Coup de coeur·Romans

« Et que ne durent que les moments doux » de Virginie Grimaldi

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Et que ne durent que les moments doux »
Auteur : Virginie Grimaldi
Genre : Roman contemporain
Éditeur : Fayard

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résumé du livre

L’une vient de donner naissance à une petite fille arrivée trop tôt. Elle est minuscule, pourtant elle prend déjà tellement de place. L’autre vient de voir ses grands enfants quitter le nid. Son fils laisse un vide immense, mais aussi son chien farfelu. L’une doit apprendre à être mère à temps plein, l’autre doit apprendre à être mère à la retraite. C’est l’histoire universelle de ces moments qui font basculer la vie, de ces vagues d’émotions qui balaient tout sur leur passage, et de ces rencontres indélébiles qui changent un destin.

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Ma critique

Ce livre est un gros coup de cœur ! J’aime beaucoup la plume simple, humoristique, douce et sensible de Virginie Grimaldi, si bien que je ne rate jamais ses nouveaux romans… Cependant, je ne m’attendais pas à ressentir autant d’émotions dans celui-ci ! « Et que durent les moments doux » a eu un énorme écho en moi : j’y ai vu ma mère, ma fille et moi-même. Honnêtement, vous faire cette critique va se révéler être un véritable tour de force, car je vais devoir vous parler de cet ouvrage, vous livrer un peu de moi, mais ne pas trop en dire, que ce soit pour le scénario ou ma propre vie. En tout cas, c’est une merveille ! Une véritable ode à toutes les mères, au personnel soignant, au bénévolat et à la famille. Magnifique !

couv75205299Cet écrit donne la parole à deux femmes : Élise, mère de deux enfants ayant quitté le nid familial, et Lili, jeune maman d’une petite fille née prématurément, à sept mois de grossesse. Tour à tour, les deux narratrices vont conter leur quotidien, leurs doutes, leurs envies, leurs espoirs, … On s’attache énormément à elles et on ressent beaucoup d’empathie. Élise est une cinquantenaire sympathique, bonne vivante, drôle, avec ses qualités et ses petits défauts (pas très douée avec le téléphone portable). Si j’ai eu du mal avec elle au début en raison de son côté collant et surprotecteur lorsqu’elle infantilisait Thomas et Charline par textos, j’ai fini par progressivement m’attacher à elle. Je n’ai pas vécu ce dur moment où son enfant adulte quitte le nid et où on se retrouve seul. Ces longues journées où on s’attend à voir sa progéniture débarquer comme avant. Ces pièces à présent vides, mais qui sont remplies de souvenirs. Mon tour viendra. Comme Élise, je devrai apprendre à prendre du temps pour moi et à faire ce que j’ai envie de faire sans dépendre de quelqu’un. Je me retrouverai. Je vivrai de nouveau pour moi. Cette héroïne m’a fait songer à ma mère. Elles ont de nombreux points communs comme leur générosité, leur humour, leur problème face aux technologies, leur douceur et leur amour. L’une fait de la gym et l’autre fait de la danse africaine. Elles y retrouvent leurs amies. Elles ont appris à vivre selon leurs envies, tout en restant une maman malgré l’âge de leur enfant ou la distance. Au fil des pages, j’avais envie de pleurer face à Élise. Elle m’a émue que ce soit pour ses réflexions, pour sa progression et pour ce qu’elle est. Oui, dans Élise, j’ai vu ma maman… Et j’ai eu envie de lui dire que je l’aimais… Par pudeur, je n’ose forcément le dire, mais je sais que tu lis ces mots. Je t’aime et merci d’être toujours là pour moi.

Le personnage de Lili a eu l’effet d’un boulet de canon dans mon cœur. Lili, c’était moi. Non, je n’ai pas eu une enfant née prématurément néanmoins, j’envoie de douces pensées à celles qui ont vécu cela ou qui le vivront… En revanche, ma petite panda rousse a été très très malade de janvier à mars. Comme Lili, je me suis senti démunie face à ces lourds tuyaux permettant à mon bébé de respirer ou de se nourrir. Comme Lili, je me sentais mal, pleurais sans arrêt et m’émerveillais dès que l’on baissait enfin le niveau d’oxygène. Comme Lili, je me suis posé mille questions et je revivais à chaque fois qu’une bonne nouvelle parvenait à mes oreilles. Cette douleur, ce combat quotidien, ces petites victoires en hôpital, je les ai vécues. Comme Lili, j’ai tissé des liens avec d’autres mères se trouvant dans la même situation que moi et, même si je ne les reverrai pas, elles resteront gravées dans ma mémoire. Vous l’aurez compris, j’ai fait un réel transfert et je me suis retrouvée à fleur de peau tout au long de cette lecture. Ainsi, j’ai été bouleversée par les deux narratrices qui, bien qu’elles soient fictives, avaient un visage dans mon esprit.

