Romances·Romans policiers / Thriller

« Terminus Elicius » de Karine Giebel

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Terminus Elicius »
Auteur : Karine Giebel
Genre : Roman policier / Thriller / Romance
Éditeur : Pocket

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résumé du livre

Istres-Marseille. Pour Jeanne, la vie est ponctuée par cet aller-retour ferroviaire quotidien entre son travail de gratte-papier au commissariat et la maison de sa mère. Elle attend néanmoins qu’un événement vienne secouer le fil de son existence: un regard, enfin, du capitaine Esposito? La résolution, peut-être, de cette ffaire de serial killer qui défraie la chronique phocéenne? « Vous êtes si belle, Jeanne Si touchante et si belle. » Ce soir-là, une lettre, glissée entre deux banquettes, semble combler toutes ses espérances. Un peu trop, même. Car derrière le mystérieux soupirant se cache le meurtrier tant recherché par la police. Commence alors une correspondance amoureuse qui, pour Jeanne, n’aura de terminus qu’au bout de l’enfer…

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Ma critique

Embarquement immédiat pour, il me semble, le premier roman de Karine Giebel ! J’avoue que j’étais très curieuse de découvrir l’un de ses premiers écrits, que ce soit pour voir l’évolution de son style, si l’ambiance est déjà maîtrisée et si ses personnages ont déjà une petite touche « Giebel » ! Globalement, j’ai apprécié ce titre. Certes, tout n’est pas parfait toutefois, j’ai aimé le fait que son héroïne et son tueur ont quelque chose de complexe, discutable et noir.

terJeanne, jeune policière, est très investie dans son travail. Hélas, elle est également très timide, souvent moquée par ses collègues, si bien qu’elle ne tisse pas de lien avec autrui. Sa mère entretient également une relation étrange avec elle, à la fois toxique, protectrice, attentive et collante. (Je pense, d’ailleurs, que l’on aurait pu développer ce lien déroutant !) Il s’est passé un drame terrible qui a mis à mal la petite Jeanne. À la dérive et dans sa bulle, celle-ci trouve refuge dans les médicaments et la solitude. Un jour, elle découvre une lettre s’adressant directement à elle : le tueur que son patron cherche à attraper lui laisse des missives dans les transports en commun. Peu à peu, ces courriers vont changer la vie de la demoiselle. IL est le seul à la remarquer. Même s’IL sème la mort, IL sait la toucher avec ses mots. IL parle d’amour et de futur. Dans son cœur, tout remue. Dans sa tête, la peur, les doutes, la justice et les valeurs se bousculent. On a donc une (anti)héroïne perdue dont les sentiments et les choix sont contestables ! Même si je ne me suis pas attachée à Jeanne, j’ai adoré toutes ses facettes. Elle correspond exactement à ce que j’apprécie et recherche chez les protagonistes de l’auteure.

Le tueur en série n’est pas en reste. Si l’on passe outre son côté vengeur et sanglant (ce que, personnellement, je suis incapable de faire), ce meurtrier est tout de même intéressant. Il a sa vision des choses et semble totalement déboussolé. Au fil des correspondances, on réalise qu’il souffre énormément. Il voit en Jeanne une âme aussi peinée que la sienne. Il la connaît. Il l’a observée. Il l’aime. Sera-t-il prêt à arrêter ses crimes par amour pour elle ? Changer pour quelqu’un. Aller au bout de ses convictions. S’attacher à un bourreau. Sauver le Mal. Ce tandem atypique, dérangeant et complexe fait assez froid dans le dos. Cela dit, je pensais un peu plus vibrer tout au long du récit. Hormis quelques passages et le dénouement, j’ai estimé que l’on aurait pu créer davantage de tension ou rajouter des instants avec le binôme.

Ma grosse déception vient du capitaine Esposito. Bellâtre qui fait chavirer les cœurs de ses collègues, il enquête sur ces nombreux morts sans compter les heures ou les cafés ! Lui aussi a repéré la beauté discrète de Jeanne. Peu à peu, il va également tisser un lien avec elle, ignorant qu’elle entretient une relation épistolaire avec celui qu’il traque… Le capitaine m’a paru terriblement creux, fade, cliché et sans intérêt. Je n’étais jamais satisfaite lorsqu’il devenait narrateur à son tour. On était surtout sur du contenu « classique », avec peu de suspense. Je préférais de loin l’idylle interdite de sa collègue et de l’assassin !

Le rythme fait également défaut au récit. En effet, l’intrigue met du temps à décoller et les rebondissements ou indices sont disséminés trop ponctuellement. Par rapport à d’autres publications plus récentes, on sent que Karine Giebel en est à ses débuts. Depuis, elle a bien travaillé sur le dynamisme et sur l’atmosphère de ses textes. On notera également l’épilogue qui n’a pas été à mon goût. Cela dit, je n’ai pas tenu rigueur de cette lente cadence, car j’ai mis cela sur les débuts de l’autrice. Quant au dénouement, j’estime que cela dépendra des préférences du lectorat. Alors, oui, il y a des défauts… Mais, il ne faut pas oublier que c’est un premier roman. En outre, les éléments positifs ont pris le dessus sur le reste, si bien que je suis ressortie globalement satisfaite de « Terminus Elicius ». 

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Citations

Une journée qui ne sert à rien. Une de celles qui ne laissent pas de trace. Alors qu’il y en a qui marquent à vie. Mauvais dosage.

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J’adore les gares. Et vous ? Un petit monde dans le monde, arrivées et départs, séparations et retrouvailles. Ceux qui sont pressés, ceux qui aimeraient que le temps s’arrête.

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Marseille, immense, chamarrée, cosmopolite. Généreuse. Exubérante et indisciplinée. Un caractère bien trempé, des saveurs particulières entre mer et collines provençales. Selon son humeur, on pouvait s’y perdre ou s’y retrouver. Mais toujours s’y attacher.

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Sortir des griffes des médecins, des psychiatres et de leurs piqûres. Celles qui changent la couleur de votre douleur, qui vous font oublier qui vous êtes. Qui vous grignotent la tête morceau par morceau et vous enveloppent le cerveau dans du coton stérile.

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Ma note

 

4/5

8 réflexions au sujet de « « Terminus Elicius » de Karine Giebel »

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