Un avis de Saiwhisper
Titre : « Ceux des limbes »
Auteur : Camille Brissot
Genre : Science-Fiction / Littérature pour ados – young adult / Horreur
Éditeur : Syros
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Du haut du Mont-Survie, Oto admire chaque jour la forêt qui l’encercle à perte de vue. Elle est si belle qu’il en oublierait presque ce qui se tapit sous les arbres. Mais lorsque la montagne s’endort, que les lumières s’éteignent et que les voix s’effacent, le vent résonne d’un chant inhumain, effroyable : le gémissement des limbes, les victimes de l’épidémie. Bientôt, Naha devra passer plusieurs jours et plusieurs nuits dans la forêt. Oto refuse de rester cloîtré en espérant le retour de celle qu’il aime plus que tout. Quitte à être une proie de plus, il va sortir lui aussi.
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Cet ouvrage me faisait de l’œil depuis longtemps, car il touche à l’univers des morts-vivants. Or, j’aime beaucoup les récits où il est question de virus, de survie, de monde post-apocalyptique et d’Horreur… C’est finalement suite à l’avis de Les Fantasy d’Amanda que j’ai décidé de m’y mettre. Comme elle, j’ai passé un très bon moment même si, je le concède, tout ne m’a pas plu.
Camille Brissot a su proposer un univers classique et intéressant dans une ambiance « fin du monde ». En effet, un terrible virus d’origine végétale a détruit une grande partie de l’humanité. On n’est pas sur la découverte et le développement de cette menace, mais plutôt sur l’Après. Les protagonistes sont des adolescents qui ont toujours connu la mort, les limbes (zombies), le manque de variété de nourriture, les expéditions ainsi que la culture du Souvenir (les trésors d’antan comme les livres). Le Mont Survie est l’un des rares endroits où les humains ont trouvé refuge. Ces derniers sont répartis selon des classes sociales et travaillent quotidiennement au bien-être de la société. Comme souvent, les privilégiés se tiennent éloignés du danger, tandis que les plus défavorisés vivent dans les bas-fonds, ont les travaux les plus éreintants et n’ont pas une grande importance aux yeux de l’élite… Découvrir le fonctionnement des lieux a été très intéressant. Même si j’aurais souhaité voir le développement de certains éléments, une bonne base a été posée par l’auteure. Cette dernière prend d’ailleurs le temps d’établir son décor : il faudra attendre cent pages avant qu’Otolan, alias « Oto », découvre le monde extérieur. Pour ma part, cette mise en place ne m’a pas paru longue. C’était nécessaire et j’en aurais peut-être même demandé davantage ! Cependant, j’ai lu dans quelques critiques que des lecteurs avaient trouvé le début trop long. C’est donc une question de goût.
Une fois dehors, le rythme est effectivement bien différent ! Tout peut conduire à l’irréparable : animaux dangereux (Au passage, ils ont quand même de la chance de ne pas avoir rencontré de moustiques, parce que le problème aurait été le même qu’avec les bêtes qu’ils vont croiser !), nature hostile, bannis prêts à tout pour voler de l’équipement et, surtout, les limbes. Qu’on se le dise : Camille Brissot ne réinvente pas le genre Z. On est toujours sur des humains qui meurent, puis laissent place à une créature dangereuse et amatrice de chair humaine. Ces monstres traînent en meute, traquent leurs proies sans se fatiguer, se tuent souvent d’un tir dans la tête et propagent l’infection par morsure, griffure ou contact avec le sang. On ne les appelle pas zombies, mais c’est exactement la même chose. Cela dit, l’utilisation de ces limbes a été simple et efficace. L’auteure a brillamment construit son récit autour de ces revenants sans pour autant n’utiliser qu’eux. Pour de la littérature ado/young adult, j’ai trouvé le dosage parfait ! Grâce à tous ces dangers, la tension est omniprésente et donne envie au lecteur de tourner les pages avec empressement. On regrettera quelques rebondissements assez vite expédiés, mais comme on n’a jamais le temps de souffler, cela n’a que peu d’importance. Or, l’action est présente jusqu’au dernier chapitre. Autant dire que l’on a envie de lire le roman d’une traite sans s’arrêter !
