Un avis de Saiwhisper
Titre : « Le malheur du bas »
Auteur : Inès Bayard
Genre : Littérature contemporaine
Éditeur : Albin Michel
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Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d’une jeune femme à travers le prisme du viol.
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Glaçant, dur, réaliste, injuste, dramatique, révoltant, horrible et déstabilisant. Voilà plusieurs mots qui me viennent en tête lorsque je regarde cet ouvrage. En soit, je ne peux pas dire que ce titre soit mauvais car, pour un premier roman, Inès Bayard a su donner une claque à ses lecteurs. Le début est déroutant, la suite ne laisse personne insensible, tandis que les dernières pages finissent de nous achever. Le style est vif et fluide, tandis que les émotions sont assez assez bien retranscrites. On ressent de l’empathie à plusieurs reprises, notamment pour la jeune Marie qui va être anéantie par ce drame.
Même si on n’adhère pas à tous ses choix ou à ses réflexions, on tremble avec elle, on crie et on se demande comment on aurait réagi à sa place. Hélas, malgré les qualités que ce récit a sous ses pages, je ne peux pas dire que j’ai aimé ma lecture ou que je la recommande… Cela ne remet pas en cause le travail de l’auteure… En réalité, le sujet principal m’écœure et, si on ne me l’avait pas conseillé, je ne me serais jamais penché sur ce roman contemporain.
« Le malheur du bas » met donc en lumière Marie, une trentenaire travaillant dans une banque en tant que conseillère en patrimoine. Son métier lui plaît et elle a de beaux projets avec son mari Laurent. En effet, depuis peu, elle essaye d’avoir un enfant avec son conjoint… Cette femme pourrait être n’importe qui : vous, moi, votre sœur, votre cousine ou une amie. Ce n’est pas « une fille en mini-jupe qui l’a bien cherché » (comme disent certains pour alléger cet acte), ni une personne qui a donné l’impression de chauffer son interlocuteur. C’est une femme qui rentrait simplement chez elle après une journée de boulot et qui s’est fait avoir par quelqu’un en qui elle pensait avoir confiance… Cet événement terrible va évidemment provoquer sa chute. Dès lors, on va assister aux conséquences physiques et mentales de ce viol. Cela va évidemment jouer sur son comportement, mais surtout sur son couple, puisque Marie ne va jamais oser révéler le fruit de sa descente aux enfers. Emmurée dans son silence, elle va même en vouloir à tout son entourage de ne rien voir… L’horreur ne se limite malheureusement pas là et vient nécroser les projets du couple… D’ailleurs, je suis un peu déçue du fait que l’on commence par la fin. À la manière de « Chanson douce » de Leïla Slimani, on débute sur un premier chapitre violent et terrible. En connaissant le sujet et en assistant à la scène, il n’est pas difficile de comprendre ce qu’il s’est malheureusement passé… Les pages suivantes permettent de « justifier » cette décision… (Vraiment ?)
Colère, dégoût, peine, révolte, incompréhension, … Ce seront plusieurs sentiments qui viendront vous hanter tout au long de la lecture. En refermant ces pages, vous aurez un haut-le-cœur et resterez sans doute marqué(e). On a beau essayer de mettre de la distance ou ne pas être d’accord avec certaines réflexions, les faits narrés ne nous laissent pas de marbre. Vous souhaiterez ensuite lire quelque chose de plus léger afin de changer l’état dans lequel vous vous trouverez. À vous de voir si vous êtes prêt(e) ou non à basculer dans ce drame psychologique… Je ne vous le conseille pas, mais cet avis n’engage que moi.
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(Lu dans le cadre du club des lecteurs.)
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Elle pense que c’est mieux comme ça et que de toute façon si elle voulait lui avouer, elle ne pourrait pas trouver la bonne façon de le faire. Il la regarderait toujours différemment, plus seulement comme sa femme, mais comme la victime, la femme qui s’est fait violer, sodomiser en premier par un autre sexe que le sien.
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Il ment, comme sa femme. Le mensonge pour se défendre, pour ne pas exciter les gens, pour les rendre plus maniables, plus flexibles, pour atteindre la sérénité douce et paisible, le temps d’avoir le courage un jour de tout révéler.
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Elles ne sont qu’un trou. Un immense vide de chair molle. Un désert coupable et humide au centre duquel l’homme, tel Dieu, perce sa voie.
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Laurent revient, balançant le bac à poissons à moitié rempli entre ses mains. Il est content. Marie le trouve de plus en plus laid. Avec sa canne à pêche, son air béat de bonheur permanent, sa petite vie toute parfaite, elle a envie de lui cracher dessus, de lui enfoncer quelque chose dans la gorge. Dans ce tableau sans défauts visibles, il faut s’arrêter sur les détails. Personne n’a l’idée de le faire. Ils préfèrent la douce et rassurante surface des sentiments, lisse et souple, ne surtout pas discerner les tâches noires, les dysfonctionnements, les tourments.
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Peut-être qu’un jour je le lirai. Peut-être. Mais ce n’est clairement pas pour tout de suite.
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Je comprends…
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Ouch, 1/5, très mauvaise lecture… Il faut dire que le sujet est complexe
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Ce n’est pas une mauvaise lecture dans le sens où je reconnais des qualités à cet ouvrage… Mais le sujet… Non, je ne peux pas. Il m’est impossible de promouvoir ou aimer un roman centré sur le sujet du viol, même s’il est bien traité.^^ »
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Je comprends 😉
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Un sujet dur à aborder et à lire. Je comprends que ta lecture t’ait dérangé.
Je ne sais pas encore si je le lirais. Je verrai mais pas tout de suite, en tout cas.
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Tout à fait… J’espère que, si tu le lis un jour, il te remuera moins que moi.
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Coucou, je viens de terminer je me suis tue de Ménégaux publié en 2015 qui aborde le même sujet. La trame n’est vraiment pas différente. Coïncidence ou plagiat ? on ne va pas répondre ici 😀 Est-ce que tu as lu ce roman ?
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Je ne l’ai pas lu, mais j’en ai entendu parler et j’ai vu la comparaison dans d’autres avis sur babelio… Peut-être plagiat, qui sait ?
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