Fantastique/Fantasy·Horreur·Romans policiers / Thriller

« Des œillets pour Antigone » de Charlotte Bousquet #plib2021

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Des œillets pour Antigone »
Auteur : Charlotte Bousquet
Genre : Fantastique / Polar / Thriller psychologique / Horreur
Éditeur : Scrineo
#ISBN9782367408361

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résumé du livre

1991, France. En triant les affaires de sa sœur disparue cinq ans plus tôt dans des circonstances tragiques, Luzia retrouve son vieux médaillon ainsi que son journal intime. À sa lecture, elle s’interroge : et si son suicide était lié à ce bijou et à la mort de leur tante vingt ans auparavant à Évora ?
Quand elle commence à être assaillie de cauchemars et d’hallucinations, la jeune femme se lance sur les traces de la vérité. Une quête qui la plongera dans le passé de sa famille, dans un Portugal déchiré par la dictature de Salazar…
Trois époques. Trois femmes. Trois destins. Une volonté : être libre.

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Ma critique

En lisant le résumé de cet ouvrage, j’étais très intriguée par plusieurs éléments : le contexte historique que je ne connaissais pas (le Portugal des années 1970, avec la dictature de Salazar), les secrets de famille, l’idée de roman choral avec trois narratrices et le fait que ces Femmes souhaitent être libres. Curieuse, j’ai donc rapidement sorti ce titre de ma PAL. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la plume de Charlotte Bousquet est toujours aussi puissante, travaillée, fluide, sensible et engagée. Malgré le début très lent, j’ai pris plaisir à suivre Alma, Luzia et sa sœur Sabine.

couv1299942Luzia est le personnage pour qui j’ai ressenti le plus d’empathie. En effet, j’ai été choquée par tout ce qu’elle a traversé par le passé et ce qu’elle va vivre. Vilain petit canard, la demoiselle a toujours peiné à s’affirmer. Son aînée, Sabine, n’était pas tendre avec elle : elle la surnommait « La Purge » et ne comprenait pas sa cadette qui cherchait à communiquer avec elle ou qui, d’une certaine manière, l’admirait. Luzia est souvent décrite comme laide, que ce soit dans le journal intime de sa sœur ou dans les dialogues. Or, j’étais révoltée qu’on le lui rabâche sans arrêt. Quelle méchanceté et humiliation gratuites ! La demoiselle a eu beaucoup de courage pour surpasser cette étiquette qui lui colle à la peau et qu’on lui brandit à chaque étape dans sa vie. Quand elle a réussi à révéler son coming-out, je n’ai pas été étonnée de constater qu’elle n’avait pas été soutenue par ses proches… Bien que complexée, Luzia est une héroïne droite dans ses bottes, fière, entêtée et affirmée. Elle est également une personne fidèle en amitié, en particulier avec Julien, son ami également homosexuel… Celui-ci est, hélas, atteint du SIDA. Ce personnage secondaire touchant apportera énormément d’émotions au fil du récit. Il sera également d’un grand soutien à la jeune femme dans son voyage. Les deux autres narratrices sont également intéressantes, en particulier Alma. Toutefois, je ne préfère pas vous en parler afin de ne rien révéler.

Cet ouvrage, c’est une pluie de rencontres et de découvertes pour Luzia et son ami Julien. Ensemble, ils vont enquêter sur la mort trouble de Luzia. Cette dernière a laissé son journal intime derrière elle. Ces pages serviront de fil rouge, que la narration soit au passé ou au présent. Dans ce carnet, Luzia a couché tout son quotidien, ses amourettes, ses coups de gueule puis, progressivement, des faits de plus en plus surnaturels… Bien qu’arrivant tard, ce dernier point m’a plu ! J’ai adoré ce mélange de médaillon maudit, de fantôme, de possession, d’émotions intenses et incontrôlées qui ne sont pas celles des protagonistes, de rêves horribles avec les chevaux, etc. De plus, cet ensemble gagne en puissance au fil des pages, jusqu’à devenir aussi effrayant qu’étouffant ! Ce côté occulte apporte non seulement de la tension, mais aussi de la dynamique : plus l’héroïne tarde, plus les manifestations horrifiques sont intenses. Il y a comme une échéance. De ce fait, les choses doivent constamment progresser.

