Littérature jeunesse·Romans·Young adult

« Silhouette » de Jean-Claude Mourlevat

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : Silhouette
Auteur : Jean-Claude Mourlevat
Genre : Roman ado / Young adult / Recueil de nouvelles
Editeur : Gallimard

résumé du livre

Lorsqu’elle découvre que son acteur préféré vient tourner près de chez elle, Pauline, une mère de famille discrète, répond à une annonce pour être « silhouette » sur le tournage… Puisque ses jours sont comptés, M. Duc n’a qu’une idée en tête : retrouver les personnes auxquelles il a fait du mal autrefois et leur demander pardon… Dans le car qui l’emmène en colo, Guillaume, 14 ans, s’aperçoit qu’il a laissé son chat enfermé dans sa chambre. Il doit impérativement retourner le délivrer… Que réservera le destin à ces héros ordinaires habités chacun de belles intentions? 10 nouvelles fortes et cruelles !

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Ma critique

De coutume, je fuis les recueils de nouvelles, car c’est un genre qui ne me convient vraiment pas… J’avais donc beaucoup d’appréhensions lorsque j’ai ouvert cet ouvrage que je devais lire dans le cadre de mon travail… Et bien, en deux nouvelles, mes aprioris ont fondu comme neige au soleil ! Je ne pensais pas que je prendrais autant de plaisir à découvrir ces récits à la fois cruels, abominables, cyniques, machiavéliques, émouvants et mélancoliques. Pourtant, je me suis réellement amusée à essayer de deviner la chute de chaque texte. Parfois, je visais juste, parfois, j’étais surprise… Mais à chaque fois, j’ai été admirative du style de l’auteur. Silhouette Jean-Claude MourlevatSa plume me plaît énormément : elle est incisive, précise, drôle et fluide. Ainsi, même si toutes les nouvelles ne m’ont pas plu, j’ai opté pour une très bonne note, car Jean-Claude Mourlevat a réussi à me surprendre, me distraire et à me faire apprécier un recueil de nouvelles. J’ai donc reçu ma petite claque littéraire du mois.

Certaines nouvelles sont terriblement émouvantes. C’est le cas de la nouvelle donnant le titre du livre : « Silhouette » qui met en scène Pauline, une trentenaire, qui avait l’espoir de tourner un film avec un acteur qu’elle admire depuis longtemps… J’ai eu beaucoup de peine pour cette femme. Un autre personnage féminin m’a terriblement touchée : Mme Maréchal dans « Les jolis nuages », une retraitée pour qui la poésie va être comme un échappatoire à la retraite ou au décès de son mari. Hélas, je ne m’attendais pas à une fin si dure… « Mon oncle Chris » m’a émue : c’est réellement un texte poétique qui aborde les sujets de la tolérance et de la famille. « Case départ » est l’un des textes qui m’a le plus marquée. Bon sang, quelle fin pour ce pauvre Guillaume ! J’en avais l’estomac tout retourné. Je pense que c’est l’un des récits les plus affreux de ce recueil… « L’accord du participe » est mon récit favori. J’ai ri à gorge déployée face au caractère de Dieuze, car il m’a fait songer à deux personnes de mon entourage qui reprennent sans arrêt autrui, moi y compris, sur la façon dont il faut prononcer ou accorder certaines phrases. J’ai donc trouvé Dieuze très crédible, car je subis ce genre de remarque au quotidien. Certes, je souhaite cette conclusion à ces connaissances, mais je souhaitais simplement souligner le réalisme du protagoniste…

« Pardon » comporte une fin assez attendue. Ainsi, j’avais vu la chute dès les premières pages. Cependant, le contenu est très bien écrit. J’ai donc passé un bon moment. Bien que « Love » aborde une thématique sinistre, cette nouvelle m’a beaucoup et se démarque assez des autres. J’ai apprécié le personnage de Miss Pamela Dykes ainsi que son coup de pelle… En revanche, « Ouessant » et « Dom Juan » ne m’ont pas tellement plu, toutefois les intrigues collent parfaitement aux thèmes de la cruauté, de l’humour noir et de l’injustice. La dernière nouvelle est un peu particulière. Je ne préfère pas trop en dire, car j’aurais peur de révéler des éléments importants. Sachez toutefois que c’est un récit bien trouvé qui conclut avec brio le recueil. Si les autres textes peuvent se lire selon nos envies, il vaut mieux lire en dernier à la fin. Jean-Claude Mourlevat est un auteur qui a su me conquérir avec des nouvelles où les personnages subissent tous un revirement de situation… J’ai bien envie de voir ce qu’il vaut avec un récit complet ! Il faudra que je mette la main sur l’un de ses nombreux romans que j’espère aussi bien écrits que cet ouvrage !

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Citations

En revanche, l’absorption des mille six cent trente-deux pages le préoccupait davantage. Il ne fallait pas qu’il en meure, cet imbécile. Dieuze se creusa la tête : comment rendre Le Bon Usage comestible ? Il estima pour commencer que la séquestration ne devait pas se prolonger au-delà de deux mois. Il faudrait donc, calcula-t-il, que son pensionnaire consomme une trentaine de pages par jour (il lui ferait grâce de la reliure de cuir). Le ministre était un homme corpulent et, convenablement affamé, il devait en être capable, à condition tout de même qu’on les lui présente sous une forme attractive. Or, il existait mille façons d’accommoder les pages d’un livre : coupées en fines lamelles et servies en salade ; sautées à la poêle comme des crêpes ; brassées en bouillie (penser à faire tremper la veille) ; hachées menu et mélangées à une purée de pommes de terre ; ou même nature de temps en temps, pourquoi pas ?

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Le monde entier est un théâtre.

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Aux dix commandements de Dieu, il en avait ajouté un, le onzième : « Tu accorderas correctement le participe employé avec être et avoir », qu’il situait, dans sa hiérarchie personnelle, tout juste après le « Tu ne tueras point ».

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Ma note

♥  5/5

8 réflexions au sujet de « « Silhouette » de Jean-Claude Mourlevat »

  1. Je ne suis pas une grande fan des recueils de nouvelles non plus (les seuls que j’ai lu sont les romans « 13 à table ») … Mais parfois on peut tomber sur des pépites, ce n’est pas parce qu’une histoire est courte qu’elle en ai moins percutante 🙂 En tout cas ça donne envie 🙂

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