Science Fiction·Young adult

« Cogito » de Victor Dixen

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Cogito »
Auteur : Victor Dixen
Genre : Science-Fiction / Young Adult
Éditeur : Robert Laffont (Collection R)

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résumé du livre

Un don du ciel… Roxane, dix-huit ans, a plongé dans la délinquance quand ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des robots. Sa dernière chance de décrocher le Brevet d’Accès aux Corporations : un stage de programmation neuronale, une nouvelle technologie promettant de transformer n’importe qui en génie….ou un pacte avec le diable ? Pour les vacances de printemps, Roxane s’envole pour les îles Fortunées, un archipel tropical futuriste entièrement dédié au cyber-bachotage. Mais cette méthode expérimentale qui utilise l’intelligence artificielle pour « améliorer » la substance même de l’esprit humain est-elle vraiment sûre ? En offrant son cerveau à la science, Roxane a-t-elle vendu son âme au diable ? Demain, l’intelligence artificielle envahira toutes les strates de la société. L’ultime frontière sera notre cerveau.

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Ma critique

Voilà un bon roman d’anticipation sur notre société ! Après avoir revisité des contes classiques et proposé une saga sur Mars addictive, Victor Dixen s’est penché sur les dangers de la technologie, de la robotisation et des IA vers lesquels on se dirige progressivement. Bien que les sujets ne soient pas vraiment novateurs, j’ai apprécié l’idée de s’implanter de la technologie directement dans la tête afin d’acquérir de nouveaux savoirs… C’est un peu comme dans Matrix lorsque Néo apprend les techniques de combat ou à piloter un hélicoptère ! On est sur la même idée, car ici, Damien Prinz et son entreprise injectent des neurobots dans le cerveau afin d’apprendre des choses incroyables le temps d’une nuit ! Imaginez : vous vous endormez paisiblement et, le lendemain, vous voilà bilingue ! On est réellement dans un monde où la technologie de pointe est poussée à l’extrême, si bien que tout, même les animaux, est robotisé. Bien sûr, toute la populace ne partage pas ce monde futuriste : il existe de nombreux manifestants ainsi que la « Zone Franche », une région française où vivent des technophobes avec un système qui leur est propre. L’auteur n’hésite pas à présenter tous les cas de figure ainsi que les façons de penser de chacun, ce qui est très intéressant ! couv36133054Le lecteur va nécessairement avoir plusieurs réflexions sur cet univers assez effrayant où l’Homme perd peu à peu son emploi, sa place et son humanité… Ainsi, bien que l’on ne réinvente pas le genre, j’ai apprécié toutes les idées et problématiques soulevées par ce contexte futuriste.

Lorsque les trois boursiers sont arrivés sur l’île pour le stage Science Infuse, j’avoue avoir été assez déstabilisée par le soudain surnombre de personnages secondaires. J’avais du mal à cerner qui était qui, et j’espérais que quelques têtes se mettent vite un peu plus en avant que d’autres afin de ne plus être trop perdue. Finalement, au bout de plusieurs chapitres, j’ai fini par m’y retrouver et à estimer les protagonistes nombreux, différents et nuancés. J’ai été assez touchée par le passé de Faune, tandis que l’héroïne a su me captiver… Toutefois, je ne vous cacherais pas le fait que j’ai ressenti énormément de similitudes avec Léonor de Phobos ! Les deux jeunes femmes ont en commun un défaut physique, un caractère bien trempé, des idées bien à elles, du courage et des valeurs qui feront d’elles des meneuses. Roxane, alias Rox, est une demoiselle aussi torturée que la belle rousse : très introvertie, marginale, cynique, pleine de hargne et rebelle, elle semble vouloir crier sa haine à ceux qui ont ruiné sa vie et sa famille… Pour se préserver et aller de l’avant, elle a décidé de s’inscrire à ce stage en espérant un futur plus certain… C’est également une narratrice assez complexe qui semble avoir atteint un point de non-retour : avec son père, il est impossible de communiquer ou d’avancer, ses études virent au drame et elle n’arrive pas à remonter la pente. Ce programme va lui permettre de réaliser qu’elle est réellement bloquée entre plusieurs univers et qu’elle devra enfin agir en s’écoutant… Son évolution tout au long de l’ouvrage est pertinente.

Pour ma part, j’ai trouvé le rythme relativement correct néanmoins, je crains que certains lecteurs ressentent des longueurs, car les choses ont besoin de temps avant de se mettre en place. Bien évidemment, on se doute que ce stage n’est pas sans danger : les personnages reconnaissent eux-mêmes que leur situation est étrange… L’endroit est trop idyllique pour sonner vrai, on est sur des premiers tests qui se déroulent hors-autorité sur une île déserte, tandis que l’implantation de neurobots est d’ores-et-déjà controversée ! De plus, certains protagonistes comme Sinbad ne cessent d’avertir les autres des risques avec Intelligences Artificielles. Ce dernier est un cinéphile averti : il va régulièrement faire des références à plusieurs œuvres de SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique), notamment celles avec les IA… Or, le moment où tout va basculer est assez long à venir, ce qui peut déranger quelques lecteurs… Toutefois, que ces derniers se rassurent : les cent dernières pages sont bien rythmées, haletantes et pleines de rebondissements ! J’ai dévoré ce one-shot le temps d’un week-end tellement j’étais prise dans l’histoire.

