Un avis de Saiwhisper
Titre : « Gros sur le cœur »
Auteur : Carène Ponte
Genre : Roman contemporain / Littérature pour ado
Éditeur : Michel Lafon
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C’est l’histoire d’une adolescente sans doute un peu trop ronde, sans doute un peu trop fragile. C’est l’histoire d’un nouveau lycée, des yeux qui dévisagent, des yeux qui jugent. C’est l’histoire d’un professeur d’allemand qui séduit. Mélissa, 17 ans, suit ses parents dans une nouvelle ville, un nouveau lycée. Année de terminale sur la corde raide. Année charnière entre dégoût de soi, et renaissance.
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Suite à une envie soudaine de replonger dans la plume de Carène Ponte (j’avais aimé « D’ici là, porte-toi bien » et « Vous faites quoi pour Noël ? »), j’ai craqué en achetant plusieurs de ses écrits. « Gros sur le cœur » m’intéressait, car il aborde la grossophobie, un thème délicat et contemporain. Or, que ce soit il y a vingt ans ou maintenant, le physique est un sujet source de mal-être, de remarques et de moqueries, notamment à l’adolescence. Le collège et le lycée sont une jungle où il faut apprendre à survivre et à se défendre… Être trop gros/maigre/grand/petit, avoir des poils, posséder un handicap plus ou moins visible, avoir une tête qui ne revient pas à quelqu’un, etc. Un rien suffit pour attirer l’attention de personnes malintentionnées qui apprécient le fait d’humilier, de tourmenter et de violenter autrui ! Le sujet du harcèlement a inspiré de nombreux auteurs. De ce fait, le sujet a été vu et revu, si bien que les ouvrages ont parfois du mal à se démarquer… Hélas, celui-ci ne sort pas beaucoup des sentiers battus et ressemble à des histoires que j’ai déjà lues. Cependant, il n’est pas mauvais pour autant : l’auteure apporte énormément de sensibilité, propose des moments intenses ainsi qu’un scénario crédible. On pourrait donc dire que c’est un roman classique dans le thème abordé, mais efficace et avec des messages importants !
Ainsi, même si j’avais anticipé tout le scénario, je me suis régalée avec la narration fraîche, dynamique, jeune et accessible de Mélissa / Mèl. Cette dernière est une adolescente mal dans sa peau, grande, ronde et peu habituée à se mettre en valeur. Il lui arrive d’avoir un tempérament explosif et une forte personnalité, en particulier avec sa mère qui tente d’engager la discussion dès qu’elle le peut. Hélas, les choses se font différemment dans l’enceinte du lycée : Mèl est moquée, pointée du doigt, puis insultée par Morgane et sa bande. En quelques jours, Mélissa Grabeau devient « Sac à Gras ». C’est alors que la descente aux enfers commence : les larmes, l’incompréhension, l’humeur qui joue au yoyo, l’anorexie/les repas qui sautent, l’automutilation, la dépression, … Carène Ponte arrive parfaitement à retranscrire la peine de son héroïne et suscite immédiatement l’empathie du lecteur. Pour ma part, je ne pouvais être indifférente face aux insultes jetées aux visages de Mèl. Or, ce fut encore plus difficile de rester de marbre face aux actes violents de cette horrible peste de Morgane… ou encore face à ceux de David Mélin, le voisin et professeur d’allemand de la jeune fille…
En plus d’aborder le thème du harcèlement scolaire, du cyberharcèlement et de la grossophobie, ce livre va également toucher le sujet de la relation pédophile entre un enseignant et ses élèves. En ayant lu le résumé et en ayant vu le comportement déplacé de David, j’avais compris ce qu’il allait arriver. On pourrait penser que ce passage est exagéré toutefois, je l’ai trouvé réaliste. Ce genre de cas arrive encore aujourd’hui ! Il est primordial d’alerter les jeunes lecteurs afin qu’ils soient vigilants. Pour en revenir à Mélissa, j’ai trouvé que l’auteure avait très bien développé sa psychologie, son attirance ainsi que son attachement pour le professeur. Cela ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe. David est le seul à être sympathique avec elle. Alors, lorsque le beau trentenaire se montre de plus en plus tactile, manipulateur et à l’écoute, on comprend le fait que Mèl cède ! Comment se refuser à celui qui est comme sa bouée de sauvetage ?
Bien que stéréotypés, les personnages secondaires sont intéressants. J’ai apprécié le développement ainsi que la personnalité de Mathilde (la fille de David), de Camille (l’amie de Mèl avant qu’elle ne déménage) et de Greg (un garçon rencontré en vacances). Ils forment un noyau intéressant et permettent à la narratrice d’aborder ses complexes et son rapport avec son corps de bien des façons. Pour conclure, « Gros sur le cœur » n’est peut-être pas un titre original, mais il fait parfaitement son travail : il suscite des émotions, fait réfléchir et sensibilise ses lecteurs. Un roman pour ados à avoir en bibliothèque ou au CDI.
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Rien n’excuse ce que j’ai subi, mais j’aurais dû réagir, j’aurais dû en parler, ne pas m’enfermer dans ce désir de vengeance. Peut être que si j’avais eu un peu de bienveillance envers moi-même, je n’aurais pas laissé ces mots avoir tant d’emprise.
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Je remonte l’historique de la page, pendant près de trois heures, je lis chaque post, chaque commentaire qui sont comme autant de coups de couteau dans une plaie à vif.
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Il n’a fallu que quelques mots. Rien que trois. Prononcés par des personnes sans importance, mais qui sont aujourd’hui mon quotidien. Elles me voient comme un Sac à gras. Comment leur donner tord ?
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J’adore Carène Ponte, donc il me tente !
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Comme dit sur Insta, je pense qu’il te touchera et qu’il sera rapide à lire, même si c’est pour ado. On sent que l’auteure a mis du personnel/vécu…
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C’est un livre que j’ai lu l’année dernière et qui avait su me toucher ! C’était mon premier livre de Carène Ponte, j’aimerais beaucoup la découvrir dans une autre de ses oeuvres. 🙂
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Je comprends qu’il t’ai touché ! Le sujet est bien traité et on sent qu’il y a du vécu.
Il parait que les autres sont super !
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Pour ce genre de romans, je n’attends pas forcément de l’originalité, mais de l’empathie, de la sensibilité, des émotions et des sujets importants traités avec justesse, ce qui semble être complètement le cas avec ce titre que j’espère lire un jour. Si le côté pédophilie aurait pu vraiment me bloquer, ton avis me rassure sur ce point… Je trouve en tout cas vraiment important que les adolescents aient accès à ce genre de littérature.
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On ressent énormément d’empathie et de sensibilité, car l’auteure a mis du vécu…
Non, ça va, c’est assez bien traité et tout l’entourage avertit et reste présent pour l’héroine.
Tu as bien raison !
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Merci pour cette chronique. Peut-être qu’un jour je lirai ce roman
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Bonne lecture et découverte de ces personnages touchants…
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