Charlotte Bousquet nous offre un nouvel ouvrage féministe mêlant fantastique, Histoire et sujets aussi actuels que sensibles (liberté, maltraitance animale, résistance/dictature, religion, politique, art/musique/dessin, famille, homosexualité, identité, tolérance, maladie/SIDA, harcèlement, adolescence, etc.). Certes, l’ensemble a mis du temps avant de me conquérir, mais il a finalement fait mouche à partir de la moitié du livre. Dès lors, j’étais happée par les événements de cette tragédie familiale. Le dénouement m’a plu. Cela dit, je l’ai trouvé assez brutal. Pour moi, il manquait quelques pages, en particulier avec le père de famille… Par ailleurs, d’autres éléments m’ont fait défaut, notamment l’approfondissement de l’aspect historique. Celui-ci est surtout développé dans les pages annexes en fin d’ouvrage et non au fil de l’intrigue. Cela m’a étonnée car, au fil des chapitres mettant en scène Alma, je m’attendais à entrevoir davantage la révolte des Portugais face à la dictature… Cela dit, malgré ces reproches, ce fut une bonne découverte ! En plus de l’ambiance, je retiendrais surtout l’effet thriller horrifique de la seconde moitié du livre qui fut aussi surprenant que plaisant.

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Citations

 

Ce qui me rend triste, c’est que, jusqu’à la fin, elle m’aura surnommée « la Purge ». Je ne la connaissais pas, c’est vrai. Mais elle n’avait aucune envie de me laisser l’approcher.

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De plus en plus souvent, j’ai des envies de tout casser autour de moi. Je ne sais même pas pourquoi.
J’ai mal au bide tellement j’ai la haine, et contre qui ?
Contre quoi ?

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Il faut être prêt à sacrifier ce que l’on a de plus cher, fût-ce au prix du sang.

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Je le pressens, je suis celle qui doit réparer l’injustice…

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Ma note

3,5/5

6 réflexions au sujet de « « Des œillets pour Antigone » de Charlotte Bousquet #plib2021 »

  1. Je ne connais pas du tout le Portugal des années 1970, voire le pays tout court, mais si je comprends bien l’autrice n’a pas vraiment axé son intrigue sur le contexte historique. Dans tous les cas, la très large palette de thèmes abordés semble percutante et j’apprécie de voir que l’autrice ose évoquer un sujet encore bien souvent absent des romans, le sida…
    Et au passage, le surnom de Luzia est l’un des pires que je n’ai jamais entendu !

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    1. Idem : je ne connaissais pas. Je trouve que ce pays n’est pas assez mis en valeur dans notre littérature. Ou alors, il faut bien chercher.
      C’est pour ça que j’aurais voulu en savoir un peu plus, même si c’est romancé.
      Oui, la palette de thèmes est percutante et riche ! Pas de quoi s’ennuyer de ce côté-là.
      On est d’accord. Quelle méchanceté…

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  2. Je suis contente de savoir que tu as aimé cette lecture, en dépit des débuts un peu lents 🙂. J’ai aussi trouvé que l’auteure abordait des thématiques fortes avec beaucoup de finesse, mais l’intrigue demeure malgré tout isolé. Peut-être aurions-nous davantage apprécié le récit si nous avions vécu la rébellion en même temps que les personnages 😉.

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  3. Je ne suis pas particulièrement tentée par ce titre malgré les quelques avis positifs que j’ai pu lire. Le tien est plus mitigé. Il ne sera pas ma priorité ces prochains mois et je pense même que je le lirais uniquement s’il fait partie des finalistes.

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