Littérature jeunesse

« J’aime pas ma mamie » d’Isabelle Damotte et Charles Dutertre

emilie lecturelamaman01 Un avis de Saiwhisper et de sa maman, la mamie de Mathilde !

Titre : « J’aime pas ma mamie »
Auteurs : Isabelle Damotte et Charles Dutertre
Genre : Album jeunesse
Éditeur : Magnard

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résumé du livre

Une petite fille, invitée chez sa mamie, déclare qu’elle ne l’aime pas. Évidemment, cette mamie sorcière a des yeux de vipère, elle prépare des betteraves qui font faire pipi rouge et les lits de sa maison sentent la cave. Rien à faire, cette mamie-là, sa petite-fille ne l’aime pas. C’est comme ça !

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emilie

Ma critique

Qu’est-ce qui fait que l’on accroche avec une personne et pas une autre ? Peut-on apprécier tous les membres de sa famille ? Est-il possible que l’on n’aime pas ses grands-parents ? Pour la bambine de cet album, la réponse est évidente : elle n’aime absolument pas sa mamie ! Le pire, c’est que cela semble réciproque. Voilà un sujet délicat, réaliste et original que j’ai rarement vu en littérature jeunesse. D’ailleurs, il me semble que, la dernière fois que j’ai vu un tel sujet, c’était dans « Touche pas à mon corps, Tatie Jacotte ! » de Thierry Lenain et Stéphane Poulin, un livre datant de l’an 2000… Avec tous les albums qui sortent chaque année, c’est assez perturbant de ne pas en voir davantage ! Ainsi, je remercie donc les éditions Magnard pour cette découverte qui sort des sentiers battus…

Au fil des pages, la petite narratrice va expliquer les raisons pour lesquelles elle n’a pas d’atomes crochus avec son aïeule. Si les premiers arguments peuvent prêter à sourire, notamment ceux sur les aliments peu communs qui ont des effets « indésirables » ou les tenues excentriques de la mamie, les choses vont peu à peu évoluer… On finit alors par réaliser que la vieille femme n’est pas toujours très gentille avec la petite blonde à couettes. Par exemple, elle se permet de juger son tempérament ou son éducation. Elle n’hésite pas non plus à la rabaisser devant un tiers. À la manière d’une sorcière, cette mamie a l’air d’agir dans l’ombre ou de faire des coups bas à sa petite-fille. Cette dernière ne se laisse pas faire ! Elle sait montrer son mécontentement avec de l’humour ou des répliques bien senties ! Avec ces deux femmes, c’est compliqué ! Pourtant, la mère-grand paraît bien s’entendre avec l’aînée de la famille : elles ont une relation complice et partagent une passion pour la couture

« J’aime pas ma mamie… » Cette rengaine boudeuse où l’héroïne prend à témoin le lecteur afin de lui montrer son quotidien fait souvent sourire. Pourtant, comme dit plus tôt, ce manque d’attache peut se comprendre. J’ai eu de la peine ainsi que quelques regrets pour cette bambine semblant être partie d’un bien mauvais pied avec son aïeule. Peut-être que leur relation se bonifiera avec le temps ?… Ou peut-être pas ?! En tout cas, cet ouvrage pousse à la réflexion et à la discussion. À mon sens, il est important de débattre avec son enfant après la lecture, car le dénouement est surprenant et loin d’être idyllique. Encore une fois, on fait dans l’originalité ! (Ce qui, pour moi, fait mouche !) Il peut également être intéressant de faire une relecture ou de décortiquer certaines pages. Celles-ci contiennent quelques détails qui ne se voient pas forcément lorsque l’on découvre l’album… Je pense, par exemple, à la planche du repas de famille. J’avais déjà découvert le style de Charles Dutertre à travers « Les animaux ne sont pas obligés ». Son coup de crayon vif, coloré, pétillant, expressif et sympathique m’avait bien amusée. Or, je trouve que les illustrations collent vraiment bien à l’ambiance de cette nouvelle publication.

