Un avis de Saiwhisper
Titre : « Réveille-toi, ma belle ondine ! »
Auteur : Céline Dominik-Wicker
Genre : Conte / Fantastique / Romance / Littérature ado – adulte
Éditeur : Lacoursière Éditions
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Avez-vous déjà entendu parler des lutins roses d’Arwan ? Ce sont des observateurs et de grands conteurs. Certains vous observent à votre insu. D’autres, peuvent vous suivre à la trace, monter dans le bus derrière vous sans que vous puissiez les distinguer des humains. Tompym est l’un de ceux-là et il mène une existence des plus normales pour un lutin rose : il visite des mondes, particulièrement la Terre, et fait le récit de ses voyages aux autres membres de sa communauté. C’est ce que tout un chacun fait. Les lutins se racontent des contes d’humains et des histoires de peuplades exotiques, satisfaisant ainsi leur insatiable curiosité. Ils évitent toutefois de s’immiscer dans la vie des humains, préférant tenir ces derniers à une saine distance.Tout élémentaire sait bien qu’une ingérence irréfléchie n’est pas sans danger. Mais Tompym est encore un jeune lutin, peut-être plus curieux que les autres et sans doute un peu inconscient. Un appel déconcertant, une destination encore inconnue, la perspective d’une étrange rencontre… Il ne lui en faut pas plus pour se laisser entraîner dans une aventure qui lui réservera bien des surprises !
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Auteure engagée qui dissimule des thématiques fortes et actuelles dans ses œuvres jeunesse-ado, Céline Dominik-Wicker a eu la gentillesse de me proposer la lecture de « Réveille-toi, ma Belle Ondine ! ». Dans sa nouvelle publication, elle va aborder une thématique qui lui tenait à cœur : celui du handicap. Or, contrairement à d’autres titres jeunesse qui présentent un handicap physique, Céline a choisi de sensibiliser ses lecteurs à la neurodiversité, aux neurotypies, à la dysharmonie/l’autisme et à d’autres comportements rarement mis en lumière…
Sous la forme d’un conte de fées moderne, l’auteure va narrer l’histoire de Tompym, alias Tom, un lutin rose qui va se rendre sur Terre. Grâce à ses pouvoirs magiques lui permettant de projeter une apparence humaine ou animale, il va arriver jusqu’à Coraline, une demoiselle ayant une lourde pathologie. Coraline est dysharmonique : elle ne parlera jamais et a plusieurs troubles comme le fait d’être dans sa bulle ou d’avoir des excès de violence. En raison de sa différence, jeune femme est retenue dans un centre de soin psychiatrique où elle subit des traitements révoltants et peu adaptés. Touché par cette rencontre, Tom va tout faire pour la sortir de là… On ne peut que comprendre ce petit héros enjoué, bon, généreux, insouciant et protecteur ! Incomprise et presque maltraitée, la belle pensionnaire m’a fait de la peine. Personne ne cherche à la comprendre ! La pauvre doit encaisser des médicaments lourds, écouter de longs discours de scientifiques persuadés d’avoir raison et subir des manipulations extrêmes comme l’emmaillotage. Tout cela la pousse à être à fleur de peau, voire agressive…
J’avoue que je ne connaissais pas le concept de « dysharmonie ». De ce fait, j’ignorais la façon dont ce trouble se traduisait ou les traitements de ces patients… Cependant, j’ai été touchée par la façon dont Céline Dominik-Wicker a mis en avant les émotions de ses personnages principaux. On sent vraiment leur détresse ainsi que leur envie de changement… J’ai également été séduite par les réflexions de l’auteure sur la société, la différence, le handicap, le système de santé, le manque d’écoute des patients ET du personnel soignant, les troubles du comportement, etc. On a là un aperçu du combat quotidien de cette maman de deux enfants autistes… Ce qui est d’autant plus bouleversant ! Cela dit, l’ensemble est assez dense, parfois technique et spécifique… De ce fait, ne vous fiez pas au fait que le héros soit un petit lutin rose avec des pouvoirs magiques ! En effet, je ne conseillerais pas cette romance fantastique à de jeunes lecteurs, mais plutôt à des adolescents (j’ai toutefois du mal à estimer un âge !…) ou à des adultes appréciant l’imaginaire.
