Romans

« La quatrième main » de John Irving

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : La quatrième main
Auteur : John Irving
Genre : Roman
Editeur : France Loisirs / Seuil

résumé du livre

Patrick Wallingford est journaliste pour une chaîne de télévision : un métier qui ne requiert pas forcément l’usage de ses deux mains. Quoique… Quel téléspectateur a envie de voir son journal présenté par un malchanceux qui s’est fait bouffer la main en pleine antenne par un lion affamé dans un cirque indien ?! Patrick décide alors de se faire greffer une main… Pour le travail, pour l’usage… C’est un play-boy à l’humeur égale, marié, divorcé, enclin aux brèves rencontres. Cette greffe de main va bouleverser sa vie à jamais…

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Ma critique

quatrième main

« La quatrième main » est un ouvrage dont j’attendais beaucoup et c’est sans doute pour cela que j’ai été déçue. En effet, en prévision du club des lecteurs de septembre, un collègue me l’a vivement conseillé en m’assurant que c’était drôle et vraiment bien. Son speech m’avait convaincue au point que, dès qu’il a été disponible à la médiathèque, je me suis jetée dessus. « L’un des meilleurs livres de John Irving. Éclats de rires. […] Des passages hilarants émaillent l’histoire. » annonçait une petite critique sur la quatrième de couverture… Autant dire que je m’attendais à sourire voire à me fendre la poire toute seule devant mon roman comme ça a été le cas avec « Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère… et retrouvé l’amour » de S. G. Browne.

Hélas, point de rires à l’horizon, surtout au début ! J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire, car le style de l’auteur était assez particulier : des phrases longues et parfois bizarrement construites. Je ne saurais pas correctement décrire cette plume, cependant, les citations vous donneront une petite idée. Parfois, il me fallait relire toute une page pour voir si j’avais vraiment tout saisi ou pour savoir s’il y avait un lien entre l’idée précédente. En effet, John Irving s’étale énormément en informations au début du livre : il présente tous les personnages de long en large, décrivant avec soin leur physique et indiquant leur passé, leurs attentes, etc. C’est sûr que là, on ne peut pas se plaindre d’avoir des protagonistes « fantômes » dont on ne sait rien et qui servent uniquement à planter le décor ! Ce n’est pas du tout le cas ici. Le soucis, c’est qu’à force de tergiverser, l’auteur a réussi à m’embrouiller… De plus, tous les personnages sont loufoques ou ont leur petit brin de folie, si bien que j’avoue m’être demandée dans quoi j’étais tombée. Je souhaitais surtout savoir où John Irving voulait en venir et quand allait enfin arriver cette fameuse greffe de main. Ainsi, même si j’ai souri à quelques descriptions, j‘ai trouvé l’intrigue assez longue à mettre en place.

Ma seconde déception concerne le héros : ce n’est pas un homme auquel je m’attacherais. Déjà parce qu’il est beau à se damner au point que tout le monde lui réclame une partie de jambes en l’air ou à avoir un bébé avec lui… Je comprends qu’il soit canon et que la gente féminine ne parvienne pas à se contenir, mais tout de même ! Il se tape presque toutes les nanas du roman ! Barney Stinson de « How I Met Your Mother » peut aller se rhabiller ! En fait, les hommes de cet ouvrage ne pensent en général qu’à assouvir leurs besoins primaires… C’est un peu lourd. Une coucherie de temps en temps ne me dérange pas, mais là, c’est assez fréquent et n’apporte pas grand chose au scénario. Les femmes m’ont presque toutes agacée, surtout Mary. Seule Doris Clausen a réussi à attirer ma sympathie…

En revanche, l’idée de greffe de main m’a beaucoup plu. En effet, la veuve du donneur a une demande particulière lorsqu’elle cède le membre de son défunt mari : elle souhaite un droit de visite ! Elle veut continuer à avoir des nouvelles de la main de son mari… Mais pas que… D’autant plus que cette fameuse main d’Otto se « souvient » de sa vie passée. C’est comme si elle avait une âme. J’ai trouvé ces idées très originales ! Malheureusement, je n’ai pas forcément adhéré au reste du roman et me suis parfois ennuyée. Je m’attendais à rire davantage. On ne peut pas tout aimer… Mais c’est souvent un risque lorsque quelqu’un vous recommande vivement un ouvrage : on s’attend à quelque chose de transcendant ou de génial tout au long des chapitres… Si bien qu’il arrive que l’on tombe de haut. C’est dommage. Tant pis !