Vous l’aurez compris : cette petite histoire m’a bien plu. D’ailleurs, j’ai pris plaisir à échanger avec ma mère, grand-mère depuis dix-sept mois. Celle-ci est loin de coller à l’image de cette vieille femme qui tyrannise sa descendance. Au contraire, elle serait plutôt comme Mamotte ! Ma chère Mathilde est totalement fan d’elle ! (Promis, je ne dis pas ça parce qu’elle lit ces mots ! ;D) Cependant, ma mère a eu une grand-mère comme celle de la narratrice… Comme quoi, parfois, la fiction fait écho à la réalité…

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Avec cet album, j’aime que l’on donne la possibilité d’avoir des affinités avec certaines personnes et pas d’autres. Ce n’est pas un portrait à charge parce que, même si la mamie est, dans les illustrations comme dans certains détails et certaines réactions, un personnage désuet et suranné à l’instar de ses vêtements et de ses expressions, elle n’est pas totalement négative. Le fait que la grande sœur l’apprécie, aime ses talents de couturière et semble avoir une complicité avec elle, prouve qu’elle n’est pas toute « noire » (un univers pas vraiment manichéen donc).

On retrouve des expressions de contes et de comptines. Les illustrations parfois volontairement un peu fouillis pétillent de couleurs et de détails cocasses ! Je ne connaissais pas le concept des « J’aime pas » (J’ai vu après qu’il y avait un « J’aime pas ma maîtresse »). Et pendant, toute la lecture, je m’attendais à une transformation de la mamie, un évènement qui la rendrait sympathique et réconcilierait la grand-mère et sa petite fille… Et c’est là où on est surpris. La grand-mère reste un peu sorcière ! Elle réclame même à la maîtresse plus de sévérité et de sanctions. Trahison absolue ! On attend donc une épiphanie, quelque chose qui la rendrait plus sympathique. Mais non, rien. Surgit alors la Mamotte, souriante, aimante et aimée car pas psychorigide et capable de jouer avec la petite fille. Et pif, paf dernière page.

C’est un livre réaliste qui, dans un certain sens, « autorise » à ne pas aimer, ou tout du moins à avoir des préférences. C’est juste, mais dérangeant. Je pense qu’il ne faut pas passer à côté de ce livre car il est instructif et interroge. Les illustrations permettent de sourire et de minimiser l’aspect iconoclaste du récit. Selon moi, il vaut mieux le lire avec l’enfant ou en parler avec lui. La petite fille n’est pas méchante ou insolente avec la grand-mère. Elle ne l’aime pas. Et la mamie non plus. Il n’y a pas (encore) d’alchimie entre elles. Peut-être une question d’âge. On a donc le droit de ne pas aimer tout le monde ou d’avoir des préférences. Reste que, en tant que nouvelle Mamie et bientôt de nouveau future grand-mère, j’espère être une « Mamotte » aux yeux de mes petits-enfants.  Une Mamotte qui sait se mettre à la portée des plus petits, jouer avec eux (sans toujours les laisser gagner ! ;D ) et leur apprendre l’affection et la convivialité.

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Citations

Je boude. Moi je voulais être une chevalière.
Sur mon cheval, je lui aurais piqué les fesses avec mon javelot…
« Cette gamine n’est jamais contente », fait-elle en haussant les épaules.

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Une plage sans château de sable, c’est comme la mer sans voilier !

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Sorcière-sorcière, ni reinette ni sornette, ou j’appuierai sur la gâchette et tu te casseras la margoulette !

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C’est sûr, mon pipi sentira l’asperge, ou bien il deviendra tout rouge à cause des betteraves. Et elle, elle rigolera derrière la porte de ses cabinets.

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Ma note

4/5

8 réflexions au sujet de « « J’aime pas ma mamie » d’Isabelle Damotte et Charles Dutertre »

  1. « Reste que, en tant que nouvelle Mamie et bientôt de nouveau future grand-mère… » un petit neveu ou nièce pour Mathilde? 😀 Est-ce que je n’ai retenu que ça de ce double avis?^^ Non je te rassure lol. Je les trouve tous deux super et je trouve le sujet hyper intéressant. Comme vous le dites si bien, on le droit ne pas aimer tout le monde. Si je le vois passer, je le lirais 🙂

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