BD·Fantastique/Fantasy·Littérature jeunesse·Young adult

« Jeannot » de Loïc Clément et Carole Maurel

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Jeannot »
Auteurs : Loïc Clément et Carole Maurel
Genre : Bande dessinée tous publics (ados, YA, adultes)
Éditeur : Delcourt

.

résumé du livre

Pour Jeannot, la vie était simple et heureuse jusqu’à ce drame qui a tout changé. Depuis il s’est mis à entendre ce que disent les arbres et les plantes. Cela paraît un peu fou mais il peut vraiment les entendre ! On pourrait croire à un don du ciel inestimable, mais Jeannot y voit plutôt une malédiction car les arbres sont bêtes comme leurs racines…

.

Ma critique

couv70778847Cette jolie BD pleine d’émotions aborde des sujets difficiles, sensibles et réalistes. En lisant la quatrième de couverture, je ne m’attendais pas à une telle ambiance. J’imaginais davantage un récit doux, avec de la magie et des moments drôles. Cela dit, je n’ai pas été déçue ! C’était différent de mes attentes, mais je me suis régalée et j’ai été émue. Dès le début de l’histoire, on va mettre en avant le pouvoir magique de Jeannot : le lien végétal. Le vieil homme a la capacité de comprendre les plantes, les arbres et la nature en général. Un pouvoir séduisant sur le papier, mais loin d’être pratique ou de tout repos ! Par exemple, le vieillard est sans cesse embêté par un duo d’arbres enlaçant leurs branches. Les deux tourtereaux ne font que se murmurer des mots doux, ce qui renvoie directement Jeannot à sa solitude. Son attitude est alors aigrie et agressive. Ce don est également problématique, puisque les légumes ne cessent de hurler leur douleur lorsqu’ils sont cuisinés ! Pas facile de voir sa soupe crier ou ses patates sautées pleurnicher dans la casserole… (Non. Jeannot ne peut donc pas être vegan…) Tout ce qui tourne autour du pouvoir de Jeannot m’a plu, notamment lors des passages avec les deux arbres.

L’humour est présent, que ce soit avec les échanges cocasses liés au pouvoir magique, à travers la narration ou via des jeux de mots. Toutefois, ce n’est pas ce que je retiendrais : ce qui est surtout mis en valeur, c’est le vécu douloureux de Jeannot. Pourquoi est-il tellement en colère ? Quel secret cache-t-il ? Pourquoi s’en prendre à la nature ? Pourquoi, malgré sa rencontre avec Josette, il reste à ce point renfermé sur lui-même ? Mon attachement pour ce vieux râleur a été rapide. De ce fait, j’ai rapidement eu envie de le voir à nouveau heureux. La révélation sur le mal-être qui le ronge a été intense. Et la page avec la fleur qui se fane peu à peu est marquante. Son traumatisme est compréhensible…De façon générale, les illustrations sont magnifiques et émouvantes. Parfois, le texte est absent, mais tellement de choses se passe à travers les dessins que cela n’a pas d’importance.

Des illustrations expressives, un soupçon d’humour, une grande dose de sentiments, des thématiques fortes (deuil, solitude, résilience, amour, …), rendent cet album magnifique. On en demanderait plus ! Apparemment, c’est possible : d’après les avis vus sur internet, cette BD fait écho à une autre intitulée « Chaussette ». Il faudrait que je mette la main dessus…

.

mosel-lire-2020-2021

.

Citations

Il devenait urgent de vivre.
Que les étoiles s’illuminent, qu’elles nous égayent…
Célébrer la lune et le soleil…
Contempler l’océan…
Observer la forêt…
Car tout ce qui est bon peut advenir désormais.

—————

Même après plusieurs années, je n’ai rien dit à personne pour mon pouvoir, parce que si les gens savaient, ils diraient que c’est dans ma tête.
– Juste un petit rafraîchissement des pointes s’il vous plaît.
– J’suis pas ton coiffeur !

—————

Oui, je sais, ça paît foldingue un jardinier qui comprend le murmure végétal, mais je raconte pas de galéjades. On pourrait penser à un don du ciel… mais moi, je crois surtout que c’est une malédiction, car si vous pouviez entendre parler les plantes, comme moi… vous constateriez que la plupart sont bêtes comme leurs racines.

—————

Que tournent les pendules, résonne le téléphone.
Laisser aboyer le chien pour l’os qu’on lui donne.
Faire jouer les pianos, et les roulements de tambour…
Et surtout, se rappeler les sourires avant la fin du jour.

.

Ma note

4,5/5

6 réflexions au sujet de « « Jeannot » de Loïc Clément et Carole Maurel »

  1. Rien que le grand-père sur son banc m’aurait donné envie de lire la BD, mais ce que tu en dis me plaît beaucoup comme cette idée de lien qu’il a avec le végétal même si ça ne semble pas l’enchanter. Et puis, j’aime toujours beaucoup les vieux râleurs en littérature, surtout quand ils cachent un douloureux vécu…

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire