trouvé que le personnage de François était vraiment attachant, plein d’humanité, dans ses contradictions mêmes. Il m’a semblé également que le rythme choisi pour la révélation, comme une urgence, des « secrets » des personnages était appropriée. En outre, on sent que les connaissances et l’amour que l’auteure porte aux chevaux sont réels et sincères et les descriptions des paysages de cette partie du Finistère sont remplies d’un attachement authentique, bien que Laure Manel soit du Maine et Loire d’après ce que j’ai pu trouvé dans sa biographie.
Ce qui l’a emporté dans ma modeste appréciation sur ce roman et l’a rendue positive c’est d’une part le choix de l’alternance du je narratif. Cette option dynamise le récit et permet une présentation et une analyse plus riches des personnages. Le lecteur n’est pas omniscient, mais il se fait complice de l’un ou de l’autre. Cette stratégie offre aussi la possibilité à l’humour d’éclaircir le présent et surtout le passé des personnages. J’avoue que la personnalité de la mère d’Elsa m’a intéressée. C’est finalement elle qui permet de faire pencher le récit vers autre chose qu’une simple histoire d’amour où deux êtres blessés s’aident réciproquement à se reconstruire. Il s’agit également d’un roman sur la renaissance et la naissance , sur la difficulté à être parent. Toutefois je ne peux développer le sujet, sauf à déflorer l’intrigue.
Bonne lecture à tous donc !
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Il faut faire table rase du passé et se concentrer sur le présent, avant même d’envisager un avenir. La seconde qui suit chaque seconde est déjà l’avenir, et tu le tisses sans même t’en rendre compte.
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♥♥♥♥♥ 2/5
(Nous sommes déçues toutes les deux !)
Je ne connais ce livre que de nom, mais je pense que ce n’est pas pour moi vu ce que vous en dites toutes les deux!
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Oui, je pense que l’héroïne t’agacerait aussi !…
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Je savais déjà que je ne lirai pas ce livre car ce n’est pas du tout mon genre (pourquoi ce titre ?) mais les avis de ta maman et toi se recoupent parfaitement et me confirme que de n’est pas du touuut pour moi 😂
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Lol non, je pense aussi que cela ne te conviendrait pas !^^
Le titre est justifié à la fin, donc je n’ose pas le dire. Mais apparemment, l’auteure aime les titres du genre, car dans ses autres romans, il y a « La mélancolie du kangourou » et son prochain est assez similaire.
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Ah oui mdr je vois, bon ben pas grave 🤐
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Pour ma part, ce fut une bonne lecture (8/10). Je disais en mai 17 : « Bon moment de lecture. On s’attache à ce couple qui n’en est pas un. On espère qu’ils pourront se délivrer des blessures et qu’une nouvelle vie pourra leur apporter le bonheur. Au fil des pages on en apprend un peu plus.
Jusqu’au mot fin, François, Elsa et les autres ne nous laissent pas indifférents. On est heureux de vivre, à travers ce livre, auprès d’eux.
Une belle leçon de vie ! »
Un reproche : « Un bémol pour moi, le récit est quelque fois ponctué de « con » et « merde » qui ne sont pas nécessaire dans le texte. »
A vous lire, Saiwhisper, vous ne devez pas avoir le même caractère que l’héroïne mais il y a certainement beaucoup de personnes qui se retrouveront.
Merci pour ce double avis très intéressant.
A bientôt, FLaure
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A vrai dire, la vulgarité ne m’a pas marquée, mais je peux comprendre que cela déplaise.
Effectivement, je n’ai pas du tout le même caractère que l’héroïne. Ma mère non plus. Nous ne nous sommes pas du tout identifiées à elle cependant, nous ne doutons pas que son tempérament correspond à plusieurs lectrices !
Merci pour ce passage ! 🙂 Belle journée et à bientôt.
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Voilà qui me donne envie de passer mon chemin ! Déjà que je trouvais le titre pas trop engageant…
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Haha, je comprends !^^’ Oui, le titre interpelle.
Malgré quelques éléments intéressants, nous ne te le recommandons pas forcément.
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C’est chouette ce double avis familial !! Un point positif de cette lecture 😁
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Merci ! ❤ ^^ Tout à fait !
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Je n’étais pas tentée à la base malgré les bons avis, et à la lecture de vos avis, je le suis encore moins. Les héroïnes pénibles et les longueurs viennent vite à bout de ma patience… Par contre, je suis intriguée par la lettre et j’aime bien l’idée de la thérapie par les chevaux 🙂
Je vais donc faire l’impasse sur le roman, mais je suis contente qu’il est servi de base pour cette première chronique à quatre mains 🙂
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Effectivement, je pense que l’héroïne t’aurait rapidement agacée… Un défaut qui prend le pas sur le reste… Hélas…
Merci ! Oui, ce fut une belle expérience. 🙂
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Oh personnellement, j’ai adoré ce roman (mais j’ai préféré son autre roman)
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Celui avec les kangourous ? Les thématiques sont-elles les mêmes ?
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Oui la mélancolie du kangourou ! Non pas tout à fait mais tu peux y plonger les yeux fermés !
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D’accord. ^^ Merci du conseil !
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J’ai offert ce livre à ma mère il y a quelques mois. Tout comme vous, le début l’a plutôt ennuyé mais la suite lui a beaucoup plus plu. Elle a su finalement accrocher 🙂 Je compte lui emprunter pour me faire mon propre avis car j’ai l’impression que plusieurs lectures adhèrent comme d’autres pas du tout.
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C’est rassurant de voir que le début déstabilise même ceux qui ont aimé !
Oui, c’est un titre qui divise. J’espère que tu apprécieras autant que ta maman.
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Mais trop sympa d’avoir ton avis et celui de ta maman, trop mignon de partager la lecture à 2 comme cela 🙂 !!! Sinon, dommage finalement que cette lecture ait été moyenne surtout pour toi, je suis moins tentée du coup^^’ A voir, car si la fille est molle, etc, non merci xD
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Merci ! Oui, ce fut une belle expérience même si le livre ne nous a pas séduites.^^
Moui, clairement, passe ton chemin sur ce titre. 😉
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Donc j’ai bien fait de passer mon chemin ! J’ai appris, à mes dépens 🙂 ! Que Le tapage médiatique n’est pas forcément gage de qualité.
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Tout à fait ! Mes collègues adorent, mais on n’a pas du tout accroché… Donc on ne te le conseille pas.^^ » (ou alors en emprunt…)
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En emprunt à la rigueur.
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Oui, c’est ce qu’il y a de mieux en cas de doute. 😉
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