Romans

« Venise n’est pas en Italie » d’Ivan Calberac

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Venise n’est pas en Italie »
Auteur : Ivan Calberac
Genre : Littérature contemporaine
Éditeur : Le Livre de Poche

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résumé du livreEmile a quinze ans. Il vit à Montargis, entre un père doux-dingue et une mère qui lui teint les cheveux en blond depuis toujours, parce que, paraît-il, il est plus beau comme ça. Quand la fille qui lui plaît plus que tout l’invite à Venise pour les vacances, il est fou de joie. Seul problème, ses parents décident de l’accompagner… C’est l’histoire d’un adolescent né dans une famille inclassable, l’histoire d’un premier amour, miraculeux et fragile. C’est l’histoire d’un voyage initiatique et rocambolesque où la vie prend souvent au dépourvu, mais où Venise, elle, sera au rendez-vous.

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Ma critique

Voilà un roman très sympathique, frais, drôle, doux, philosophique, déjanté et original sur lequel je ne me serais pourtant pas arrêtée si on ne me l’avait pas conseillé ! Cette lecture fut divertissante, notamment en raison de ce voyage rocambolesque initié par Emile, un adolescent. couv6249015Celui-ci est amoureux de Pauline, une demoiselle issue d’un milieu aisé, qui va un jour lui proposer d’assister à un de ses concerts ayant lieu en Italie… Le problème ? Ce voyage n’est pas donné, notamment pour l’adolescent dont la famille ne roule pas sur l’or. Commence alors un road-trip atypique où vont se greffer les parents du héros ainsi que Fabrice, son grand-frère. La route est longue, semée d’embûches et de rencontres en tous genres. Cela va permettre à cette famille hors-norme de passer du temps ensemble…

La narration se fait à la manière d’un journal intime. On y trouve le quotidien d’Emile ainsi que ses ressentis. En plus de l’auto dérision dont il fait preuve, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de chouettes réflexions. Certaines étaient justes, avec de belles valeurs tandis que d’autres étaient amusantes. Cependant, le narrateur ne m’a pas toujours convaincue… En effet, comme il s’agit d’un adolescent, l’auteur l’a volontairement fait très naïf, en particulier au début. Entre les « moi je » et les remarques enfantines, j’ai longtemps estimé que le héros ne faisait pas son âge. Sa façon de s’exprimer n’était pas crédible pour un ado de quinze ans ! Il semblait même en faire la moitié ! Heureusement, les choses ont évolué petit à petit. On notera aussi la mise en page qui rend parfois la lecture difficile, en particulier au niveau des dialogues qui sont imbriqués dans le texte et simplement indiqués d’un trait. Le hic, c’est que l’on ne sait pas toujours qui parle et quand la conversation s’achève, car elle est parfois entremêlée avec les pensées d’Emile. Ainsi, lorsque trois à quatre personnages conversent, ce n’est pas toujours évident de s’y retrouver !

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En plus d’être loufoque et de divertir le lecteur, ce voyage comme une métaphore du passage à l’adolescence. Le héros va radicalement changer grâce à cette aventure. Au départ, il fait très jeune, que ce soit dans la narration ou le comportement qu’il a à l’égard de ses parents. Par exemple, il aura plus d’une fois l’envie de dissimuler le fait que sa famille soit la sienne. Il semble avoir honte de vivre dans une caravane, honte de ses cheveux qu’il fait teindre, honte de se promener avec sa mère, honte de révéler le travail de son père. Pourtant, ses proches sont des personnes adorables, douces et un peu dingues… Mais surtout attachantes !  Emile est d’abord quelqu’un de peu sûr de lui qui a conscience qu’il n’est pas un riche BCBG. Plutôt petit, pas forcément très beau et assez banal, il fait partie de ceux que l’on ne remarque pas immédiatement. Et pourtant, la jeune Pauline va tisser des liens avec lui. Ces premiers émois sont pleins de tendresse, d’humour et de petites contrariétés qui font sourire le lecteur. Comment ce duo que tout oppose va évoluer ? J’ai aimé le fait que la romance soit progressive et crédible. De plus, elle sera toujours en fil rouge sans pour autant prendre toute la place dans le scénario. En effet, elle est un fil conducteur toutefois, la bonne moitié du livre est principalement dédiée au voyage ainsi qu’aux relations intra-familiales de la famille Chamodot.

