Un avis de Saiwhisper
Titre : « Au petit bonheur la chance ! »
Auteur : Aurélie Valognes
Genre : Roman contemporain
Éditeur : Le Livre de Poche
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1968. Jean a six ans quand il est confié du jour au lendemain à sa grand-mère. Pour l’été. Pour toujours. Il n’a pas prévu ça. Elle non plus. Mémé Lucette n’est pas commode, mais dissimule un cœur tendre. Jean, véritable moulin à paroles, est un tourbillon de fraîcheur pour celle qui vivait auparavant une existence paisible, rythmée par ses visites au cimetière et sa passion pour le tricot. Chacun à une étape différente sur le chemin de la vie – elle a tout vu, il s’étonne de tout –, Lucette et Jean vont s’apprivoiser en attendant le retour de la mère du petit garçon. Ensemble, dans une société en plein bouleversement, ils découvrent que ce sont les bonheurs simples qui font le sel de la vie.
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Grosse surprise avec ce roman que je pensais dans la lignée des autres écrits d’Aurélie Valognes. On n’est pas sur du feel good, mais sur une histoire plus sérieuse où il est question de famille, d’éducation et de désillusion. En effet, pour fuir un mari violent, la jeune Marie décide de partir pour la capitale en espérant refaire sa vie. En attendant, elle laisse son fils Jean avec sa mère très âgée. La narration va surtout tourner autour de l’enfant et de la grand-mère qui vont apprendre à s’apprivoiser, cohabiter et s’aimer. Mais il est surtout question de ce bambin en mal d’amour : Jean souffre de l’absence et des mensonges de sa mère… Je reconnais qu’au début, je ne comprenais pas pourquoi cette dernière s’était isolée à ce point… Puis, certains chapitres m’ont permis de mieux réaliser plusieurs choses qui éclairaient le point de vue de Marie, sans pour cela, à mon sens, le justifier pleinement. Mon ressenti s’est donc légèrement nuancé, cependant, au final, je me range toujours du côté de ce petit garçon dont les espoirs ont été brisés à plusieurs reprises… Je saisissais aisément sa colère… Néanmoins, je suis le fruit d’une autre époque : celle où les Femmes sont généralement libres de choisir leur futur et ne sont pas condamnées à être des génitrices ayant peu de droits (travail, avortement, etc.). Or, ce n’était pas le cas de Marie… J’ignore si mon opinion serait le même une cinquantaine d’années plus tôt…
Bien que cette lecture ne correspondît pas à mes attentes, je l’ai quand même appréciée. La relation entre Mémé Lucette et Jean m’a vraiment émue. C’est un très joli tandem plein d’amour, de courage et de douceur. Cette grand-mère m’a touchée, en particulier grâce à son caractère râleur et peu commode, mais tellement adorable, intelligent, secret, affectueux et attentif à son petit-fils… C’est une femme avec le cœur sur la main… Ses réactions m’ont également fait sourire, surtout lorsqu’il était question de technologies ! En effet, Mémé Lucette vit dans une période en pleine transition où de nouveaux outils comme le frigidaire, la télévision et les petites supérettes font leur apparition. Réfractaire aux changements, cette mamie n’a pas sa langue dans sa poche lorsqu’on lui demande son avis sur toutes ces nouveautés. D’ailleurs, l’auteure n’hésite pas à citer quelques marques ou événements de l’époque, ce qui renforce l’immersion dans le récit. Je suis certaine que ce roman fera écho aux lecteurs ayant vécu les années 70 et que cela les touchera encore plus que moi.
La plume d’Aurélie Valognes est volontairement simple, limite enfantine, afin de pouvoir toucher un maximum de lecteurs… La lecture fut donc assez fluide, tandis que j’ai tourné les pages avec aisance… Toutefois, j’ai trouvé que le petit Jean s’exprimait parfois comme un adulte. Cela m’a surtout frappée au début, alors qu’il était censé n’avoir que six ans… Ses réflexions sont parfois très matures, si bien que je lui donnais presque trois voire cinq années supplémentaires… De plus, j’ai eu l’impression qu’il gommait aisément les mauvais moments et allait souvent de l’avant, sans garder trop de séquelles, de blessures ou de traumatismes… Je regrette également la fin qui, malgré le bel amour fraternel, n’a pas su me convaincre… J’ignore si d’autres personnes ont eu les mêmes ressentis. Il faudrait que j’aille fouiller quelques critiques. Sinon, j’attendrais tout simplement l’avis de ma mère, avec qui j’ai acheté cet ouvrage en vue de le lire ensemble et de pouvoir échanger. Pour ma part, ce roman fut intéressant à lire, même si je ne m’attendais pas à cela et lui trouve quelques défauts…
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Alors que Lucette s’éclipse un instant pour se dégourdir les jambes, Jean, de son doigt gauche, écrit « Maman » sur la buée de la vitre, puis, d’un revers de la main, l’efface et trace de son index droit « Ma mère ». C’est à ce moment-là précisément que, pour Jean, Marie, tombée de son piédestal, est devenue sa mère.
