« Tous tes secrets » de Lisa Jewell

Un avis de Saiwhisper

Titre : « Tous tes secrets »
Auteur : Lisa Jewell
Genre : Roman policier / Thriller psychologique
Éditeur : Milady

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À Melville Heights, il ne se passe jamais rien. Aussi, quand on retrouve dans ce quartier huppé de Bristol, un cadavre lardé de coups de couteau, les résidents sont atterrés. Qui a pu commettre un crime pareil ? Dans le voisinage, tout le monde se connaît : on est entre gens bien. D’ailleurs, on ne fait pas que se côtoyer entre voisins, on s’épie. Josephine développe une véritable obsession Tom, le charmant directeur du collège qui vit à deux pas de chez elle. Mais elle n’est pas la seule à guetter ses moindres faits et gestes : Jenna soupçonne le proviseur d’avoir une attirance malsaine pour les adolescentes. Quels sombres secrets cache donc cet homme trop beau pour être honnête ?

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Après avoir apprécié « Comme toi » malgré le fait que l’auteure offre des réponses trop rapidement dans le scénario, j’ai eu envie d’enchaîner avec un autre titre de Lisa Jewell. Dans « Tous tes secrets », j’ai été ravie de constater que le suspense est maintenu jusqu’au bout ! J’ai beaucoup aimé cette lecture qui joue avec les nerfs du lecteur en proposant un panel de personnages aussi étranges et secrets les uns que les autres. On distingue par exemple Joséphine, une jeune mariée qui fantasme pourtant sur le proviseur Tom dès qu’elle pose les yeux sur lui au point d’en faire une obsession, son conjoint qui semble idéal en tous points, sa belle-sœur froide et réservée, son frère gentil mais peu présent dans le récit, la petite voisine Jenna qui se mêle de tout, sa mère qui passe pour la folle du village, son amie Bess qui se rapproche bien trop de Tom et surtout ce dernier ainsi que sa famille. Ces derniers sont particulièrement louches !

Par exemple, j’ai été assez sensible au caractère de Freddie, le fils du proviseur. C’est un garçon renfermé, complexe, intelligent, ayant des difficultés à communiquer, sans amis et obsédé par certaines choses, en particulier par son voisinage… Ainsi, il espionne et photographie tous ceux qui habitent près de chez lui, notant tout ce qu’il voit depuis sa fenêtre. Les jolies filles comme Bess, Jenna et Joséphine attisent particulièrement son attention… Or, on ne peut pas parler pas de fascination, car c’est très malsain ! Son comportement avec elles est complètement inaccoutumé et monomaniaque au point que c’en est dérangeant ! Sa façon de prendre autant de clichés des demoiselles est à la limite du harcèlement névrotique. Il y a également Nicola, sa mère, qui semble à la fois lunatique et impénétrable. Néanmoins, le pire est vraiment Tom, ce père de famille parfait que tout le monde admire, mais qui paraît bien trop proche des étudiants de quinze ans… Jusqu’où iront ses comportements déplacés ? Que dit-il à des élèves comme Bess au beau milieu de la nuit ? Que dissimule-t-il derrière ses larges sourires ? Que cache son passé tumultueux ? Tous les protagonistes de ce roman ont un comportement ambigu… J’ai adoré ce climat énigmatique, car on soupçonne tout le monde et on a du mal à s’attacher à eux ! Il y a une véritable tension.

Une fois encore, Lisa Jewell a su proposer une affaire avec un bon rythme. Les chapitres sont relativement courts, tandis que la narration multiple permet de se focaliser sur plusieurs habitants de Melville Heights. En plus de la narration classique, l’auteure a également proposé des pages de journal, des SMS et des retranscriptions d’interrogatoires enregistrés. Ces éléments apportent un petit plus au livre. Par ailleurs, l’enquête avance progressivement et sans temps morts. Sans cesse, un nouvel indice, des échanges intrigants entre les personnages ou des comportements inhabituels viennent agrémenter l’avancée du scénario ou brouiller les pistes. Et je dois reconnaître que l’on nage avec plaisir en eaux troubles ! L’ambiance de ce huis-clos où tout le monde pense se connaître est réussie. J’ai beaucoup aimé ce roman policier angoissant, mystérieux, bien ficelé et addictif. Merci aux éditions Milady  pour cette bonne lecture !

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C’est probablement un détail, se dit-elle, un petit rien tombé d’un sac à main. Mais dans une enquête, il arrive que les détails soient particulièrement révélateurs.
Parfois, un petit rien permet de résoudre toute l’affaire.

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– Les gens parlent de lui comme si c’était un dieu vivant. Ca me rend malade. Si les gens savaient, s’ils le connaissaient vraiment, lui et son fils…
La silhouette aperçue à la fenêtre de la maison jaune avait disparu et, petit à petit, la femme commença à s’éloigner.
– Ne vous faites pas avoir, gardez vos distances. Ou vous finirez comme moi. Torturée. Complètement torturée.

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M. Fitzwilliam se retourna vers elle et la regarda droit dans les yeux. Elle inspira profondément en reconnaissant quelque chose dans ce regard, quelque chose d’inquiétant qu’elle était incapable de décrire. Elle n’avait jamais été douée avec les mots. Elle utilisait toujours un dictionnaire des synonymes en ligne quand elle faisait ses devoirs. Mais c’était quelque chose de primitif, de mauvais.
Elle baissa ses yeux et sentit ses joues rosir. Il avait vu sa curiosité, et cela avait déclenché quelque chose en lui. Il avait réagi. Elle se sentait soudain prise au piège, complice de quelque chose d’étrange, de répugnant.
Et le mot lui apparut, cet adjectif qui lui manquait pour qualifier le regard que M. Fitzwilliam lui avait adressé.
Prédateur.

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♥♥♥♥ 4,5/5