Romances·Science Fiction·Young adult

« Extincta » de Victor Dixen

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Extincta »
Auteur : Victor Dixen
Genre : Science-Fiction / Romance / Young Adult
Éditeur : Collection R / Robert Laffont

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résumé du livre

L’espèce humaine disparaîtra dans 255 heures. Les pires prédictions climatiques se sont réalisées, le Grand Effondrement a eu lieu et presque toutes les espèces animales se sont éteintes. Les derniers Humains se sont réfugiés dans les dernières Terres : un archipel rocailleux surgi des glaces, où ils survivent dans des cités-royaumes éparses. Accaparés par la lutte pour les maigres ressources, ils ignorent que l’ultime cataclysme est sur le point de balayer ce qu’il reste de l’espèce Homo sapiens.
L’ultime histoire d’amour s’écrira en lettres de feu. Née dans les bas-fonds de Viridienne, la cité-royaume pourrissante envahie d’algues, Astréa rêvait de se consacrer tout entière au culte de Terra. Mais sa foi vacille le jour où son frère est accusé de sacrilège et condamné à mort. Élevé derrière les remparts du castel, le prince Océrian était né pour régner. Mais un mystérieux accident lui arrache sa jambe et son honneur, l’écartant à jamais de la ligne de succession.
Le destin va jeter ces assoiffés de justice l’un contre l’autre, embrasant leurs cœurs avant de consumer le monde. La flamme brûle plus fort juste avant de s’éteindre.

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Ma critique

Trois jours après la lecture de ce roman d’anticipation et je ne sais toujours pas quoi en penser… Pour moi, il y a de très bons éléments qui m’ont donné envie de suivre cette aventure et de réclamer une suite, mais je distingue aussi des choses qui m’ont ennuyée, voire agacée. C’est donc un sentiment mitigé qui m’a animée au fil des pages… La première chose qui me vient, c’est bien sûr tout le travail esthétique porté à ce titre. La couverture est magnifique, notamment avec la murène et le serpent argentés au milieu d’algues denses dont le vert se reflète. C’est un très beau livre objet qui donne envie au lecteur de regarder ce qu’il y a sous la couverture. L’intérieur est également travaillé. J’ai apprécié cette idée de décompte avant la fin du monde : on découvre une bougie qui se consume de chapitre en chapitre. En bas de chaque page, il y a aussi des noms d’animaux ou d’espèces en latin (bythiospeum putei qui est un petit coquillage, eleutherodactylus eneidae est une grenouille, pharotis imogene est une chauve-souris, etc.). Ce dernier point n’apporte pas grand chose cependant, cela m’a amusée de taper quelques noms sur un moteur de recherches. De plus, cela montre à quel point le monde animal est riche ! C’est d’autant plus effrayant que, dans ce livre, les bêtes ont quitté la surface de la Terre… L’emploi du latin, langue morte, confère un aspect scientifique et en même temps accentue l’idée d’espèces éteintes.

En effet, après avoir publié des titres futuristes avec la conquête de Mars et les Intelligences Artificielles, on va continuer d’avancer dans le temps en proposant un avenir funeste. Comme dans « Et le désert disparaîtra » de Marie Pavlenko lu ce mois-ci, le monde est dépouillé de toute vie : l’eau potable est quantifiée, la végétation a laissé place au désert et les animaux sont rarissimes. La nature luxuriante n’existe plus. Les derniers survivants se sont réfugiés dans les Dernières Terres où la vie est difficile. Comme souvent dans les dystopies, les rescapés sont divisés en plusieurs classes et métiers. Astréa, l’héroïne, appartient aux plus démunis : elle est une suante et passe ses journées à racler le sol, sous le soleil mordant et les coups de fouet. Son quotidien est rude, peu enviable et provoque immédiatement l’empathie du lecteur. Astréa est une adolescente courageuse, forte, belle, sensible et intelligente. Elle a des principes et de belles valeurs familiales. Ainsi, lorsque son frère Palémon est accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, elle décide de tout faire pour le sauver. Cette demoiselle droite dans ses bottes est un personnage classique, mais déterminé. De ce fait, j’ai été enchantée de la suivre dans sa quête. Son entourage est également intéressant et attachant. C’est en particulier le cas du tandem qui va suivre la jolie suante : Margane (une amie d’enfance féministe et portant un lourd secret) et Sépien (un petit escroc roublard mais loyal, amoureux d’Astréa depuis longtemps). Le trio forme un bon groupe, touchant, soudé, intrépide et parfois amusant. Ensemble, ils vont affronter des dangers, des rencontres, des trahisons et des épreuves aussi bien physiques que psychologiques. Cette traversée jusqu’à Palémon a été prenante toutefois, j’ai trouvé que c’était assez long… Quelques passages auraient mérité d’être écourtés, même s’ils ont surtout permis aux personnages secondaires de se révéler, de gagner en consistance et de tisser des liens.

