Horreur·Science Fiction

« Carne » de Julia Richard #plib2021

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Carne »
Auteur : Julia Richard
Genre : Horreur / Science-Fiction / Roman d’anticipation

Éditeur : L’Homme sans nom
#ISBN9782918541707

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résumé du livre

OK GOOGLE, ÇA CORRESPOND À COMBIEN DE CALORIES UN CORPS HUMAIN ? Simon ne va pas bien. D’ailleurs, depuis qu’il s’est mis à vouloir manger de l’humain, les choses ne tournent pas bien rond dans sa tête. Face à une société qui les traite, lui et ses congénères, comme des zombies, il fait de son mieux pour garder sa dignité, s’occuper de sa famille et être professionnel au bureau. Mais comment rester soi-même quand la faim frappe à la porte avec autant de délicatesse qu’un tank sur un champ de mines ? Contraint à gérer son état parasite en maintenant l’illusion de la routine, il décide d’en faire une histoire de famille. Et vous savez ce qu’on dit sur les histoires de famille ? C’est toujours un sacré bordel.
Et si on avait une bonne excuse pour croire à une apocalypse zombie ? Comment réagiraient les populations ? Les gouvernements ? Quel impact auraient nos médias ? Comment pourrions-nous être sûrs d’être dans le camp des héros ? Et que feraient ceux à qui on donne le mauvais rôle ? La culture de masse nous fait fantasmer les zombies, mais s’ils devenaient notre quotidien, qu’en ferions-nous ? Un postulat de départ sombre pour une fable d’anticipation sociale aux notes pop et punk.

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Ma critique

Vegans, âmes sensibles ou lecteurs anti-zombies, je vous déconseille de manger cette viande ! Non pas qu’elle soit avariée, mais cette carne vous fera frémir de dégoût ! Voilà un livre mettant en scène des mangeurs de chair humaine comme je n’avais jamais lu ! Julia Richard a proposé une sauce délicieuse pour accompagner sa barbaque : humour noir, scènes dérangeantes et sanglantes, narrateur confus luttant contre l’envie de se faire des knacki avec les doigts de pied de sa femme, horde de zombies revisitée, … Ce fut une bonne découverte qui ne manque pas de mordant, mais qui n’est pas à mettre entre toutes les mains ! Je remercie les éditions de L’homme sans nom qui a accepté de me laisser goûter à ces pages. Merci également à l’auteure pour sa petite griffe !

couv54526254L’ouvrage met en scène Simon, un père de famille lambda qui va réaliser qu’il est devenu un horrible carnassier après avoir boulotté son chien Wurst. La tension monte assez vite, notamment une fois la première victime croquée. D’ailleurs, j’ai trouvé que les pages se tournaient toutes seules, car l’intrigue devient rapidement prenante. Pourtant, il y a de quoi dérouter le lecteur, car l’auteure joue avec la démence de son narrateur et la mise en page. En effet, on constate rapidement que la numérotation des chapitres n’est pas respectée. J’ai d’abord cru à une lecture déstructurée comme avec « Le vide » de Patrick Senécal où on peut lire de façon chronologique en se référant au glossaire ou selon l’impression de l’ouvrage… Mais non ! « Carne » mélange volontairement le chiffre de ses chapitres dans tous les sens ! Ainsi, on peut très bien découvrir le chapitre -6, pour ensuite aller au chapitre 21, puis 5 ou 404 ! Ce nombre 404, qui revient d’ailleurs plusieurs fois au fil des pages, rappelle volontairement le message d’erreur sur les ordinateurs. Tromper avec les repères est très déconcertant et inhabituel. La typographie est également originale, car on distingue du texte en gras, des répétitions volontaires et beaucoup d’onomatopées. Julia Richard s’amuse aussi à entrecroiser certains passages, donnant alors l’impression d’être aussi confus que Simon. Qu’est-ce qui a eu lieu ? Que s’est-il passé entre temps ? Est-ce un cauchemar, de la démence ou la réalité ? On a la sensation de partager le trouble du héros qui ne sait malheureusement plus où il en est. Même si j’ai mis du temps à m’y habituer, ce procédé m’a plu, car je l’ai trouvé atypique et bien géré. Néanmoins, je peux comprendre que cela puisse déranger les lecteurs habitués à des récits plus classiques.

