Un avis de Saiwhisper
Titre : « Jusqu’à ce que la mort nous unisse »
Auteur : Karine Giebel
Genre : Roman policier / Thriller
Éditeur : Fleuve éditions
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L’Ancolie est une fleur aussi belle que toxique. Belle, à l’image de certains souvenirs. Toxique, à l’image de certains regrets. L’Ancolie, c’est aussi le nom d’un chalet perdu en pleine montagne. C’est là que vit Vincent, un homme seul et meurtri. Rejetant son passé et redoutant son avenir, il préfère vivre dans le présent. Une existence éprise de liberté qu’il consacre entièrement à sa passion pour la montagne et à son métier de guide. Jusqu’au jour où la mort frappe tout près de lui, l’obligeant à sortir de sa tanière. Aux yeux de tous, un tragique accident, une chute mortelle. Seul Vincent est persuadé qu’il s’agit d’un meurtre, que ce n’est pas la montagne qui a tué, et que les vrais coupables doivent payer.
Alors, aidé par Servane, une jeune recrue de la gendarmerie avec laquelle il a noué une étrange relation, il se lance dans une quête de vérité. Une quête qui va le conduire sur d’effroyables sentiers, le confronter à ses propres démons. Une quête qui va déterrer un à un des secrets profondément enfouis au cœur de cette paisible vallée, et qui auraient dû le rester à jamais. Car si le mensonge blesse, la vérité peut être fatale…
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Toujours dans l’optique de parcourir les publications de Giebel, voilà que j’ai fait une halte en haute altitude, aux côtés d’un tandem atypique qui dissimule de nombreuses failles ou secrets. Honnêtement, ce fut une bonne lecture, notamment avec le dernier tiers particulièrement oppressant et efficace. Cependant, à ma grande surprise, on n’est pas sur des personnages retors comme j’en ai eu l’habitude. Certes, les deux narrateurs sont bien développés et ont beaucoup de matière toutefois, les protagonistes sont majoritairement manichéens. On sent qu’il y a tout un monde entre ses protagonistes d’autrefois et ceux de maintenant qui, même quand ils sont héros, ont une part d’ombres, de culpabilités et de mauvaises actions. Certes, je ne dis pas que Vincent est un individu recommandable (surtout avec la gente féminine qu’il collectionne !) néanmoins, on est loin des êtres tordus que l’autrice arrive à nous concevoir ces derniers temps !
Contrairement à d’autres récits où on plonge directement dans l’action, cette histoire va mettre du temps à démarrer. Karine Giebel met plutôt l’accent sur son duo de héros que tout semble opposer. On va réellement les voir tisser des liens, se découvrir, se confronter, s’attacher l’un à l’autre et se soutenir. Ce qui est intéressant, c’est que, à première vue, ce binôme n’a rien à faire ensemble. Chacun a sa propre vision de la vie ainsi que ses valeurs. Pourtant, la montagne, les drames qu’ils vont vivre ensemble et leurs échanges vont leur permettre de créer une relation complexe, forte et durable. J’avoue avoir grandement apprécié les sentiments qu’ils entretiennent ! En revanche, j’ai été gênée par le dénouement de ce couple d’amis. Après avoir autant insisté sur plusieurs points, en particulier chez Servane, j’espérais que certaines choses en resteraient là… Bien sûr, ce ressenti est purement personnel toutefois, j’ai réellement eu l’impression que l’on faisait du forcing avec la conclusion du duo. C’est dommage !
Ce qui fait la force de cette enquête est clairement le décor ! Avec Servane et Vincent, on va plonger au cœur des Alpes, découvrant des lieux enchanteurs et déroutants. Pour ceux qui ont la version ebook, ils auront le loisir de voir plusieurs clichés pris par la romancière. Celle-ci explique également son attachement au lieu. Cela apporte une plus-value bien agréable, surtout après avoir achevé le roman. Quoi qu’il en soit, je m’y voyais bien, dans ces sommets ! Giebel brosse à merveille l’ambiance naturelle, enchanteresse, dangereuse et particulière de ces montagnes. Il y a un petit côté dépaysant qui incite au voyage… Cela dit, je n’aurais pas voulu vivre les mêmes expériences que nos deux protagonistes ! Plusieurs événements glaçants vont les forcer à mener une terrible course pour la vérité.
