Fantastique/Fantasy·Littérature jeunesse·Science Fiction·Young adult

« Les enfants du chaos » d’Ellie Gapr #PLIB2022

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Les enfants du chaos »
Auteur : Ellie Gapr
Genre : Science-Fiction / Fantastique / Littérature ado – young adult
Éditeur : Gulf Stream

#ISBN9782354889067

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résumé du livre

Sur la Terre décimée par les catastrophes climatiques, les enfants du don, capables de maîtriser les éléments naturels, sont objets d’espoir et de convoitise. Sevane, jeune rebelle à l’esprit libre, est prête à tout pour garder secrets les pouvoirs de sa sœur. À l’autre bout du monde, Lake, adolescent privilégié, accepte d’utiliser les siens pour gagner l’estime de son père. Et puis il y a Awa, la petite chuchoteuse. Les épreuves qu’elle traverse nourrissent une colère prête à s’embraser… 

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Ma critique

couv39089639En général, les publications de la collection « Électrogène » de chez Gulf Stream me plaisent. Le livre-objet est toujours magnifique (chouette couverture, belles tranches colorées, mise en page soignée), tandis que le texte est souvent engagé. J’ai donc rapidement craqué pour cette nouveauté ! Ici, on est sur de l’anticipation et de la dystopie, puisque la planète a été anéantie par les Hommes. Comme souvent dans les textes post-apocalyptiques, il est question d’écologie (principalement le dérèglement climatique), de survie, d’entraide, de conflits entre les groupes, de politiques et d’espoir pour tout reconstruire. Bien que le sujet soit déjà vu et revu, « Les enfants du chaos » tire son originalité du fait que tout soit raconté par des enfants/ados issus des quatre coins du globe (pas uniquement aux USA !), qu’il y a de la magie et que la fin du monde a déjà eu lieu. Les jeunes payent le prix fort des actes de leurs aînés.

Ainsi, Sevane, Lake et Awa, nos trois narrateurs, ont toujours connu une Terre ravagée par les éléments. Ils ont l’habitude des catastrophes naturelles, des éléments ravageant tout, des crises économiques et sociales, des morts, des disparitions de proches, des restrictions alimentaires et des soucis quotidiens comme les coupures d’électricité, etc. Le contexte de monde anéanti où il est dur de vivre est bien retranscrit, notamment avec Sevane et Awa. D’ailleurs, les chapitres de cette dernière m’ont fait froid dans le dos ! Ses chapitres sont très courts, mais toujours intenses ! Souvent, c’était elle qui me faisait le plus de peine… Ce qu’a vécu la petite Malienne n’est que drame, décès, souffrance, peur et destruction.

Bien qu’ils soient tous importants, deux narrateurs se distingueront le plus : Lake et de Sevane. Celle-ci vit en Arménie, avec sa sœur jumelle, Ardémis. Ensemble, elles tentent de survivre au jour le jour, tout en protégeant les autres enfants du quartier. Ce n’est pas chose aisée, car un groupe mené par le tyrannique Agop organise régulièrement des rafles… Ses hommes sont tous cruels, corrompus et violents. Ils pillent, violent, tuent et enlèvent les petits à leur famille sans vergogne ! On est face à des antagonistes peu nuancés et très stéréotypés toutefois, ils sont parvenus à me faire ressentir de la colère ou de la rancœur. Malgré son caractère parfois buté et mon manque d’attache pour elle, Sevane a prouvé qu’elle était une sœur incroyable, battante, protectrice et déterminée. Sans relâche, elle va tout faire pour retrouver Ardémis ! Qu’importe s’il lui faut avaler des centaines et des centaines de kilomètres… Honnêtement, son lien avec sa jumelle m’a particulièrement émue.

Même s’il est parvenu à me toucher dans sa relation avec son père, Lake est celui avec qui j’ai eu le moins d’affinité. L’adolescent Américain est celui qui m’a semblé le plus malléable et le plus « simple ». Par rapport à ce que vont traverser les héroïnes, sa survie au quotidien m’a paru moins difficile. Cela dit, le pauvre garçon a ses problèmes, notamment avec sa famille. Son géniteur, secrétaire d’État à la Défense, le traite comme un moins-que-rien, l’insulte, l’ignore et le violente. Pourtant, Lake espère un jour avoir sa reconnaissance… Les scènes où il se retrouvait auprès de son paternel m’ont irritée ! Quel père de famille exécrable ! Hélas, si l’on met de côté ce lien révoltant, Lake a une personnalité qui m’a laissé de marbre, car elle est trop classique : celle d’un ado rebelle qui se cherche. Mais, je suppose qu’il s’agit d’affinités. D’autres lecteurs adhéreront sans doute plus à son caractère que moi… Une chose est sûre : ce que Lake traversera ne me mettra pas autant en haleine que Sevane ou Awa. C’est bien dommage, car à travers ce personnage masculin, on fait écho aux enfants-soldats de notre monde actuel. Eux aussi ne méritent pas leur enrôlement forcé, leur exploitation, ni leur endoctrinement…

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L’ouvrage tire sa force dans son univers. En plus de son côté post-apocalyptique bien restitué, on va ajouter une touche fantastique avec un don que possèdent certains enfants. À la lecture du résumé, j’avais craint que l’on ne reparte sur une énième aventure où les bambins et les adolescents savent manier les éléments, comme dans la saga « Avatar ». Heureusement, les choses sont bien plus complexes que ça ! On n’est pas sur une simple école de magie, ni sur des combats où il est important de contrer un élément avec un autre (ex : l’eau éteint le feu). C’est nettement plus fouillé et diversifié. Tout d’abord, le contrôle de ces éléments n’est pas facile pour tout le monde : il a des conséquences sur le « sensitif ». De plus, chaque manipulation fait des ravages ! Par exemple, un sensitif de la terre provoquant un séisme fera des victimes et de la casse… Pratiquer l’épuisera… Et il est possible de mourir ! On est dans un contexte de guerre où les jeunes mages sont exploités par plusieurs autorités afin d’assouvir leur soif de pouvoir… Ces enfants du chaos triment et n’ont d’autre choix que d’obéir. En aucun cas, ils souhaitent sauver le monde ! Ils ne sont que des pions devant obéir pour ne pas périr… Enfin, on apprendra que certains dons sont différents. Il y a plusieurs catégories et sous-castes, mais aussi des exceptions que je vous laisse découvrir !

Malgré les bons éléments, je reconnais n’être pas sortie complètement convaincue par cette lecture. Tout d’abord, j’ai été frustrée par le fait que le trio de narrateurs mette du temps à se rencontrer. Par exemple, Sévane et Lake devront attendre la page 240 (sur un roman de 270/280 pages !) pour enfin se faire face ! De plus, il n’y aura pas beaucoup d’interactions entre eux. Ellie Gapr a préféré développer individuellement chaque héros et son entourage, afin de proposer de véritables individus à part entière. Ce choix est compréhensible et bien réalisé néanmoins, j’avais réellement envie que ces personnalités conversent davantage… Autre point négatif : les dialogues. Malheureusement, j’ai eu un mal fou à me faire au langage familier et au style « parlé » de ces héros ! Il m’a fallu attendre un bon tiers du livre pour enfin m’y faire…

Enfin, même si j’ai ressenti des émotions avec les problèmes ou les vécus des protagonistes, je reconnais ne pas m’être totalement attachée à eux. (Et encore, je ne parle que des narrateurs, car les personnages secondaires comme Vicken, Emy ou Ardémis sont survolés et auraient mérités d’être plus approfondis tant ils étaient prometteurs !) Ce manque d’attachement est-il lié au fait qu’on ne se focalise pas sur l’un des jeunes en particulier ? Est-ce à cause des nombreuses ellipses ? Peut-être ai-je bloqué avec leur âge ? Ou alors, est-ce parce qu’on ne sait finalement pas d’où vient le don des sensitifs, ni pourquoi certains enfants ont un pouvoir et d’autres non ? Je l’ignore… Sans doute un mélange de tout cela. Néanmoins, je sais qu’il m’a manqué quelque chose, car la sauce n’a pas totalement pris. Vous l’aurez compris : ce premier roman a de belles qualités ainsi que quelques faiblesses. Ainsi, je ressors partagée.

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Citations

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Nous sommes les enfants du chaos. Du chaos à venir, peut-être. De celui advenu, surtout. Faut pas pleurer : on est juste des gosses de l’enfer. Vous savez bien celui que vous avez créé.

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Elles n’en parlaient jamais. Jamais. Mais le souvenir de leur mère qui, pendant de semaines, avait agonisé devant leurs yeux de petites filles, ça hantait sans cesse leurs regards. Leurs colères, douloureuses, invisibles pour les autres : c’était ce qui les avait soudées plus encore que leur gémellité. Ce qui, aussi, avait achevé de marquer le contraste entre leurs deux personnalités. Poing chaud et langue froide. […] Bien sûr qu’Ardy comprenait. La rage et la violence, elle connaissait aussi. Elle avait juste rangé tout ça, elle. Camouflé le paquet de merde ailleurs que dans du sang et des coups. Abrité la haine derrière ses yeux noirs, enfoui la terreur là, au creux de ses mains pour toujours tremblantes.

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Dans les rues, à travers l’épais rideau de pluie, l’ambiance était étrange. Personne ne voulait l’admettre, mais les esprits étaient en train de s’agacer. C’était comme une odeur de brûlé, fine mais réelle. Quelque chose était sur le point de s’embraser, quelque part, et la pluie, même en colère, ne pourrait pas éteindre ce feu là.  
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Ma note

3/5

12 réflexions au sujet de « « Les enfants du chaos » d’Ellie Gapr #PLIB2022 »

  1. Même si t’es mitigée, j’ai une amie fan d’ambiance dystopiques et de jeunesse, à qui je me dis que ça pourrait plaire.
    Je note ^^
    Verra-t-on bientôt un peu plus de lectures adultes chez toi ? J’ai l’impression que tu lis beaucoup de jeunesse / YA en ce moment 😅

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    1. Ca peut peut-être lui plaire alors, effectivement ! ^^
      J’avoue que je lis pas mal de jeunesse-ado-YA en imaginaire. (Les oubliés de l’amas que je suis en train de lire est de la SF adulte.)
      L’adulte, je le réserve surtout aux romances et aux polars. Sans doute ma façon de compenser.

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      1. Ah, un peu de SF adulte bientôt, cool !
        C’est déjà chouette les romances adultes, j’ai largement de quoi piocher comme ça.
        Par contre, question subsidiaire : le prix auquel tu participes, c’est la littérature jeunesse / jeune adulte ?

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