Un avis de Saiwhisper
Titre : « Signé Poète X »
Auteur : Elizabeth Acevedo
Genre : Roman contemporain / Romance / Littérature jeunesse – young adult
Éditeur : Nathan
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Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.
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Attirée par la superbe couverture et par deux recommandations de blogueuses que je suis (Light and Smell et Minimouth Lit), j’ai eu envie de découvrir à mon tour cet ouvrage. J’ai apprécié le voyage même si, je l’avoue, je m’attendais tout de même à un peu plus. Avec du recul, certains protagonistes auraient pu être davantage approfondis, notamment Xavier (qui a pourtant un potentiel énorme et qui devra faire face à ses propres combats), Caridad ou le père de famille. J’ai eu l’impression que cet entourage manquait cruellement de consistance ! C’est dommage, car si on les avait vus un peu plus, mon ressenti aurait été différent et j’aurais peut-être ressenti le même coup de cœur que la majorité des lecteurs. Cependant, je comprends le choix de l’auteure qui a surtout désiré mettre en avant sa narratrice ainsi que sa génitrice… En outre, j’ai regretté que certains passages ne soient pas traduits. Bien qu’on comprenne leur sens, j’aurais voulu comprendre chaque mot…
Ce roman est écrit à la première personne et prend des allures de journal intime rédigé en vers libres. Bien que déstabilisant au début, ce procédé apporte beaucoup d’émotions. Très vite, les mots de Xiomara m’ont prise aux tripes. J’ai été bouleversée par cette héroïne à forte personnalité qui va faire entendre son cri, sa détresse, sa colère et son envie de liberté à travers l’écriture. Le slam sera son salut et la plume son exutoire. Assez d’être bridée, violentée et rabaissée ! La belle adolescente à la peau noire et aux rondeurs attirantes a envie d’être amoureuse comme toutes les filles de son âge ! Elle veut être considérée, écoutée, respectée, aimée. Exister. Grâce au style simple, fluide, direct et sans fioriture, Xiomara donne l’impression d’être comme n’importe quelle adolescente. Ainsi, je pense que les jeunes lecteurs n’auront aucun mal à s’identifier à elle. D’ailleurs, sa quête identitaire et ses réflexions sont celles qui traversent la majorité des gens : l’amitié, l’affection/différence/rivalité entre frère et sœur, la découverte, les premières fois, l’amour, l’interdit, etc.
Un profond sentiment de révolte m’a animée au fil des pages. En effet, je ne pouvais rester de marbre face aux injustices quotidiennes, aux phrases déplacées sur son physique et aux situations troubles que va vivre la jeune fille. Cette dernière est surtout brimée par sa mère, une femme implacable très croyante, voire fanatique. Or, la génitrice fait réellement la distinction entre sa fille et son fils. Lorsqu’un comportement lui semble déplacé, elle n’hésite pas à brandir le drapeau de la foi. Quant au père de famille, il est tout simplement éteint et dans sa bulle. Il laisse son épouse tyrannique diriger le foyer… Et détruire peu à peu l’héroïne à petits feux ! La scène finale du carnet m’a d’ailleurs complètement chamboulée. J’avais envie de hurler avec Xiomara et ne comprenais pas comment on pouvait agir ainsi !
J’ai refermé ce livre avec émoi. C’était à la fois très intéressant, puissant et avec de beaux messages. Le style des vers libres est atypique toutefois, cela peut plaire comme rebuter. Mais cela a fonctionné avec moi ! Malgré mon ressenti sur le manque de profondeur des personnages secondaires, je pense que c’est tout un texte à lire, car il fait écho à des choses du quotidien, tout en mettant en lumière une héroïne à la fois forte et combattive.
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Les mots, ça donne la permission
d’être soi-même. De l’être complètement.
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Les autres filles disent que je me la pète. Pute. Pouffe.
Nympho.
Quand ton corps prend plus de place que ta voix,
la rumeur vient se coller à toi.
Mieux vaut laisser parler ses poings.
Mieux vaut laisser
tes épaules se hausser
si des insultes prennent la place de ton prénom
quand on s’adresse à toi.
Je me suis construit une carapace aussi épaisse que moi.
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Ce qui
m’apaise
c’est mon carnet,
écrire écrire écrire,
tout ce que j’aurais voulu dire,
transformer en larmes de poèmes
toutes mes pensées coupantes,
les imaginer trancher net
mon corps pour
que j’en
sorte.
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Un truc bien
quand on est amie avec quelqu’un,
c’est qu’on l’aide à devenir
elle-même, mais en mieux,
on lui donne un refuge
contre la solitude.
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♥♥♥♥ 4/5
Partout où je passe, j’en entends beaucoup de bien 😀
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Il vaut effectivement le détour !^^
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Merci pour le lien 🙂
J’ai ressenti la même frustration que toi devant les mots non traduits, c’est dommage parce que dans un texte en vers libres, chaque mot a son importance…
Je partage également ton avis sur les personnages secondaires et notamment Xavier qui aurait pu permettre de soulever en profondeur certaines thématiques, mais c’est vrai qu’on comprend le choix de l’autrice de resserrer son histoire autour de Xiomara et de sa mère.
Quant au sentiment de révolte que cette lecture a suscité en toi, je le partage entièrement. Cette mère fanatique et sexiste m’a tellement mise en colère !
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Avec plaisir ! ❤ Merci à toi pour la découverte !
Exactement pour le manque de traduction et chaque mot ayant son importance. C'est la réflexion qui m'animait à chaque fois que je croisais une phrase non traduite.
Je suis contente de voir que nous avons le même ressenti sur Xavier et la mère. Son côté sexiste est effectivement aussi révoltant que sa foi incommensurable… C'est notamment bien visible au début, avec l'aide à la maison uniquement obligatoire pour les garçons. C'est encore ainsi dans certaines familles, cela dit… Mon demi-frère a été éduqué comme ça… Les pieds sous la table, à l'inverse de ma cadette et moi qui avons aidé très tôt, ne serait-ce pour la vaisselle… Comme quoi !…. Pas besoin d'aller loin. (Ouf, pas de côté fanatique religieux ! Quelle horreur ! D'ailleurs, le passage où la génitrice tire/traine sa fille par les cheveux après le baiser dans le bus m'a glacée !!!)
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Je compatis, c’était également comme ça du côté de ma mère et comme tu le dis, c’est encore le cas dans certaines familles 😦
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Espérons qu’un jour cela change, ne serait-ce avec nous, nouvelle génération ne voulant pas que nos enfants vivent ce que nous avons ressenti.
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Ce livre est dans ma wishlist depuis tellement de temps !
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J’espère que tu auras l’occasion de le découvrir un jour. 🙂
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Je l’avais reçu l’été dernier par la maison d’édition. Je ne l’avais pas demandé donc il traîne toujours dans ma PAL car je reconnais qu’il me tente moyennement… Enfin, le vers libre me rebute énormément.
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Oh, dommage, même si je comprends. Mais il se lit vite et bien ! 🙂
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Je suis justement en train de le lire. 🙂
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Alors, ça te plait ? Bonne lecture !
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Oui, beaucoup! J’adore la manière de raconter de l’autrice.
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Oui, l’idée de vers libres passe très bien ! Et le contenu est fort ! Surtout dès qu’il est question d’émotions ou des passages avec la mère de l’héroïne…
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