Romans

« Alors voilà : Les 1001 vies des urgences » de Baptiste Beaulieu

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Alors voilà : Les 1001 vies des urgences »
Auteur : Baptiste Beaulieu
Genre : Roman contemporain / Autobiographie
Éditeur : Le Livre de Poche

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résumé du livre

Alors voilà le récit au quotidien d’un apprenti médecin qui joue des claquettes entre les différents services des Urgences avec ses co-internes. Là, pendant sept jours, il décrit à une patiente en stade terminal ce qui se passe sous les blouses et dans les couloirs. Pour la garder en vie le temps que son fils, bloqué dans un aéroport, puisse la rejoindre. Se nourrissant de situations bien réelles, vécues par lui ou par ses collègues, chirurgiens ou aides-soignants, Baptiste Beaulieu passe l’hôpital au scanner. Il peint avec légèreté et humour les chefs autoritaires, les infirmières au grand cœur, les internes gaffeurs, les consultations qui s’enchaînent, les incroyables rencontres avec les patients…

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Ma critique

J’ai acheté cet ouvrage sur un site d’occasion en me fiant aux avis enthousiastes sur internet. J’aimais beaucoup l’idée de rendre hommage à tous ces employés en milieu hospitalier, surtout en ce moment. L’auteur étant lui-même interne, j’estimais qu’il serait tout à fait apte à parler de son univers, des patients rencontrés et de moments aussi durs que touchants. De ce point de vue-là, je reconnais avoir trouvé mon compte, car certains passages m’ont terriblement émue, tandis que d’autres m’ont révoltée, écœurée, ennuyée, charmée ou fait rire. C’est toute une palette d’émotions que l’on ressent au cours de sa lecture. Certes, certaines d’entre elles sont parfois contradictoires, mais cela reste globalement une lecture correcte.

Le livre est apparemment un condensé reliant les articles de blog de l’auteur. Pour témoigner jour après jour et heure après heure son métier, ce dernier a décidé de coucher son quotidien. Il offre ainsi ses chroniques hospitalières au quotidien. L’idée est séduisante, d’autant qu’elle permet de balayer toute sorte de patients : ceux qui ne font que passer et ceux qui restent jusqu’à aller mieux… ou qui mourront sur place. En fil rouge, la femme-oiseau-de-feu, atteinte d’une maladie incurable, qu’il va maintenir en vie grâce à ses petites histoires. Pour rendre ces longues journées plus digestes, Baptiste Beaulieu utilise la carte de l’humour. Souvent, cela fait mouche néanmoins, en tournant la dernière page, en laissant les jours filer avant de faire une chronique et en tentant de raconter quelques passages à des proches, j’ai réalisé que c’était un titre très sombre. Il y a souvent des décès, des accidents terribles ou des patients aux problèmes bouleversants. Certes, c’est la vie, mais j’ai finalement plus retenu des instants tristes que des joyeux… C’est assez déprimant !

Ce ressenti est assez curieux, car je n’avais pas eu cette impression lorsque j’ai commencé « Alors voilà : Les 1001 vies des urgences ». Au départ, j’étais même plutôt enthousiaste. J’appréciais grandement la sensibilité, l’autodérision, la bienveillance l’humanité et la fraîcheur du narrateur. Derrière ces nombreuses rencontres, on pouvait distinguer des leçons de vie (ex : l’histoire du brûlé suicidaire futur papa), des messages préventifs (palpez-vous les seins et évitez l’alcool !), des déclarations affectueuses pour ses collègues (Bertha, Chef Pocahontas, Blanche, Frottis et compagnie) ainsi que des techniques originales pour soulager ses patients (ex : chansons, danses, humour avec la coloscopie). L’ensemble était assez sympathique. Certes, le ton est plutôt moralisateur, cependant on n’y fait plus spécialement attention au bout d’une cinquantaine de pages. En revanche, j’ai eu de plus en plus l’impression d’avoir affaire à un catalogue de cas ou de maladies. De plus, les journées étaient longues et redondantes, si bien que j’avais l’impression de ne pas en voir le bout ! D’ailleurs, je plaide coupable : j’ai fini le roman en lisant le dernier tiers en diagonale ! Cela me paraissait interminable.

Je pense que si je n’avais pas lu ce titre avec mon amie Siabelle, j’aurais décroché en cours de route. Heureusement, nos nombreux échanges m’ont permis de tenir et de partager. Merci à elle pour nos discussions et pour m’avoir rejoint derrière les portes des urgences avec l’interne Baptiste Beaulieu ! Un conseil : ne le lisez pas d’une traite afin d’éviter l’indigestion. Il est préférable de le découvrir au compte-goutte, un peu tous les deux jours…

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—> Découvrez l’avis de Siabelle

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Citations

La plupart des chroniques sont drôles : avant que sa maladie ne la tue, je la ferai mourir de rire.

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Hier, c’en était trop, la femme-oiseau-de-feu a haussé le ton et, avec l’air d’une mère qui dispenserait une leçon à son fils, elle a tapoté ma joue :
– Vous vous inquiétez tous pour rien : mon état ne signifie pas que je vais mourir, mais que je suis arrivée à la fin de ma vie.
Voilà : pas sa mort, non, mais la fin de sa vie. Tout simplement. Pour elle, la différence est abyssale. Elle est sereine dans sa douleur et dans la fin de sa vie. Réfléchit-on jamais au sens de certains mots ? Ils sont cuisants comme une brûlure de cigarette, mais ils font sens.

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Pourquoi se palper les seins ?
1 – Parce qu’une femme, nue sous la douche, qui se savonne, et se palpe la poitrine, c’est Bien. C’est Bon. C’est Beau. C’est une prescription médicale contre la morosité ambiante. Et c’est Sexy.
2 – Parce que tant qu’on ne se réveille pas un matin avec un Post-it marqué « CANCER » en rouge sur le téton, l’auto-palpation reste le moyen le plus facile/économique/rapide/efficace pour une femme d’éviter de chevaucher le poney multicolore trop tôt.
3 – Parce que des milliers d’hommes tueraient pour être à votre place.

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Les femmes battues sont comme la mer. Il y a le flux et le reflux. Elles viennent, repartent, reviendront encore, la plupart échouent à couper les liens qui les retiennent prisonnières de leur tortionnaire. Pourquoi ? Par amour, oui, on peut aimer un monstre quand il s’embusque sous le masque banal du quotidien. Par peur, très souvent. Par dévotion: « Il y a les enfants et ils vivent encore à la maison. » Par espoir: « Il changera, il reviendra celui dont je suis tombée amoureuse. » Par empathie: « Il est malheureux. » Par dévalorisation: « Je ne suis rien. »
Les femmes battues sont comme des vagues: elles se brisent chez nous et repartent avalées par le ressac des conventions. Parfois, elles ne reviennent pas:
1- elles ont enfin brisé leurs digues et pris le large. C’est bien;
2- ou elles se sont échouées sur les rochers et sont devenues écume de mer, comme la sirène du conte.

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Ma note

2,5/5

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8 réflexions au sujet de « « Alors voilà : Les 1001 vies des urgences » de Baptiste Beaulieu »

  1. L’effet catalogue semble assez rébarbatif… Une amie m’a donné ce livre et je pense suivre ton conseil, le lire petit à petit pour éviter l’indigestion. Quant à l’auteur, je le suis sur Twitter et j’aime beaucoup ses interventions toujours très bienveillantes et son engagement pour le bien-être des patients.

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