Honnêtement, on est sur un ouvrage plutôt soft par rapport à d’autres écrits de l’écrivaine. Certes, on distingue un peu de descriptions peu ragoûtantes, quelques révélations cruelles (on regrettera simplement leur prévisibilité…) ainsi qu’une fin amère, mais j’ai lu tellement pire que ce soit à travers « Ce que tu as fait de moi », « Purgatoire des innocents », « Juste une ombre », « Les Morsures de l’ombre » ou « Toutes blessent la dernière tue » ! Pour ceux qui cherchent à découvrir la plume de l’autrice, mais qui ont du mal avec la violence à outrance ou les éléments malsains, « Jusqu’à ce que la mort nous unisse » semble donc être l’idéal pour débuter… Alors ?! Êtes-vous prêts à partir en randonnée mortelle dans le Mercantour ?
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Elle se mit à préparer le café tandis qu’il allumait une cigarette. Geste inconsidéré.
– Tu fumes, maintenant ? s’indigna sa mère. C’est pas bon pour toi…
– Maman, je te rappelle que j’ai quarante-deux ans aujourd’hui…
– Et alors ? C’est pas meilleur à quarante-deux ans qu’à vingt !
Logique imparable.
– Je ne fume pas beaucoup, ajoutait-il. Et arrête de t’inquiéter pour moi…
– Si c’est pas ta mère qui s’inquiète pour toi, qui le fera ? Hein ?
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La lâcheté a quelque chose de fascinant. Peut-être parce qu’elle ne connaît pas de limites, contrairement au courage.
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Avec la solitude comme seule compagne, il était heureux.
Personne ne le jugeait, ici. Personne ne l’observait. Seule la montagne gardait un œil bienveillant sur lui.
Il aurait aimé ne faire qu’un avec elle. Se fondre dans ce paysage, devenir arbre ou rocher et la suivre dans l’éternité.
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Faire semblant.
De sourire ou même de rire. Masquer au mieux sa peine, son désarroi.
L’équipe avait perdu un pilier. Son équilibre. Mais la mission continuait et demain le soleil apparaîtrait derrière les cimes, chacun continuerait son chemin. Avec la même passion, la même volonté.
Juste avec une douleur supplémentaire, rangée dans un tiroir secret. Une douleur que chacun affronterait à sa façon.
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A vrai dire, je crois que je préfèrerais continuer avec des personnages plus forts et retors, c’est, à mon sens, plutôt la marque de fabrique de l’auteur ! Je passe mon tour pour celui-ci…
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Idem, j’en viens à me dire que c’est sa marque et, même en ayant aimé et en sachant que c’est un ancien titre de l’autrice, j’espérais du retors… Elle a vraiment un don pour les personnages complexes et discutables.
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Oui, d’ailleurs ils sont souvent tellement discutables qu’ils font clivage, et finalement qu’on aime ou pas, quand c’est avec autant de force, on en parle, et c’est tout bon pour l’auteur !
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Je suis entièrement d’accord avec toi !
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C’est marrant, alors que normalement je devrais être attirée par celui-ci, moins cruel et retord, il ne m’attire pas tant que ça. Mes goûts en polars sont si différents de mes goûts dans les autres genres que des fois j’ai du mal à me suivre 😀
Je trouve ça chouette de découvrir les livres plus anciens des auteurs qu’on aime, même si on a des surprises parfois sur le changement de style ^^
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xD Aha ! Bah, c’est au feeling, du coup ? Tes goûts polars ? (Plus ceux notés dans ton article.)
Tout à fait d’accord.^^ C’est intéressant de comparer.
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Oui, en plus de mes critères, il y a totalement le feeling, encore plus ces derniers temps où je lis beaucoup sur des coups de tête/cœur ^^
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C’est un de mes préférés de l’autrice et en même temps, je peux comprendre qu’il ne plaise pas à tout le monde, il met du temps à se mettre en place. Mais j’ai adoré l’ambiance montagne et le duo.
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Oui, il met du temps à se mettre en place et, par rapport à d’autres titres, propose moins de nuance au niveau des personnages. Ces derniers sont moins complexes et retors que les personnages habituels. Mais on les suit avec plaisir ! Et, comme tu dis, l’ambiance de montagne est top !!!
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