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« Rouille » de Floriane Soulas

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Rouille »
Auteur : Floriane Soulas
Genre : Uchronie / Polar / Science-Fiction
Éditeur : Pocket

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résumé du livre

Paris, 1897. De nouveaux matériaux découverts sur la Lune ont permis des avancées scientifiques extraordinaires. Mais tout le monde n’en profite pas ! En dehors du Dôme qui protège le centre urbain riche et sophistiqué, le petit peuple survit tant bien que mal. C’est dans une maison close sur l’un de ces faubourgs malfamés qu’a échoué Violante, prostituée sans mémoire. Alors qu’elle se démène pour trouver son identité dans un monde dominé par les hommes et les puissants, sa meilleure amie disparaît dans d’atroces circonstances. Contre la raison, la jeune femme décide de prendre part aux investigations…

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Ma critique

Nouvelle plongée dans une uchronie se déroulant à Paris avec, cette fois-ci, une atmosphère Steampunk très sombre, notamment en raison d’un tueur enlevant, puis démembrant les prostituées ainsi que les enfants des rues… Bien que je ne sois pas une adepte du genre Steampunk, les autres éléments m’ont fait aimer cette lecture ! D’ailleurs, j’ai encore plus accroché à ce one-shot qu’à « Les noces de la renarde », pourtant dépaysant, agréable et intriguant. Ce qui m’a surtout plu, c’est l’ambiance des bas quartiers, leur fonctionnement ainsi que les différents personnages y évoluant. Violante, l’héroïne, n’a pourtant pas réussi à trouver une place dans mon cœur, notamment en raison de son tempérament affirmé, hautain, franc et parfois capricieux. Toutefois, j’ai adoré la suivre au quotidien et dans son enquête. couv52461356Malgré ses défauts, c’est une demoiselle intelligente, cultivée et observatrice. Même si elle est souvent guidée par sa sensibilité et son côté impulsif, il lui est arrivé d’avoir des réactions légitimes, en particulier dès que cela concernait son amie Satine ou encore son passé. De plus, j’ai aimé qu’elle appartienne à un monde peu ordinaire : celui de la prostitution. Cela change des héroïnes pures et aux mœurs parfaites. J’ai vraiment apprécié découvrir toute la gestion d’une maison close à ses côtés : le programme imposé, le nombre de passes à réaliser, l’encadrement et les règles, le suivi médical strict, les rivalités entre les filles, la jalousie dès que l’une d’elle a quelque chose en plus, … C’était intéressant et bien retranscrit !

Les personnages côtoyant la maison close sont nombreux cependant, je n’ai pas été perdue, car on cerne vite les personnalités importantes, qui sont d’ailleurs généralement narratrices. Il y a par exemple Léon (un proxénète sympathique qui a trouvé Violante dans la rue et l’a engagée en pensant la sauver), Jules (un homme de main de Léon allant souvent aider l’héroïne), Surin (un marin qui porte bien son nom et dont le côté « cogneur » m’a rappelé un homonyme dans The Witcher), Madeleine (la tyrannique maquerelle), le comte Armand de Vaulnay (qui va prendre la jeune femme sous son aile), un curieux narrateur assassin dont découvre l’identité plus tard, etc. Hélas, on n’échappe pas à certains personnages caricaturaux comme la rivale Livia ne faisant que critiquer et envier Violante, le commissaire SM qui ne servira pas à grand-chose, la gentille amie mais trouble, … C’est un peu dommage toutefois, ils permettent au moins à Violante d’évoluer et d’apprendre à se connaître elle-même. D’ailleurs, toute cette quête sur les origines de la belle m’a intéressée. Même si on anticipe plusieurs choses, c’était très prenant !

Avant d’acquérir cet ouvrage, j’en avais eu plusieurs échos, que ce soit sur la blogosphère ou grâce aux Imaginales, puisque « Rouille » a été élu « prix imaginales des lycéens » en 2019. Il me semble également qu’il a eu le Prix ActuSF. J’avais donc des attentes envers cette uchronie ! Heureusement, j’ai été satisfaite : le rythme (que je savais assez lent) m’a plu, les personnages étaient originaux et agréables à suivre, tandis que l’ambiance des bas quartiers couplés à l’idée d’un « Jack l’Eventreur » français me fascinait. J’ai tout simplement adoré ! Les seuls reproches que je peux faire, c’est le manque d’attachement envers l’héroïne et certains éléments finalement assez clichés ou prévisibles. Beaucoup de lecteurs ont reproché le manque de développement du genre Steampunk. C’est vrai ! Hormis des animaux mécanisés, quelques prothèses et la Rouille, c’est très léger et finalement peu utile. Néanmoins, ce n’est pas un défaut pour moi, car je n’aurais sans doute pas autant aimé si c’était trop poussé. Ainsi, ces points négatifs n’ont pas réussi à entraver mon ressenti général qui est positif. Je vous recommande cette lecture, si vous cherchez une enquête mêlant drogue, pauvreté, prostitution, amnésie et meurtres en série… Merci aux éditions Pocket pour cette découverte qui me faisait envie depuis un certain temps !