La plume de l’auteur est toujours plaisante, simple et efficace. Une fois encore, il utilise des mails, des illustrations, des schémas et des pages noires, ce qui apporte un plus à la narration. On notera également une pluie de références en tous genres (films, penseurs, scientifiques, etc.), ainsi qu’un auto-clin d’œil aux premiers colons sur Mars. Même si l’on ne sort pas des sentiers battus, le scénario est bien construit, cohérent et prenant. Un roman d’anticipation et de science-fiction comme je les aime ! Enfin, mention spéciale à la couverture vraiment jolie avec ses teintes cuivrées !

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Citations

Le jour de mes douze ans, elle m’a offert un petit recueil de haïkus, et elle m’a encouragée à en écrire : un format parfait pour une fille aussi distraite que moi. J’y ai pris goût et encore, je crée des haïkus à tout bout de champ – quand je m’ennuie en classe, quand la rage bout en moi, quand je me sens angoissée par l’avenir. Ça me détend, même si ces pauvres bribes de texte ne servent strictement à rien, et que depuis la mort de maman je n’ai plus personne à qui les chuchoter le soir venu.
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« Je m’appelle Lorenzo, elle c’est Roxane. Et toi ?
– Faune, lâche le rouquin.
– Faune ? Tu veux dire comme la faune et la flore ?
– Non : comme les anciens génies des bois, mi-hommes mi-boucs…
– Eh ben dis donc, tes parents t’ont fait un joli cadeau, là ! Un prénom à devenir chèvre ! »
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Mais en réalité je n’étais pas forte, je ne l’ai jamais été.
Je suis lâche.
Je suis faible.
Je suis la fille crachée de mon père.
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– Des armes… murmure Faune, nous arrachant à notre prostration. Il nous faut des armes pour nous défendre…
– Qu’est-ce que tu racontes ? pleurniche Apolline. Il n’y a que des bouquins dans cette foutue médiathèque…
– Justement ! je m’écrie. Ma mère disait toujours que les livres sont les armes pour survivre… aujourd’hui, ça risque d’être littéralement le cas.

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Ma note

4,5/5

 

 

40 réflexions au sujet de « « Cogito » de Victor Dixen »

  1. Je ne suis pas spécialement fan des livres de Dixen, mais j’ai bien envie d’essayer celui-là tout de même ! Le sujet me plaît puis je reconnais qu’il a une belle écriture ^^

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  2. J’avais repéré le roman pour sa couverture et ton avis donne envie de dépasser cet aspect pour se concentrer sur les atouts dont il ne semble pas manquer malgré un côté un peu déjà-vu sur certains aspects. Le rythme a l’air maîtrisé même s »il ne conviendra pas à tout le monde, j’aime la pluralité dans la narration, l’héroïne semble intéressante et les sujets abordés me plaisent bien… Bref, une lecture qui me tente 🙂

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  3. Je suis partagée avec Dixen, j’ai aimé la moitié de la saga Phobos (oui oui, la moitié haha) et Animale (surtout le tome 2). Il y a du bon et du moins bon. Mais je me connais, je me laisserais sûrement tenter haha.

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    1. Je comprends. La saga phobos est un peu longue et en dents de scie. J’ai plutôt accroché au début. A l’inverse de toi, j’ai vraiment pas accroché à Animale… mais j’ai essayé quand même pour Cogito, car c’était un one-shot.^^ Et je ne suis pas déçue.
      J’espère que si tu tentes, tu accrocheras autant que moi.

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      1. Pour Phobos j’ai beaucoup aimé les deux premiers tomes mais détesté les deux derniers. Et pour Animale le début est un peu lent mais la fin du premier tome et le tome 2 m’ont beaucoup plu 🙂
        Je le lirais sûrement dans quelques mois, quand il sera à la médiathèque haha.

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          1. Oui, je n’ai pas du tout retrouvé ce qui m’avait plus dans les deux premiers tomes, les personnages commençaient à m’agacer fortement. Et pour le dernier tome j’espérais autre chose x)

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  4. Il a l’air bien ce nouveau roman de Victor Dixen ! en plus si c’est un one-shot cela m’arrange ! j’ai pour objectif de finir phobos cette année (il me manque Origine) et Animales (je n’ai lu que le tome 1) !

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      1. j’ai bien aimé le premier tome mais cela fait longtemps que je l’ai lu je ne suis donc pas si pressé que cela de lire la suite …. habituellement je n’aime pas les réécritures de contes mais j’ai trouvé celui si intéressant 🙂

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  5. Ta description de l’héroïne me faisait penser à Léonor, jusqu’à ce que tu le dise aussi^^
    J’ai aimé Phobos, mais en y repensant, je suis beaucoup plus mitigée. Du coup, je suis méfiante avec celui-ci.
    Les thèmes ont l’air sympa et ta chronique donne envie, mais je ne sais pas….
    Je devrais surement le feuilleter un peu pour savoir si je tente le coup ou pas 🙂

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