Habilement, l’auteure s’amuse avec le monde des zombies. On remarquera quelques clins d’œil à des chansons (ex : The cranberries), à de la littérature Z ou encore à des films du genre (ex : « Shaun of the dead » avec le Winchester). Il y a aussi d’autres références culturelles (« Un indien dans la ville », « Les bras de Morphée », etc.). Elle va également revisiter l’idée de horde avec le groupe des Apôtres, dont l’humour et le mode de vie m’ont rappelé « Le club des punks contre l’apocalypse zombie » de Karim Berrouka. Simon et ses congénères ne sont pas comme les goules de la plupart des ouvrages : ils ne sont pas des carcasses marchant lentement, la bave aux lèvres. Au contraire : Simon semble être encore très humain et a conscience de ses actes ! Certes, il a des pensées glauques, malsaines, incestueuses, cannibales et sordides… Cependant, il éprouve des regrets, utilise la carte de l’ironie, tente régulièrement de réfréner ses envies et continue d’essayer d’avoir une vie « normale » en allant au bureau ou en passant du temps avec sa famille. C’est un anti-héros complexe, pas forcément attachant (j’ai eu du mal avec les réflexions sur sa fille), qui va évoluer progressivement. D’une certaine manière, il m’a rappelé le personnage principal de « Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour » T1 de S. G. Browne, mais en plus taré ! Les protagonistes gravitant autour de Simon sont troubles. Jessica, la fille du narrateur, en est un parfait exemple. Sa froideur, sa vulgarité, sa détermination, son franc-parler, sa violence et son envie de vengeance m’ont fait vaciller. Certes, on comprend ses motivations, car ce qu’elle a vécu est horrible toutefois, son évolution ne m’a pas laissé insensible.

Derrière cette histoire de zombies et son humour noir, Julia Richard s’attaque à plusieurs thématiques comme les médias, la télé-réalité, le gouvernement, la justice et la société. C’est très intéressant, en particulier durant la dernière partie. « Carne » fut donc une découverte captivante, singulière, déroutante et originale qui fait réfléchir en cette période de pandémie… Mention spéciale pour le travail apporté au livre-objet, avec l’intérieur façon viande rouge. Êtes-vous prêts à plonger dans cette boucherie et à participer au festin ?

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Citations

Wurst ne bouge toujours pas. Sans m’en rendre compte, je lève mon bras et lui fracasse le crâne dans un craquement rude et creux. Il couine. J’ai déjà jeté la pierre dans un buisson sur le côté. Il glougloute et gémit. Je lui mords le ventre jusqu’à ce que la peau cède. Je tire sur l’orifice, recrache du poil, dévore le solide, engloutis le mou et mâche l’élastique. Je ronge ses pattes pour découvrir l’extase de cette fine couche souple de peau et de chair qui enrobe un tibia robuste et pourtant si fragile. Je racle ses côtes. J’aspire ses viscères. je bois son jus.
Je commence à être rassasié. Je suçote mollement ses entrailles puis lèche langoureusement sa gueule tiède.
J’aimerais pouvoir me rappeler que je n’ai pas pris mon pied dans cette activité, mais ça serait mentir.

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Pensez au tri ! Ensemble réduisons l’impact de l’homme en le mangeant.

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OK Google, c’est quoi le préavis de départ quand on licencie un stagiaire ? OK Google, ça a quel goût une rousse – non, pas une bière rousse, juste une rousse – ? OK Google, ça correspond à combien de calories un corps humain ?
125 000 à 145 000.
OK Google, tu crois que je devrais faire un régime ?

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Personne ne peut imaginer la détresse dans laquelle on doit être enveloppé pour en venir à ma décision. JE CRÈVE LA DALLE. Je n’arrive plus à penser qu’à ça. Je lorgne sur ma femme, et je refuse de lui faire l’amour de peur de me laisser aller à plus…
A la limite, un cuni une semaine de règles… Allez quoi, juste un amuse-bouche !
Non ! Vilain Simon ! Pas bien !

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Ma note

♥♥♥♥ 4/5

 

14 réflexions au sujet de « « Carne » de Julia Richard #plib2021 »

  1. J’aime beaucoup l’humour noir, mais comme tu t’en doutes, c’est probablement un peu trop glauque pour moi d’autant que rien que la couverture me dégoûte (ce qui est probablement l’effet recherché d’ailleurs).
    Sans la construction originale, je l’aurais offert à mon frère pour son anniversaire qui approche, mais le connaissant, cet aspect risque plus de l’agacer que de lui plaire… Pour ma part, c’est le point qui pourrait me pousser à feuilleter le livre malgré mon appréhension de certaines scènes.

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  2. Nom. De. Dieu.
    J’étais pas bien juste en lisant l’extrait où il mange le chien…. J’ai pas mal compris hein, il l’a bien mangé cru ???
    💀💀💀💀💀
    Je peux lire des récits de cannibalisme mais l’inceste envers son enfant me répugne. Donc, je fuis 😭
    (t’as des extraits sur l’inceste ? Elle a quel âge sa fille ? Pas une mineur j’espère, sinon il cumulerait toutes les deviance)
    En tout cas, ça sort clairement des sentiers battus

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    1. Lol oui, il a bien mangé son chien ! Alors qu’il le promenait tranquillement.
      Disons qu’il n’y a pas consommation, mais il y a clairement fantasmes et matage non-stop de ses formes. Cela remonte déjà ! xD Il me semble qu’elle est majeure. Mais bon, ça reste de l’inceste quand même à mes yeux, donc je ne me suis pas arrêtée sur l’âge.
      Oui, on est dans l’original !

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