Cette lecture fut globalement agréable, intelligente, instructive et sensible. De plus, elle est accompagnée de quelques illustrations très jolies, notamment sur la version en numérique où les dessins sont en couleurs. Néanmoins, je reconnais avoir eu des difficultés à rentrer dans le récit à cause de la mise en page. J’ignore si ce défaut est propre à mon exemplaire ou non, mais le fait est que l’espace entre les lettres des mots était très important. (Exemple ici) Il fallait réellement que j’use de concentration pour lire les différents paragraphes, en particulier au début où il y avait peu de dialogues. C’est dommage… Enfin, j’ai trouvé que le dénouement était un peu trop expéditif. Sur le moment, j’ai été très surprise, si bien que j’ai bloqué sur le mot « fin ». C’était déjà terminé ? Je pensais assister à un peu plus d’aventure ou de rebondissements… Malgré quelques fausses notes, ce conte original, qui ne ressemble à aucun autre, m’a fait passer un bon moment. Merci encore à Céline Dominik-Wicker pour la découverte, pour le clin d’œil dans les remerciements et plus particulièrement pour la dédicace à Mathilde qui m’a vraiment émue.
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Facebook de l’auteure : Céline Dominik-Wicker
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En apprenant des autres, on apprend aussi sur soi.
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Tom avait projeté une image de son répertoire qu’il affectionnait, celle d’un mendiant. Il avait, en effet, remarqué que les sans domicile fixe attiraient peu la vue. On les négligeait. On évitait même de les considérer. C’était le déguisement parfait pour qui souhaitait se montrer discret.
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Il faisait partie de ces heureux conteurs, espiègles et insouciants, toujours à la recherche d’une histoire intéressante à partager.
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La Mère est, de par sa nature, un crocodile qui chercherait à dévorer sa progéniture si la loi du Père n’était là pour l’en empêcher.
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♥♥♥ 3/5
Merci beaucoup pour votre retour !
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Avec plaisir ! Merci pour votre confiance !
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Merci encore pour ce retour !
J’ajouterai pour les personnes qui ne connaissent pas les institutions où sont ségrégués les handicapés que je force à peine le trait dans mon récit.
La torture que je nomme « emmaillotage » s’appelle le « packing » en réalité. C’est une pratique décriée par l’OMS et par la Haute Autorité de la Santé mais les psychiatres-psychanalystes (et 80% des psychiatres en France sont d’obédience psychanalytique) qui la pratiquent s’en fichent. L’experte de l’ONU, Mme Catalina Devandas-Aguilar, qui est venue visiter la France en janvier 2017 a dressé un portrait à faire peur de nos institutions où végètent tant de personnes comme Coraline, dans l’indifférence et l’ignorance de tous. L’anecdote avec le ballon que je relate est tout à fait réelle. Tout comme la considération de la Femme (qui n’existe pas dans l’Inconscient) pour les psychanalystes. La Femme, c’est un homme raté et jalouse de l’Homme. La Femme est naturellement incestueuse et sans l’Homme pour protéger les enfants, elle ferait n’importe quoi.
Je vous invite à voir les documentaires de la réalisatrice Sophie Robert si le sujet vous intéresse.
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La couverture possède un quelque chose de poétique et de doux, peut-être pour contrebalancer les thématiques abordées qui ont l’air importantes bien que peut-être éprouvantes… Je trouve cela chouette de le faire à travers un conte qui permet de faire passer des messages forts sans lourdeur. Et comme toi, je ne connaissais pas le terme dysharmonique.
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Je suis d’accord pour la couverture poétique. En tout cas, je n’avais pas pensé à l’idée de contrebalancer avec les thématiques. C’est bien vu.
Enfin, je suis tout à fait d’accord avec toi au sujet des messages forts dans un conte/un livre jeunesse-ado.
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