Littérature jeunesse

« Dysfférent » de Fanny Vandermeersch

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Dysfférent »
Auteur : Fanny Vandermeersch
Genre : Roman contemporain / Littérature jeunesse-ado
Éditeur : Le Muscardier

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résumé du livre .
Quelle étrange idée d’appeler un enfant Charlemagne ! Sans cet étrange prénom, Charly en est sûr, il serait un enfant comme les autres… à quelques adjectifs près. On le dit en effet trop distrait, dissipé, dispersé, voire discourtois, au grand dam des adultes qui l’entourent. Et cela lui vaut souvent les moqueries de ses camarades.
Charlemagne est dyslexique, dysorthographique et dyspraxique. Mais qui a dit que les enfants multi-dys étaient bons à rien ? Tout le monde a un talent qui ne demande qu’à être révélé. C’est peut-être une chance d’être différent !

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Ma critique

Voilà un joli petit roman jeunesse/ado à la couverture qui ne paye pas de mine ! Rapidement, je me suis attachée à Charlemagne, alias « Charly », un adolescent étant à la fois dyslexique, dysorthographique et dyspraxique ! Son quotidien n’est malheureusement pas facile, car il ressent énormément de pression que ce soit de ses parents très absents à cause de leur emploi ou encore les enseignants qui sont complètement dépassés par cet enfant qui ne « semble faire aucun effort ». De ce fait, Charlemagne écope régulièrement des reproches ou des moqueries, si bien qu’il a perdu totalement confiance en ses capacités. Il se sait différent des autres et, malgré tous ses efforts, se retrouve en situation d’échec scolaire. couv55145782Comme si cela ne suffisait pas, Ringo et sa bande n’hésitent pas à le harceler. Ce jeune narrateur m’a fait de la peine, car on ressent vraiment son mal-être, ses peines, ses envies et son travail acharné pour être comme les autres. C’est un héros gentil, attachant, intelligent et débrouillard. Il n’est pas passif, bien au contraire : il va spontanément chercher des moyens mnémotechniques ou des méthodes bien à lui pour réussir, comme l’emploi de couleurs. C’est un comportement admirable qui inspirera peut-être certains lecteurs rencontrant les mêmes difficultés que lui…

Dans sa quête d’acceptation de soi, Charlemagne va apprendre un nouveau langage : la musique et, plus spécifiquement, le piano. Cet art va lui servir de véritable tremplin, puisqu’il va enfin avoir un loisir où il se sent bien et où personne ne peut le juger… Ce changement, il le devra à plusieurs personnages féminins compréhensifs qui ne feront aucun jugement de valeur et sauront procéder autrement qu’avec un apprentissage classique. Des rencontres déterminantes qui bouleverseront à jamais le destin du jeune homme ! Clément, son frère, lui sera également d’une grande assistance, que ce soit au niveau de l’aide aux devoirs ou de son écoute. Leur relation est aussi douce que protectrice. C’est assez rare dans la littérature jeunesse, car les fratries ont plutôt tendance à se quereller ! J’ai donc apprécié cette complicité entre les deux garçons.

Cet ouvrage aborde une multitude de thématiques comme la différence, la tolérance, l’acceptation de soi, le harcèlement, le handicap, le développement d’autres capacités, la musique, l’écoute des autres, etc. L’ensemble est condensé dans une courte histoire toute douce et assez touchante, bien qu’assez cousue de fil blanc et avec des personnages trop manichéens. J’aurais souhaité un peu plus de nuances. En outre, j’ai du mal à imaginer un professeur demander à un élève en difficulté d’aller au tableau à chaque cours alors que les autres se moquent systématiquement de lui… De nos jours, les équipes pédagogiques sont préparées pour faire face à des jeunes ayant ces troubles (c’est du moins le cas dans les établissements que je fréquente) et ne prennent pas plaisir à enfoncer les jeunes de la sorte. Quoi qu’il en soit, j’ai découvert quelques difficultés que je ne connaissais pas ou que j’ai tendance à oublier comme celle de Jade. C’est un point fort, car cela signifie que ce livre peut sensibiliser petits et grands… Enfin, on notera l’emploi d’une police de caractères (l’Open-Dyslexic) qui, apparemment, permettra à des enfants dyslexiques de découvrir les aventures de ce jeune pianiste en devenir !

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(Livre lu dans le cadre du concours MoseL’Lire.
N’hésitez pas à cliquer sur la bannière !)

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Citations

Que me veut-elle ? Me passer un savon ? Me mettre un zéro ? Une retenue ? Tout ça, c’est déjà fait. Et ça n’a jamais rien changé à mes notes. Au contraire, le peu de motivation qui me restait s’est envolé.

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Les lettres tourbillonnent, changent de place – elles jouent entre elles. J’ouvre la bouche, tente de prononcer les sons qui correspondent. Rien ne vient. Pourtant je les ai déjà vus, ces mots. Le professeur me fixe en soupirant. Il est drôle avec sa cravate de travers. Cette fois-ci, pas de motifs dessus. Uniquement des lettres, encore des lettres, toujours des lettres. Elles aussi, elles dansent. Des mots pour des maux.

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Tout est de la faute de papa. C’est lui qui voulait un prénom de roi. Il aurait pu choisir Louis, Henri ou un autre en i, plus passe-partout, au lieu de ce prénom ridicule. Mais non. Maman dit en levant les yeux au ciel qu’il n’a pas la lumière à tous les étages. Je n’ai jamais compris ce que cela voulait dire mais, de toute évidence, il ne fait pas très clair dans ses étages à elle non plus, car elle a accepté.

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Parfois, je pense que je ne suis qu’un bon à rien, un idiot, une erreur. Il suffit de regarder certaines personnes dans les yeux pour voir que je ne me trompe pas.

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Ma note

4/5

8 réflexions au sujet de « « Dysfférent » de Fanny Vandermeersch »

  1. Je vais me noter ce titre et le proposer à ma petite sœur qui est dyspraxique. Peut- être que cela l’intéressera même elle lit très peu. Je ne savais pas qu’il y a une police d’écriture spécifique mais en tout cas c’est vraiment très bien, car je pense que ma sœur ne lit pas à cause de la police d’écriture qui ne leur convient pas et qui n’est pas assez grosse.
    Merci pour cet échange

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    1. J’espère que ce titre l’intéressera ! Bonne découverte à elle.

      Moi aussi je l’ignorais. Lors de ma lecture, j’ai constaté que la police d’écriture était inhabituelle, notamment au niveau des voyelles qui sont un peu plus épaisses à certains endroits. C’est en lisant la 4eme de couv’ que j’ai appris que l’éditeur avait fait ce choix volontairement, car la police est apparemment adaptée… A vérifier, mais je ne pense pas qu’ils s’avancent sans avoir testé. ^^

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  2. J’avais repéré un autre titre de cette maison d’édition que je pense faire passer avant, mais celui-ci me tente aussi énormément. Comme avec Deux secondes en moins, j’aime le mélange de thématiques difficiles avec la musique. Quant au personnage de Charly, il a l’air très touchant…

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        1. Ca a l’air intéressant, effectivement ! Un monde sans bruit avec une ville apparemment très stricte où la populace est condamnée au silence à cause d’un roi tyrannique…. Un quota de mots alloué par famille style « Vox ». C’est intriguant !

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  3. Qu’elle a l’air mignonne cette histoire, et tellement d’actualité. Sur la liste d’achats pour le boulot 🙂 (Ça aurait été parfait pour la sélection sur les récits de société de lundi ! )

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