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Logo-Pocket.

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Citations

Tu sais ce qu’on dit chaton : Quand tombe la nuit, choisis bien ta souris.

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Il faisait sombre et humide. Le boyau de pierre brute était seulement éclairé par la petite lampe à huile tendue au bout de son bras. Les ténèbres essayaient de happer cette lumière tremblotante, léchant ses contours de leurs langues avides, avançant leurs tentacules vers lui. Il se demanda s’il était possible de se fondre dans le noir, d’y disparaître entièrement. Mais la flamme restait droite dans l’air lourd et épais de poussière. Alors il continua son chemin. Il marcha droit devant lui, une main effleurant la paroi rugueuse comme un fil d’Ariane, moite sous ses doigts. De temps à autre, il relevait la tête et sa lampe pour lire les inscriptions gravées tout en haut des murs. Il dépassa plusieurs croisements et s’enfonça plus profondément dans les entrailles de la ville. La lampe jetait des ombres effrayantes autour de lui, mais il ne craignait pas ces mirages sombres. Il était la personne la plus à craindre dans ces tunnels, il en était conscient.

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Violante observait son reflet, éclaté dans les dizaines de miroirs qui tapissaient les murs et le plafond de la chambre. Elle aimait cet instant après les passes où, tant que personne ne parlait, il était encore possible d’oublier qu’elle venait d’ouvrir les cuisses pour une heure de plaisir à prix d’or.

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Évidemment qu’elle ressemblait à cette Viviane. Toutes les prostituées ressemblaient à un amour interdit et trop tôt disparu.

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Ma note

4,5/5

14 réflexions au sujet de « « Rouille » de Floriane Soulas »

  1. J’ai bien aimé cette lecture aussi 🙂
    Je n’ai même pas remarqué qu’il y avait peu de steampunk ^^
    J’ai plus lu de critiques sur le contraste entre les scènes violentes gores sans trop de tabou et les scènes de sexes très éludées alors que c’est une prostituée 🙂 même si perso, ça ne me gène pas vu que je n’aime pas les scènes trop crues dans cette catégorie.
    Je suis d’accord avec ta chronique et il faut que je lise son 2eme bouquin un de ces jours 🙂

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    1. Contente de voir que notre ressenti général est similaire ! ❤
      Ah ? Je trouve qu'il y a eu de steampunk et d'uchronie, mais l’ensemble passe super bien quand même.^^ Par contre, comme tu te doutes, le côté gore sans tabou ne me dérange pas. Quant aux scènes de sexe éludées, ce n'est pas plus mal, car cela aurait été redondant, peu utile à l'intrigue et effectivement pas ma tasse de thé non plus.
      J'espère que tu apprécieras Les noces de la renarde autant que moi malgré le rythme lent. :*

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      1. Je le lis 2 ans plus tard et quel régal ! Finalement j’ai adoré ce décor du Paris de la Belle Epoque et je n’ai pas eu ce sentiment de lenteur, au contraire, j’ai trouvé ça prenant et entêtant. Le steampunk m’a semblé justement dosé aussi pour ce que l’autrice souhaitait raconter. L’aventure m’a beaucoup plu !

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  2. Après avoir lu plusieurs avis mentionnant le problème du proxénète sympathique parce que l’idée est quand même dérangeante et loin de la réalité, j’avais mis le livre de côté, mais ton avis pourrait me faire reconsidérer les choses. Je reste un peu frileuse sur le côté prostitution, mais il semble y avoir une bonne description de l’envers du décor que je n’ai encore jamais rencontrée dans un roman.
    Quant à l’ambiance des bas quartiers et l’idée d’un Jack L’éventreur français, ça j’adhère complètement !

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    1. Effectivement, cela peut poser problème, mais je ne me suis pas arrêtée sur ce détail, ni sur le fait qu’il s’implique beaucoup dans l’affaire plutôt qu’utiliser des hommes de main, car les qualités du livre effacent ce ressentiment. Et comme on s’attache à lui, ces détails passent à la trappe !^^
      L’envers du décor est effectivement original et « dépaysant ». J’ai trouvé que cela changeait des récits habituels.

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  3. Tu l’as à l’évidence plus apprécié que moi ; bon, ce n’était pas si mal, mais je trouvais que c’était trop édulcoré pour être crédible. Et il me manquait le côté steampunk, mais c’est vrai que ce n’est pas un défaut pour tout le monde.
    Je suis curieuse de savoir ce que proposera l’auteure d’autre ceci dit, car j’ai beaucoup aimé Les Noces de la renarde 😉.

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    1. C’est vrai que certaines choses sont édulcorées, mais ça n’est absolument pas un point qui m’a dérangé. Par contre, pour le steampunk, je comprends que cela dérange les lecteurs qui adorent ça ! (Mais effectivement, pas un défaut pour tout le monde, notamment pour moi. :D)
      Idem, je suis curieuse de voir quel univers elle va exploiter ainsi que l’histoire. Certainement dans l’imaginaire, mais à voir ce qu’elle proposera.^^

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