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Citations

Par piété filiale, la fille alla rejoindre sa mère sur le canapé. Elles ne montèrent pas le son ; main dans la main, elles regardèrent de nouveau la scène épouvantable et pourtant excitante. Peu importaient les lions affamés, c’étaient les hommes qu’on mutilait.
– Pourquoi on peut pas se passer d’eux, si on les déteste ? demanda la fille avec lassitude.
– On les déteste parce qu’on peut pas se passer d’eux, justement, répondit la mère d’une voix pâteuse.
Wallingford apparut, défiguré par la souffrance. Il tomba à genoux, le sang giclant de son avant-bras. Sa beauté était écrasée par la douleur, mais il faisait encore un tel effet aux femmes qu’une mère avinée, en proie au décalage horaire, et sa fille à peine moins ravagée ressentirent un élancement dans le bras. Elles lui tendirent même la main au moment où il s’effondrait.

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– C’est pour quand ? s’enquit Patrick.
– Trouver une main parfaite, ça ne s’improvise pas, lui expliqua Zajac.
– J’ai l’impression qu’une main de femme ne ferait pas mon bonheur, songea Patrick à voix haute, ou une main tordue.
– C’est mon boulot, de vous trouver une main qui ne soit pas trop gauche, assura Zajac.
– Mais C’EST une main gauche, lui rappela Wallingford.
– Bien sûr, mais c’est le donneur qui devra être adroit !
– D’accord, mais pas de fil à la patte, hein ? dit Patrick Wallingford.

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La corniaude dénichée auprès d’une protectrice quelconque, avait généreusement été présentée comme « croisée de labrador ». À quel niveau, croisée, se demandait le docteur, les taches noires ? La bête, une femelle stérilisée d’environ deux ans, avait la truffe anxieuse, craintive, et le corps plus trapu et plus développé qu’un labrador. La façon dont sa babine supérieure, molle, recouvrait l’inférieure, rappelait assez le chien de chasse ; son front, plus marron que noir, était plissé par un froncement permanent. Elle marchait le nez au ras du sol, piétinait souvent ses oreilles, sa queue vigoureuse frétillait comme celle d’un chien d’arrêt. (Hildred l’avait choisie dans l’espoir qu’elle était faite pour le gibier à plumes.)
– Médée va être piquée si on la garde pas, papa, avait dit Rudy à son père, sur un ton solennel.
– Médée, avait répété Zajac.
En termes vétérinaires, Médée souffrait d' »indiscrimination alimentaire » ; elle mangeait les bouts de bois, les chaussures, les cailloux, le papier, le métal, le plastique, les balles de tennis, les jouets d’enfants, ainsi que ses propres excréments. (Ce dernier trait dénotant sans équivoque le croisement avec le labrador.) Le zèle avec lequel elle dévorait la crotte de chien, et pas exclusivement la sienne, était ce qui avait poussé ses premiers maîtres à s’en débarrasser.

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Ma note

♥  2/5

6 réflexions au sujet de « « La quatrième main » de John Irving »

    1. Oui, l’idée de base était bonne. Mais bon, on ne peut pas tout aimer ! ^^ Si tu es intéressée par Irving, il parait qu’il a écrit plusieurs titres vraiment bien comme « Dernière nuit à Twisted River », « La petite amie imaginaire », etc.

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  1. John Irving est un des meilleurs auteurs contemporain, mais tu l’as malheureusement découverte avec l’un de ses moins bons romans (mais qui reste quand même agréable pour moi). Ne te décourage pas et persiste en lisant « Le Monde selon Garp », « Une veuve de papier » ou encore « L’œuvre de Dieu, la part du diable ».

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