Littérature jeunesse·Romans·Young adult

« Aussi loin que possible » d’Eric Pessan

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Aussi loin que possible »
Auteur : Eric Pessan
Genre : Roman ado/young adult
Éditeur : L’école des loisirs

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résumé du livre

Antoine et Tony n’ont rien prémédité, rien comploté. Ce matin-là, ils ont fait la course sur le chemin du collège. Comme ça, pour s’amuser, pour savoir qui des deux courait le plus vite. Mais au bout du parking, ils n’ont pas ralenti, ni rebroussé chemin, ils ont continué à petites foulées, sans se concerter. La cité s’est éloignée et ils ont envoyé balader leurs soucis et leurs sombres pensées. Pour Tony, la hantise de se faire expulser vers l’Ukraine et d’avoir à quitter la France. Pour Antoine, la peur de prendre une nouvelle dérouillée parce que son père a envie de passer ses nerfs sur lui. Depuis ce matin où tout a basculé, ils courent côte à côte, en équipe. Ils se sentent capables de courir pendant des jours, tant qu’il leur restera une once de force. Fatigués mais terriblement vivants.

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Ma critique

« Cours, Forrest, cours ! » Cette phrase, on pourrait l’adapter à Tony et Antoine, les deux personnages principaux d’« Aussi loin que possible ». En effet, sans se concerter, ces deux ados de treize ans ont un jour décidé de tout plaquer et de courir ensemble, le plus loin possible. couv27673365Une longue course d’environ une semaine que le lecteur va suivre dans une ambiance poétique, sombre, douce et haletante. Une fois encore, Éric Pessan propose un récit qui aborde des thématiques sensibles, difficiles et d’actualité. Cette fois-ci, il s’attaque à la violence physique, aux enfants battus, à la politique, aux gens reconduits aux frontières et à la famille en général. Le tout est joliment traité et ne parait pas lourd durant la lecture. Au contraire : on est transporté par cette fugue qui a d’abord pris l’allure d’un jeu, puis d’un besoin, d’un défouloir, d’un message et d’une échappatoire… L’atmosphère de cet ouvrage m’a rappelé « Jonas dans le ventre de la nuit » d’Alexandre Chardin qui met également en scène deux garçons fuyant leur quotidien. Leur avancée va leur permettre de se dévoiler, de faire une introspection et de se comprendre… Les deux récits ont également pour point commun de judicieusement alterner descriptions de la nature environnante et les pensées des deux fugitifs.

J’ai été très touchée par cette épopée incroyable et dynamique. Même si la narration est vue du côté d’Antoine, on ne ressent pas de manque concernant Tony. Très vite, on comprend et on s’attache aux deux garçons. On partage ce qu’ils voient, ce qu’ils vivent ainsi que leurs échanges. Le texte est très aéré, comme si chaque mot était leur souffle pendant la course. On est dans l’émotion. Les dialogues sont en italiques, encrés dans les descriptions et les réflexions d’Antoine. Ainsi, on cerne les pensées de ces jeunes, leurs peurs et leurs espoirs. C’est vraiment un récit simple et bien écrit. L’auteur a une belle plume que l’on prend plaisir à suivre ! Cela dit, j’ignore si la sauce prendra avec tout le monde et surtout, à partir de quel âge. Même si la course est ponctuée de rencontres ou d’événements, le rythme peut paraître répétitif. C’est un roman qui peut facilement plaire aux adolescents cependant, j’ai du mal à donner un âge idéal pour cette lecture… D’ailleurs, les adultes comme moi pourront être autant émus par cette aventure qu’un lecteur moins âgé…. Honnêtement, je bloque. Je serais vraiment curieuse d’avoir des retours d’adolescents ! Quoi qu’il en soit, c’est un roman vibrant aux messages forts et à la plume aérienne qui se lit d’une traite, mais surtout avec plaisir

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Citations

Cela fait dix minute que l’on court. La cité s’éloigne, ce lundi matin vient de basculer dans l’inconnu. On n’a rien prémédité, rien comploté. On a nos baskets aux pieds, nos survêtements souples, nos forces. Tony a sa tristesse. J’ai ma colère. On ne va plus rebrousser chemin.

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S’il était un animal, mon père ne serait pas le chien qui plante ses crocs dans une cuisse. Non. Mon père serait un moustique qui empêche de dormir toute une nuit, qui fait planer la menace vibrante autour des oreilles, qui pique et pique et pique et pique sans trêve, sans répit, sans lassitude. Il serait le caillou dans la chaussure, l’inconfort, la petite douleur quotidienne qui empoisonne la vie entière à force d’acharnement.

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Les véritables raisons de notre course, on ne les a pas comprises sur le moment. Parfois, on fait des choses sans réfléchir et on en voit le sens bien plus tard.

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Ma note

♥ 4/5

4 réflexions au sujet de « « Aussi loin que possible » d’Eric Pessan »

    1. Oui, je le trouve également ancré dans l’actualité… 🙂 C’est ce qui fait sa force.
      Je comprends. De premier abord, ce n’est pas non plus mon genre de livre, mais j’aime sortir de mes habitudes et être agréablement surprise comme ici.

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