En plus de son rythme et de son univers efficaces, l’auteure a su proposer des personnages attachants et humains. Pourtant, au départ, j’ai serré les dents : je les trouvais terriblement clichés ! On a la fille forte mais avec une infirmité qu’elle tente de surpasser, le héros amoureux transi qui a énormément de chances pour quelqu’un qui ne s’est jamais entraîné, le grand rival qui déteste le héros et qui convoite la même fille, les compagnons qui vont aider le héros et les méchants monstres. Néanmoins, au fil des pages, ces individus stéréotypés ont gagné en profondeur. Rostre, l’ennemi juré d’Oto, s’est révélé plus complexe et plus humain que je ne le pensais. Oto s’est également développé au fil des pages. Héros malgré lui, il va apprendre où est sa place. C’était d’ailleurs une bonne idée de mettre des chapitres dédiés à ses souvenirs (le jeune homme est amnésique, suite à la mort de ses parents, le stress post-apocalyptique a effacé le drame de sa mémoire). J’ai finalement bien accroché au tempérament de ce narrateur. Il en va de même pour la jolie Naha qui va se montrer courageuse, puissante, vive, talentueuse, sûre d’elle et explosive lorsque quelque chose ne lui plaît pas. J’ai aimé le lien qui les unissait ainsi que le fait que Naha et Oto entretiennent déjà une relation. On n’est pas sur les premiers émois ou une relation qui s’installe progressivement. Leurs liens sont déjà très forts et cette aventure va encore plus les rapprocher !
À l’heure où les ouvrages jeunesse sont plutôt aux séries, j’ai été satisfaite de découvrir ce one-shot efficace et addictif ! L’auteure est allée à l’essentiel tout en proposant une ambiance aussi immersive que haletante. « Ceux des limbes » trouvera certainement son public, notamment auprès des jeunes adeptes des mondes post-apocalyptiques. Une bonne découverte !
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(Lu dans le cadre du challenge littérature de l’imaginaire)
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La mémoire est un socle. Quand on la perd, on perd aussi un peu l’équilibre.
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Parfois, je me sens piégé. Je suis comme une plante qui a arrêté de pousser à mi-hauteur, bloquée entre deux âges. Je n’arrive plus à monter, mais je ne peux pas redescendre non plus. Pourtant, ma place n’est pas au milieu, je le sens…
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La voix des limbes avait cet effet sur la plupart des gens : elle leur retournait l’estomac et faisait monter en eux une tristesse infinie. J’avais entendu des Maîtres parler de chants des sirènes, évoquant une vieille légende oubliée. Certaines personnes n’étaient pas capable de les supporter…
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Intéressant ! Je le note 😉
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Oui, il est sympa ! 🙂 Une bonne ambiance !
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Je suis contente que tu l’aies apprécié 🙂 Je pense que nos avis se rejoignent sur la plupart des points que tu as évoqués. J’ai juste ressenti des longueurs dans la première partie, mais je pense être plus impatient que toi, car ce n’est pas la première fois que nos opinions divergent là-dessus 🙂
Concernant les one-shot, j’en ai lu quelques-uns ces derniers temps, et j’avoue que ça fait du bien d’avoir un début et une fin en un seul tome 🙂
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Oui, c’était bien !
C’est vrai, tu as raison concernant le rythme. On n’a pas les mêmes attentes.^^ Mais c’est intéressant de comparer. D’autant que sur les autres éléments on se rejoint pas mal.
C’est clair pour les one shot !!
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L’histoire me fait trop envie, contente que tu aies aimé !!
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J’espère que tu auras l’occasion de la découvrir, car l’atmosphère est géniale. 🙂
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Je ne connaissais pas du tout mais tu m’as franchement bien tentée ! 🙂
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^^ J’espère que tu croiseras sa route alors.
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