Malgré le fait que je recommande volontiers cette lecture à ceux qui recherchent un roman pour se détendre un week-end ou durant les vacances, je tiens à préciser que tout ne m’a pas plu… Par exemple, j’ai eu du mal avec deux scènes qui m’ont laissé un goût amer et qui m’ont fait échapper au coup de cœur tant elles m’ont agacée. Tout d’abord, il y a la relation malsaine entre Natacha, Emile et Fabrice. Je ne pensais pas que les choses iraient aussi loin… En lisant ce passage, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver la situation très glauque malgré la jeunesse des personnages… Je veux bien que l’on s’amuse, mais quand même… Ensuite, il y a le fameux secret lié à la voisine Christine… Je ne comprends pas que cette information soit sans répercussion !… J’ai eu l’impression que l’on banalisait la tromperie et que ce n’était pas si grave tant que l’autre ne le savait pas… Comme la révélation est arrivée juste avant le dénouement, j’avoue que je n’ai pas totalement savouré ce dernier. Certes, j’ai trouvé le dernier paragraphe très mignon cependant, j’avais encore en tête les conséquences du mystère précédent ! Dommage, car ce livre était une vraie bouffée d’air frais qui passerait aussi bien avec les adolescents qu’avec les adultes (mais il faudrait oublier la nuitée avec Natacha…). Une bonne découverte malgré tout ! Je reste sur un ressenti positif, car j’ai beaucoup ri et j’ai été émue. A mes yeux, c’est l’essentiel.

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(Lu dans le cadre du club des lecteurs.)

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Citations

J’ai pensé que ce serait bien s’il y avait vraiment un ministre qui s’occupait des choses intérieures, comme les sentiments, les émotions, les désarrois aussi, il aurait fort à faire, mais faut pas rêver, il traite exclusivement des choses extérieures, le ministre de l’Intérieur. Et notamment des gens à jeter à l’extérieur du pays, parce que chacun chez soi, paraît que c’est la moindre des choses, même pour ceux qu’en ont pas. Et le ministre de l’Économie, paraît qu’il fait surtout des dépenses. Mon père dit que les titres qu’on leur donne, c’est pour tromper l’ennemi, et apparemment, l’ennemi, c’est nous.
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Tout nous échappe, les événements nous glissent des mains comme du sable entre les doigts, c’est un sablier qui se vide, la vie qui passe, sans que rien change vraiment, et ça emporte tous nos rêves avec.
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Ma vie d’adulte semblait là-bas au bout de l’horizon, de l’autre côté de l’océan, ce serait un peu l’Amérique avec ses promesses … avec une grosse probabilité de couler à pic en chemin.
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Sur chaque tombe du cimetière, on dessous des noms, il y avait deux dates, l’année de naissance et celle de la mort. Une vie, j’ai pensé, c’est un long cri, de joie ou de douleur, ça dépendait des jours, ou des vies, un cri parfois très intérieur, qui jaillit du cri primal du bébé à la naissance, déchirant l’infini, qui devient, quatre-vingts ans plus tard, un cri tout bas, un murmure, notre dernier souffle, et une vie c’est ça, un cri coincé entre deux dates. 

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Ma note

4,5/5

10 réflexions au sujet de « « Venise n’est pas en Italie » d’Ivan Calberac »

  1. Ce n’est pas mon genre de lecture et même si toi ça t’as mis dans la poche, ce qui est super tu as pu profiter des bonnes ondes du livre 😏, je vais passer mon tour, même si le héros s’exprime moins de façon immature, je me connais, je risque de ne pas le finir 😅 (et j’ai d’autres trucs qui gigotent dans ma PAL)

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