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Ce que l’on garde en mémoire n’est pas toujours fidèle à la réalité. On le façonne, il nous modèle à son tour et conditionne qui nous devenons.
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Une vraie famille, c’est aussi quand on se sent à l’aise même sans rien se dire, sans rien faire de particulier. Ensemble, tout simplement.
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C’est comme ça Jean. Ceux que tu aimes le plus vont et viennent, repartent et reviennent. En prenant un bout de ton coeur à chaque fois. Mais tu ne vas pas te priver d’aimer de peur de devoir souffrir un peu? Tout ce bonheur ne vaut il pas un petit pincement au cœur ?
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♥♥♥♥♥ 3,5/5
C’est vraiment chouette de pouvoir échanger sur nos lectures avec nos mamans 🙂 c’est vraiment une chance!
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Oui ! 🙂 Je suis d’accord !
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Je vous envie… 😏 heureusement j’ai d’autres lecteurs dans mon entourage pour partager cette passion !
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C’est également chouette d’avoir des lecteurs dans son entourage qui partagent nos goûts pour la lecture.
Même si ce n’est pas pareil qu’avec un proche ou via un club de lecture, c’est aussi un avantage que je trouve à la blogosphère : on trouve des lecteurs ayant nos goûts et, parfois, avec qui faire des lectures communes. ❤
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Exactement, c’est ce qui me rend accro à la blogo !
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Je n’ai pas encore lu cette auteure. En fait, ce sont les titres et les couvertures qui ne me tentent pas. Comme quoi ! Ça tient parfois à si peu de choses…
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Je peux comprendre. Après, ça reste très léger et fait pour un week-end/des vacances. Je ne suis pas fan de l’auteure, mais j’ai apprécié ses histoires divertissantes.
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La couverture et le titre donnent l’impression d’un roman feel good, je peux donc comprendre ta surprise… Je n’ai pas lu le roman, mais ta description de sa personnalité m’a suffi pour déjà beaucoup apprécié Mémé Lucette et sa personnalité haute en couleur 🙂 Quant au petit garçon, malgré un petit décalage entre ses propos et son âge, il a l’air très touchant…
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Tu as raison pour la couverture…. Mais les ouvrages de l’auteure sont tous comme ça. Je pense que c’est pour faire raccord avec le reste, sans se soucier du genre… (Pour le top ten des 10 titres dont la couverture n’a rien à voir, ce roman aurait donc sa place. :D)
Mémé Lucette était vraiment poignante ! Je pense que tu l’adorerais également. Le petit-fils est effectivement touchant, notamment quand on se met à sa place. C’est un bambin plein de courage et de valeurs.
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Il fraudrait vraiment que je découvre cette auteure 🙂
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Vues tes lectures, je pense qu’elle te plairait.^^
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Aurélie Valogne a régulièrement de bons avis sur ses livres. J’ai envie de tenter moi aussi mais je ne sais pas trop encore avec lequel ^^
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Oui, elle a de bons avis. Après, ses premiers sont sympas et légers pour un week-end/des vacances (mais sans être un coup de cœur). Étant sortis en poche et souvent trouvables d’occasion ou en bibliothèque, je te conseille de commencer par l’un d’eux.
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J’ai aimé la relation qui évolue entre Jean et sa grand-mère mais je n’ai pas forcément accroché au style de l’auteure, justement elle veut toucher un maximum de personnes et je préfères quand c’est plus ciblé. Et comme tu l’écris, on dirait que Jean est plus grand vu sa manière de parler mais j’ai beaucoup aimé ce garçon.
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