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« Les oubliés du dimanche » de Valérie Perrin

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : Les oubliés du dimanche
Auteur : Valérie Perrin
Genre : Roman/Romance
Editeur : Albin Michel

Cet ouvrage faisait partie de la sélection du Club des lecteurs de ma médiathèque.516onnwlgul-_sx210_ Une fois encore, ce n’est pas un livre vers lequel je me serais tournée et pourtant, ce fut presque un coup de cœur au point de le recommander à de nombreux proches ou lecteurs.

Justine est aide soignante dans une maison de retraite. Elle apprécie vraiment son travail, mais ce qui lui plait le plus, c’est de s’occuper d’Hélène, une pensionnaire qui raconte son passé, notamment son histoire d’amour avec Lucien. D’abord par plaisir, puis pour satisfaire Roman, un proche d’Hélène dont elle tombe amoureuse, elle décide d’immortaliser la vie de cette femme exceptionnelle dans des carnets bleus. Valérie Perrin, l’auteure, utilise alors la narration alternée : dans un chapitre, on suit le quotidien et les recherches de Justine et dans un autre, on plonge dans le passé d’Hélène où se bousculent Lucien, la mouette, l’apprentissage de la lecture, la Guerre, la mort, l’amour, Edna, la chienne Louve, l’espoir.

Il s’agit d’un très beau roman sur la vieillesse. J’ai beaucoup aimé les scènes quotidiennes de Justine lorsqu’elle prend soin des pensionnaires. C’est à la fois drôle et touchant : on sent le vécu ou les témoignages. Cela sonne vrai. « Les oubliés du dimanche », c’est également une ribambelle de secrets de famille qui éclatent : les non-dits vont se révéler au compte-goutte, ce qui conduira la protagoniste à chercher des réponses et à enquêter. Plusieurs mystères tiendront le lecteur en haleine. Il y a par exemple cet étrange « corbeau » qui téléphone aux familles des pensionnaires en annonçant le décès du senior afin de les faire venir à la maison de retraite. Sans dire de qui il s’agit, sachez que la réponse est surprenante (et finalement pas tant que ça lorsque l’on prend du recul en songeant à tout le récit). Si de coutume je devine la plupart des coupables dans les polars, je dois avouer ne pas avoir réussi avec le corbeau. J’étais donc ravie de cette révélation. Il y a également d’autres mystères comme celui qui concerne Jules, le frère/cousin de Justine (cela fut vraiment poignant), ou encore l’accident de voiture dramatique où les parents de Jules et Justine ont péri, … C’était un régal de voir l’héroïne sonder ses proches, oser aller dans un commissariat en pleine nuit, enquêter pas à pas, etc. Au fil de la lecture, des souvenirs et des secrets s’échappent, aussi éphémères qu’un battement de cil.

Le côté simple et décalé de la narration de Justine est émouvant. Cela donne une ambiance « Amélie Poulain » : elle s’attarde sur des détails qui n’ont pas forcément d’importance mais qui sont touchants, elle perçoit la vie ou les gens d’une façon particulière et originale. Justine a sa manière de voir la vie et j’ai particulièrement adhéré à sa vision des choses. Délicatement, elle entraîne le lecteur dans son monde, lui fait rencontrer Hélène et sa mouette, lui montre ses doutes concernant le beau Roman ou son amant Je-ne-me-rappelle-plus-comment, l’entraîne dans des enquêtes aussi étranges que passionnantes, le plonge dans ses cahiers bleus, … La plume douce et agréable de l’auteure permet une immersion totale au point qu’il est difficile de relâcher l’ouvrage. Les personnages sont tous brossés avec tendresse et délicatesse, si bien que l’on finit par s’attacher à chacun d’entre eux.

Les derniers mots de cet ouvrage m’ont laissée « tout sourire ». C’était une lecture pleine de bons sentiments, de détente et de mystère. Je suis ravie de voir que la plupart des critiques sur la toile vont également dans ce sens. J’ai d’ailleurs découvert qu’il s’agissait du premier roman de Valérie Perrin, ce qui m’impressionne, car elle a beaucoup de talent. Je serais ravie de me pencher sur son second roman lorsqu’il paraitra. A ceux qui souhaitent découvrir une belle histoire pleine d’humanité et de sensibilité ou qui veulent un livre qui fait du bien ou qui permet de rêver un peu : « Les oubliés du dimanche » est fait pour vous.

 

Citations :

– Comment ça va aujourd’hui, madame Bertrand ?
– Annie vient de mourir.
– Ah. Qui est Annie ?
– C’était ma copine. Quand elle arrivait chez moi, elle disait, « Sers-moi une p’tite bière. » Vous croyez qu’y a un bistrot chez le bon Dieu ?
– Si y a un paradis, y a forcément un bistrot.

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Elle a appris à lire à l’âge de seize ans. Elle a eu la sensation de naître quand elle a touché l’alphabet, d’apprendre à respirer. Ensuite, sont venus les mots, puis les phrases.

 

Ma note :

  5/5

6 réflexions au sujet de « « Les oubliés du dimanche » de Valérie Perrin »

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