Littérature jeunesse·Romans

« Deux secondes en moins » de Marie Colot et Nancy Guilbert

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Deux secondes en moins »
Auteurs : Marie Colot et Nancy Guilbert
Genre : Littérature contemporaine / Roman ados-adultes
Éditeur : Magnard

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résumé du livre

Depuis qu’un accident de voiture l’a complètement défiguré, Igor se mure dans le silence. Sa rancune envers son père, responsable de l’accident, est immense, comme sa solitude. Rhéa sombre dans le chagrin après le suicide de son petit ami. Encore sous le choc, elle ne sait plus à qui ni à quoi se raccrocher dans la ville où elle vient d’emménager.
Pour l’un et l’autre, tout s’est joué à deux secondes. Deux secondes qui auraient pu tout changer… Et pourtant, Igor et Rhéa reprennent jour après jour goût à la vie en se raccrochant à la musique. Une fantaisie de Schubert et un professeur de piano pas comme les autres vont les réunir et les mener sur un chemin inespéré.

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Ma critique

Quelle belle lecture remplie d’émotions intenses ! J’ai été très touchée par les protagonistes de « Deux secondes en moins », que ce soit Igor, un ado défiguré suite à un accident de voiture avec son père, Rhéa dont le petit-ami s’est suicidé ou encore Fred, un professeur de musique en or qui va aider ses deux élèves à reprendre goût à la vie. Certes, les héros sont jeunes cependant, je suis certaine que le récit saura toucher un large public ! Ses thématiques parlent à tout le monde, puisque l’on touche à la famille, le drame, le handicap, la douleur, la dépression, la révolte, le quotidien, l’acceptation de soi, la résilience, etc. De plus, les deux auteures ne proposent pas un texte trop simple ou niais : elles y mettent toujours un à la fois ton juste, doux, percutant et sensible. couv57912181Même si certains passages sont difficiles, il n’y a pas de cru, ni de pathos ou de facilité. Cette plume à quatre mains est vraiment agréable et embarque le lecteur avec aisance dans un ascenseur émotionnel ! Ainsi, j’ai ri aux interventions loufoques d’Obama le perroquet, j’ai eu mal pour le père d’Igor qui cherche à se racheter et j’ai surtout eu beaucoup d’affection pour les deux personnages principaux.

La musique joue un rôle clef dans l’intrigue, puisqu’elle est une activité salvatrice qui permettra aux deux ados meurtris de se défouler, de s’apprivoiser puis de dépasser leurs peines. C’est d’abord aux côtés de Fred, leur professeur de piano qui ne les jugera jamais et saura toujours faire preuve d’empathie, que Rhéa et Igor vont retrouver peu à peu l’espoir… J’ai réellement apprécié leurs petits échanges qui, malgré la situation, ne manquaient pas d’humour. Ensuite, la rencontre des deux élèves sera encore plus belle et intense ! D’ailleurs, j’ai apprécié le fait que l’on ne plonge pas dans une romance bateau, comme le font souvent certains auteurs dès qu’il y a une fille et un garçon… Leur relation sera vraiment très intéressante, complexe et complémentaire !

La narration est construite en alternance à chaque chapitre. Cela permet ainsi de mieux comprendre les deux adolescents. Ces derniers font d’ailleurs preuve d’énormément de maturité et de sensibilité. Ils ont des réactions particulièrement crédibles et se posent beaucoup de questions sur le futur. C’est en particulier le cas de Rhéa qui porte une lourde culpabilité en elle, puisqu’elle est persuadée qu’elle aurait pu être là pour son compagnon afin de changer les choses, lui apporter du réconfort ou lui offrir une étincelle lui donnant foi en la vie. Elle ne cesse de penser que tout aurait pu être différent… Igor réagira davantage par la colère, le rejet et d’autres réactions intenses, quitte à cracher des mots insoutenables à ses parents. Leur comportement est parfaitement légitime, car leurs blessures sont immenses, qu’elles soient intérieures ou visibles…

Parfois, Marie Colot et Nancy Guilbert ont intégré des éléments graphiques comme des tableaux ou des dessins d’Igor, mais également des extraits de journal intime, des SMS, des haïkus, etc. Cela apporte une certaine originalité et m’a beaucoup plu. J’ai finalement refermé cet ouvrage avec une immense satisfaction. Petits et grands lecteurs, je vous recommande vivement ce petit bijou d’émotions !

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Citations

L’horreur fascine. La monstruosité attire plus que la beauté.
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Les adultes sont dévastés. Ils ne sont pas à la hauteur. Ils font semblant mais ne maitrisent rien du tout. Ils prononcent des phrases toutes prêtes et inutiles, les yeux gonflés de larmes, pour éviter des silences pesants, mais au fond, ils sont aussi perdus et démunis que nous. Des gamins effrayés devenus grands, mais qui n’ont toujours rien compris. Alors, pour se rassurer, ils s’inventent des codes et des cases, beaucoup de cases dans lesquelles ils rangent les gens soigneusement. Et quand tu n’entres dans aucune, on t’éjecte, un petit sourire, une tape sur l’épaule, mais on t’éjecte quand même…—————

Quand on n’a plus rien pour être heureux, le bonheur se loge apparemment dans les battements de cœur. Ma vie est une peau de chagrin, pleine de cicatrices, de raccommodages, de greffes et de trous. Et il ne me reste qu’un œil pour pleurer.
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Parfois, c’est difficile de comprendre les autres, même si on les aime.
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Ma note

5/5

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