arabesque

« Et que durent les moments doux » n’est pas une simple histoire. Comme « Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie », Virginie Grimaldi s’est inspirée de ce qu’elle a traversé. Le quotidien de Lili est le sien, puisqu’elle a accouché il y a peu d’un joli petit garçon venu trop tôt. Au départ, je n’avais pas lu les remerciements cependant, je trouvais que l’auteure avait toujours les mots justes pour retranscrire les scènes à l’hôpital. Cela se sentait. Or, lorsqu’on a vécu plus ou moins la même chose, on éprouve énormément d’empathie. Grâce à son œuvre, Virginie Grimaldi m’a aussi révélé l’existence d’une forme de bénévolat que je ne connaissais pas : les câlineurs, des personnes chargées de dorloter et offrir leur affection aux nouveaux nés hospitalisés. Une belle manière de prendre le relai aux parents épuisés ou absents. Je n’ai pas pu m’empêcher de me renseigner en allant sur internet. Cette association « Petits pas » n’existe pas. En revanche, cette pratique est très fréquente aux États-Unis et existe en France avec l’association « Main dans la main » ou encore « Les Blouses Roses » (qui soutiennent aussi bien les nourrissons, que les enfants/ados ou les seniors hospitalisés). Je trouve cela super que l’on mette en avant ces associations à travers la littérature et j’espère que cela inspirera certains lecteurs. Enfin, j’ai également été ravie de la belle place que l’auteure a fait au personnel hospitalier. Certes, j’ai croisé des personnes désagréables comme cette interne qui empêche Lili, la mère de Clément, la mère des triplés et le papa de Milo de festoyer après une heureuse progression, mais j’ai surtout rencontré de bonnes fées en blouse blanche. Comme Lili, je remercie ces femmes pour leur écoute, leur douceur, leur patience, leur bienveillance et, parfois, leur humour qui redonnait le sourire malgré la situation.

Ce livre est donc une pure merveille qui a résonné en moi. Je suis passée des rires au nœud à la gorge. Certes, il n’y a pas d’action, certains passages sont lents ou répétitifs toutefois, c’est normal. Quand on est dans une chambre d’hôpital, tous les jours se ressemblent, mais l’important, c’est de voir que son bout de chou se rétablit peu à peu. Avoir son enfant en bonne santé est un réel bonheur. Bravo à Virginie Grimaldi pour cet ouvrage qui a su atteindre mon cœur… Et me surprendre par son twist final ! Un bijou.

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Citations

Tout au long de la grossesse, j’ai pratiqué la pensée positive pour faire plier l’angoisse : tu naîtrais un jour de soleil radieux, les contractions se contenteraient de me chatouiller, la sage-femme se déplacerait en dansant, ton papa me déclamerait son amour, il ne ferait ni chaud ni froid, la radio diffuserait Radiohead, je pousserais deux ou trois fois dans le pire des cas, dans le meilleur je n’aurais qu’à éternuer, tu arriverais en pleine forme, on te poserait sur moi, tu accrocherais ton regard au mien, des larmes dévaleraient mes joues sans déformer mon visage, ton père nous embrasserait, et voilà, on serait une famille.
Ce n’était pas censé se passer comme ça.
Tu n’étais pas censée naître avant d’être prête.
Je n’étais pas censée être mère avant de le devenir.
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Je tremblais de rage. C’est pratique, la colère, pour camoufler la tristesse ou la peur, pour ensevelir la culpabilité ou la honte. C’est l’émotion joker, qui prend la place de celles qui nous encombrent et nous permet de mieux encaisser, tout en nous transformant en parfaits tyrans.
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Depuis qu’Édouard n’est plus boudin de porte, il se consacre à sa nouvelle carrière de castor. Il a attaqué la table basse, les pieds du buffet de l’entrée et le placard de la cuisine. Je suis étonnée qu’il ne chie pas des copeaux.
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J’ai beaucoup d’amour à donner mais plus personne pour le recevoir. Toutes les nuits, je fais des câlins à mes souvenirs.

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Ma note

5/5 Coup de cœur !

16 réflexions au sujet de « « Et que ne durent que les moments doux » de Virginie Grimaldi »

  1. Woauh je ne connais pas encore Virginie Grimaldi mais celui-ci je crois que je vais me jeter dessus. Puis je l’offrirai peut-être à ma maman. Elle pourra peut etre s’y reconnaitre ayant eu deux enfants né grands prématurés qui maintenant ont quitté le nid familial il y a peu

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