J’avoue qu’avec le résumé, je m’attendais à ce que Victor Dixen s’attarde un peu plus sur la romance en mettant davantage de beaux moments d’échanges. Certes, il y en a eu néanmoins, ce ne fut pas assez pour moi. Le second héros et narrateur, le prince Océrian, n’a pas su trouver une place dans mon cœur. Je trouvais qu’il s’attachait bien trop vite à Astréa… Comme la majorité des personnages, d’ailleurs ! Quel harem ! Si bien que je n’ai pas cru à leur histoire d’amour qui, si on y réfléchit, s’étale sur une poignée d’heures. Ce coup de foudre était trop facile, surtout qu’il a commencé par de la haine et a très longtemps oscillé entre attirance et colère. De ce fait, certaines décisions finales m’ont paru grotesques et irréalistes. Le couple Océrian et Astréa ne m’a pas semblé crédible. Or, je pense que cela m’a fait passer bien à côté de ma lecture… Le beau Prince avait pourtant quelques atouts susceptibles de me plaire : il était handicapé, fait rare en littérature jeunesse/ado/YA. Sa jambe en bois en forme de narval est un élément bien exploité au fil du récit. On sent qu’il n’est pas estropié pour rien et que cette spécificité a été pleinement réfléchie par l’auteur. D’ailleurs, j’ai aimé tout le travail autour de la psychologie du jeune homme, le rendant ainsi blessé, honteux, torturé et méfiant vis-à-vis des autres Apex (l’élite des riches et des seigneurs). Hélas, en raison de son côté amoureux transi sorti de nulle part, j’ai fait un réel blocage sur Océrian, préférant largement les autres prétendants de l’héroïne, bien plus à même d’avoir construit un lien solide avec elle.

Malgré la romance à laquelle je n’ai pas cru et en dépit des longueurs ressenties durant le périple, j’ai beaucoup aimé l’univers. On sent à quel point il est riche et même compliqué ! Entre les différentes castes, les spécificités des Apex, les modes de vie, les noms parfois complexes, les nombreux personnages secondaires, les objets de tous les jours qui ne sont pas forcément les nôtres et les animaux-greffes, il y avait beaucoup d’informations à prendre en compte. Or, je reconnais avoir eu besoin d’une centaine de pages avant d’être à l’aise avec ce monde post-apocalyptique. Heureusement, j’ai fini par comprendre et assimiler l’ensemble, admirant les nombreux détails que Victor Dixen a mis en avant. J’ai également été ravie de voir à quel point l’auteur a donné une belle place à la littérature et aux langues. Ainsi, même si je n’ai pas tout aimé dans cette œuvre écologique, j’ai été satisfaite du voyage et espère que l’humanité ne connaîtra jamais ce sort…

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Citations

La bravoure se mesure sur les champs de bataille, et non pas aux provocations puériles !
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Aujourd’hui encore, les Derniers Humains expiaient la démesure de leurs ancêtres. Ils avaient dû fuir le monde d’avant, ravagé par les pluies acides, les incendies titanesques et les canicules mortelles. Rescapés venus de tous les horizons, ils s’étaient fondus au fil des générations en un seul peuple métissé, parlant une seule langue : le parler commun, hybride bancal de tous les idiomes.
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La poésie, c’est un moyen magique de voyager sans bouger.
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Parfois, quand parlaient les yeux et chantaient les cœurs, les langues pouvaient se taire.

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Ma note

 

♥♥♥ 3,5/5

16 réflexions au sujet de « « Extincta » de Victor Dixen »

  1. Très belle chronique ! Ce roman est dans ma PAL depuis sa sortie, je sais qu’il y a beaucoup d’avis mitigés dessus, du coup je n’ai pas trop d’attentes et j’ai tout de même envie de le découvrir !

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  2. j’apprécie les romans de cet auteur, mais je n’ai pas lu celui ci… dommage pour cette semi déception 😦 j’ai quand même envie de le lire, car le côté fin de l’humanité pour cause de destruction de l’écosystème m’intéresse beaucoup ! merci pour la chronique 🙂

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  3. Un harem, carrément ! Eh bien, c’est le mot qui me fera fuir, car les romances en YA me tapent de plus en plus sur les nerfs. C’est dommage, parce que les autres éléments que tu cites donnent tellement envie, surtout que j’adore le post-apocalyptique. Mais, comme pour toi, je pense que ça gâcherait en partie ma lecture. Tant pis 😉 !

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    1. Ils ne sortent pas avec la demoiselle, mais je ne savais pas comment expliquer cela autrement, étant donné que tous ont des sentiments amoureux pour elle. xD
      Comme je t’avais dit en MP sur Insta, j’ai peur que la romance prenne trop le dessus sur le reste comme l’univers (effectivement intéressant)… 😦

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  4. C’est franchement dommage que l’héroïne semble subjuguer tous les mâles et que la romance ne soit pas crédible, mais devant les autres atouts du roman, notamment la construction des personnages pris individuellement, je pense tenter à l’occasion la lecture. Et puis, je résiste rarement à un bel objet livre !

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