Littérature jeunesse·Science Fiction·Young adult

« L’année de Grâce » de Kim Liggett

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « L’année de Grâce »
Auteur : Kim Liggett
Genre : Dystopie / Science-Fiction / Roman ado – YA
Éditeur : Casterman

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résumé du livre.

« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit. Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante. » Un an d’exil en forêt. Un an d’épreuves. On ne revient pas indemne de l’année de grâce. Si on en revient.

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Ma critique

Lors de sa sortie, « L’année de Grâce » a rapidement eu de bons échos, que ce soit sur la toile en général, chez les copines de Babelio ou encore sur des blogs auxquels je suis abonnée. N’ayant lu aucun mauvais avis, j’ai décidé de craquer et de découvrir cet ouvrage présenté comme un très bon mélange entre « La Servante écarlate », « Sa Majesté des mouches » et « Hunger Games ». Or, après cette lecture, je peux annoncer que la comparaison n’est pas fortuite. Ce one-shot m’a effectivement fait songer à ces trois œuvres.

couv59466191Avec effroi, j’ai plongé dans ce village où les Femmes ne valent pas mieux que du bétail : les hommes choisissent eux-mêmes leur future épouse pour enfanter leur descendance et celles qui n’ont pas de conjoint devront travailler pour la société. Les filles doivent accepter ce choix et ce, même si elles n’aiment pas la personne qui leur est promise… Mais le pire consiste à envoyer toutes ces vierges de seize ans en exil, afin de vivre l’année de grâce. 365 jours consistant à survivre seules dans un camp loin de la cité. 365 jours où elles seront livrées à elles-mêmes. 365 jours pour perdre leur « magie », un pouvoir que chaque femme possède, puisque le sexe faible est impie ! J’aime beaucoup les fictions mettant en avant les sociétés patriarcales et misogynes où les Femmes vont ouvrir les yeux sur leur quotidien, puis se révolter. Le statut de ces héroïnes ne me laisse jamais indifférente et je sais d’avance que je ressentirai une myriade d’émotions pour celles qui oseront ouvrir les lèvres. Ce que va vivre Tierney et la trentaine d’adolescentes ne fera pas exception : j’ai été fascinée, écœurée, furieuse, blessée et impressionnée. Plus j’en apprenais sur la ville, sur le camp et l’année de grâce, moins je restais insensible. Quelle société horrible, sombre et violente ! Heureusement qu’elle n’existe pas réellement… Cela dit, cette dystopie fait réfléchir sur notre propre monde, sur les combats féministes qu’il est important de défendre, sur l’oppression, sur les croyances ainsi que sur la place de la Femme ou des individus en général dans notre société. On est donc sur un chouette roman coup de poing qui pousse à la réflexion

Kim Liggett a très bien géré le rythme de son histoire. Bien que l’on soit dans un huis-clos, on ne s’ennuie jamais et on assiste à une succession de rebondissements ou de révélations. J’ai énormément apprécié tout l’aspect survivaliste de ce titre ainsi que la montée en puissance de la démence de certaines filles. Les personnages principaux sont plutôt bien creusés et nuancés, en particulier Tierney, Kiersten, Gertrude, Ryker et Michael. Certes, certains tempéraments ont une base classique (ex : Kiersten la peste violente avec son groupe de harceleuses) toutefois, leurs traits gagneront en complexité au fil des chapitres. Ainsi, la narratrice m’a beaucoup plu. J’ai été conquise par son caractère rebelle, rêveur, observateur, vif, attentif, débrouillard, honnête et solidaire. Ses raisonnements ainsi que son évolution sont très plaisants à suivre. De plus, toute la partie avant la rencontre avec les braconniers m’a transportée, car c’était intense et oppressant. La jeune fille a vraiment su faire preuve de cran et d’initiative face à ces nombreux dangers… Ces derniers ne me laissaient pas de marbre. D’ailleurs, il me tardait de faire la rencontre avec ces hommes traquant et dépeçant les adolescentes chaque année ! Seraient-ils des alliés ou des monstres sans cœur ? Ce passage a été intéressant, bien que long… En outre, il manque quelques éléments sur ces individus et leur fonctionnement. J’aurais adoré en savoir plus sur eux… Ainsi, je reconnais avoir préféré le début ainsi que le retour de l’héroïne auprès de ses consœurs.

Si j’ai aimé ce roman au point de le dévorer en une ou deux journées, je dois néanmoins avouer ne pas le trouver parfait. Tout d’abord, je n’ai absolument pas retenu le nom de la majorité des personnages secondaires. Hormis les cinq cités précédemment, la vingtaine de protagonistes m’a laissée indifférente. Que ce soit en raison de leur nombre ou du manque d’informations sur eux, je n’ai pas spécialement été touchée par leur destin ou par la mort brutale d’une poignée d’entre eux. De plus, j’ai jugé quelques péripéties très prévisibles. Un peu de surprise dans ma lecture aurait sans doute balayé les autres défauts… Enfin, j’ai trouvé l’univers prometteur, mais survolé. Même en ayant terminé le livre, j’estime qu’il y a encore beaucoup de zones d’ombre et de choses à développer ! Or, si la fin plutôt ouverte ne m’a pas dérangée, je pense qu’il serait bon de proposer une suite à cet ouvrage. Je croise donc les doigts pour que l’auteure rédige un jour un second tome et vous recommande tout de même ce page-turner glaçant et immersif pour grands ados.

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Citations

C’est le problème, quand on laisse entrer la lumière : dès qu’on vous la reprend, l’obscurité paraît encore plus terrible.
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Quand le portail se referme sur leurs visages troublés, il est évident que ces hommes nous considèrent comme des créatures haïssables, à enfermer pour le bien de tous, y compris le nôtre, afin d’exorciser les démons tapis en nous. Pourtant, même dans ce lieu maudit où la peur, la colère et le ressentiment grandissent en moi, je ne me sens toujours pas magique.
Je ne me sens toujours pas puissante.
Je me sens abandonnée.
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Sache qu’une simple graine de bienveillance peut tout changer…
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Nous avons tous un rôle à jouer sur terre. Et j’ai bien l’intention de tenir le mien, si minuscule soit-il.

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Ma note

4,5/5

21 réflexions au sujet de « « L’année de Grâce » de Kim Liggett »

  1. Ce livre me fait envie depuis sa sortie, et ton avis semble confirmer l’idée que je m’en faisais ; un one-shot dynamique et addictif qui manque certes un peu de développement, mais se révélera un vrai page-turner ! Je ne sais pas quand je vais craquer pour ce livre, mais ça arrivera, c’est sûr ! 🙂

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  2. J’étais déjà tentée (surtout à cause de sa couverture) par cette dystopie adolescente, mais l’ajout de qualificatifs comme récit coup de poing, féministe et survivaliste titille encore plus ma curiosité. Je me le note pour sa future sortie poche car je ne doute pas qu’il y aura droit >.<

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  3. j’ai beaucoup aimé l’univers, mais je suis un peu comme toi, j’aurai aimé en savoir plus sur l’univers : car finalement nous savons le fonctionnement de la cité, voyons quelques brides de ce qu’il se passe à l’extérieur, mais plus loin ? et pourquoi c’est ainsi ? mais le côté lutte féministe est vraiment intéressant et fait réfléchir !

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  4. Le titre me tentait déjà, mais ton avis renforce mon envie de lire, appréciant les lectures qui, sous couvert de fiction, incitent à la réflexion, notamment sur notre société et la place des femmes. Le fond a l’air révoltant et passionnant malgré quelques facilités et une fin ouverte, quelque chose dont je ne suis guère friande.

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