BD·Coup de coeur·Fantastique/Fantasy·Young adult

« Miss Bengalore » (Le château des animaux T1) de Xavier Dorison et Félix Delep

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Miss Bengalore » (Le château des animaux T1)
Auteurs : Xavier Dorison et Félix Delep
Genre : Bande dessinée / Littérature adulte – young adult / Dystopie
Éditeur : Casterman

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résumé du livre

Rire, c’est déjà ne plus subir. Quelque part dans la France de l’entre-deux guerres, niché au cœur d’une ferme oubliée des hommes, le Château des animaux est dirigé d’un sabot de fer par le président Silvio… Secondé par une milice de chiens, le taureau dictateur exploite les autres animaux, tous contraints à des travaux de peine épuisants pour le bien de la communauté… Miss Bengalore, chatte craintive qui ne cherche qu’à protéger ses deux petits, et César, un lapin gigolo, vont s’allier au sage et mystérieux Azélar, un rat à lunettes pour prôner la résistance à l’injustice, la lutte contre les crocs et les griffes par la désobéissance et le rire…

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Ma critique

couv69687270Quelle immense réussite ! Cette BD est une belle pépite qui mérite le détour, que l’on connaisse ou non l’œuvre originale revisitée : « La ferme des animaux » de George Orwell. Le récit met en scène Miss B., une jolie minette à la frimousse très expressive et délicate. La pauvre chatte n’a pas un quotidien facile, car son conjoint est mort et elle peine à entretenir ses deux chatons. Or, dans ce monde où les animaux règnent et où les humains ne sont plus là, il n’y a plus de chats… Miss B. est donc contrainte de vivre seule… Mais elle est surtout obligée de travailler dur tous les jours pour permettre à ses petits d’avoir de quoi manger. En effet, chaque animal a sa place dans la société : les petits êtres inoffensifs, notamment les animaux de la ferme, travaillent d’arrache-pied. Ils sont en bas de l’échelle sociale. Les chiens appartiennent à la milice. À la tête du gouvernement, on distingue le puissant taureau Silvio, une bête imposante, massive, fière, cruelle et sadique. Avec sa cour, il fait généralement bombance et prive ses sujets de nourriture. Pire : il impose sa dictature en tuant ceux qui s’opposent à lui. La pyramide sociale et la tension de ce monde rappellent notre passé, à l’époque où le seigneur dirigeait les paysans… Or, quand le peuple est opprimé, il y a un moment où il craque. Et c’est ce qui va arriver avec l’oie Marguerite, qui va se révolter avec une dizaine d’esclaves…

Bien que les ficelles soient visibles et les personnages soient manichéens, l’univers m’a beaucoup plu. On comprend rapidement où les auteurs veulent en venir et on prend alors plaisir à suivre cette résistance se mettre progressivement en marche. Hélas, les choses seront loin d’être simples ! La violence et la mort seront omniprésentes. Avis aux âmes sensibles : certains passages sont vraiment très sanglants, crus et bouleversants. Je pense notamment à la première scène où l’on assiste à une mise à mort ou à celle de la porte. Dans celle-ci, on y on découvre des animaux éventrés, le sang recouvrant le sol et, surtout, une victime montrée en exemple, clouée à la porte, boyaux pendants, avec un visage marqué par l’horreur. On a beau être face à des animaux, les traits sont très expressifs et humanisés. On ressent énormément d’émotions… Le coup de crayon est réellement beau ! Que les passages soient durs, doux, drôles ou poétiques, on se régale en décortiquant chaque planche. Cela dit, ma préférence va tout de même aux scènes nocturnes qui offrent souvent des ambiances bien particulières

Il me tarde de lire la suite des aventures de Miss Bengalore, de son drôle d’acolyte M. César (un lapin séducteur et gigolo) et d’Azélar (un vieux rat plein de sagesse qui sait maîtriser le théâtre d’ombres)… Une très belle découverte que je recommande de toute urgence ! La révolution, bien que très pacifiste et lente pour le moment, est en marche !

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mosel-lire-2020-2021

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Citations

– Il faudra se souvenir de ce jour Miss B.
– Oui, comme du jour de la mort d’Adélaïde.
– Non ! Comme du dernier jour où nous n’avons rien fait.

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Vous vouliez mon briquet ? j’ai cru comprendre qu’il vous plaisait… Vous auriez plusieurs moyens de l’obtenir, vous pourriez me le voler , me l’acheter, me supplier de l’avoir, ou devenir mon ami et je vous l’offrirais.
Dans tous les cas, vous obtiendrez ce briquet… mais il deviendrait un vol. Un achat. Une aumône ou un cadeau. Croyez vous vraiment que ce serait le même briquet ?

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– La liberté n’a jamais nourri personne, et dans ce château, chacun vit sous la menace de la milice des chiens, d’un poteau de justice, d’un séjour au donjon, il n’y a pas un animal de taille face à Silvio. On ne peut rien face à eux. Si seulement ont avait plus de crocs, de pus longues griffes, on pourrait se débarrasser du président et de sa clique…
– … et vous deviendriez comme eux.
– Pardon ?
– Utiliser vos crocs ou vos griffes pour obtenir votre liberté revient à dire que vous espérez récolter une rose en plantant des orties !
– Sauf que je n’ai pas la moindre graine pour planter des roses !
– Vous en avez plus que vous ne l’imaginez. Ils veulent vous faire croire que la vraie force vient de la force physique. C’est faux, elle vient d’une volonté indomptable.
– Vous parlez bien Monsieur Azélar, mais ma « volonté » ne peut pas grand-chose face à dix rangées de crocs ou une paire de cornes !
– Je vous parle de ce que j’ai vu, Miss B… Il est beaucoup plus aisé que vous ne l’imaginez de vaincre la haine par l’amour, le mensonge par la vérité, et la violence… par l’acceptation d’un peu de souffrance. Rendez l’injustice visible. Faites cessez la peur. Ce sont les seuls moyens qui vous sortiront de votre prison. Tous les autres… vous condamneront à jamais. La vraie question n’est pas de savoir si vous pouvez les vaincre… mais si vous le voulez.

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Bon, écoutez… Je passe mes nuits à dire à des lapines que je n’ai d’yeux que pour elles et mes journées à dire à leurs mâles que je ne les ai jamais vues, alors le mensonge, ça me connait.

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Ma note

5/5 Coup de cœur !

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11 réflexions au sujet de « « Miss Bengalore » (Le château des animaux T1) de Xavier Dorison et Félix Delep »

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