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« Orpheline de la Shoah » d’Odette

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Orpheline de la Shoah »
Auteur : Odette
Genre : Autobiographie / Témoignage
Éditeur : Presses de la Renaissance

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résumé du livre

« Orpheline, dyslexique, obèse. Les fées ne s’étaient apparemment pas penchées sur mon berceau. Mais cette farouche envie d’exister, que chaque épreuve venait renforcer, et les quelques anges gardiens que j’ai croisés m’ont aidée à devenir celle que je suis : imparfaite mais vivante. »
Sauvée par une famille qui l’a cachée pendant la guerre, à la Libération, Odette se retrouve orpheline de ses deux parents, déportés à Auschwitz. Commence alors une enfance ballottée d’orphelinat en orphelinat, loin de ses frères et sœurs. Malgré sa rencontre avec la baronne de Rothschild, son « ange gardien » – qui recueille des enfants en détresse -, le chagrin, les mots qu’Odette n’arrive pas à exprimer et qui pourraient la soulager la plongent petit à petit dans la dyslexie et l’obésité.
La vie professionnelle va lui offrir un nouveau souffle. L’amour des enfants dont elle s’occupe comme nurse l’apaise, mais ne soigne pas sa blessure originelle. À trente ans, un homme entre dans sa vie, qu’elle aime éperdument. Mais il se révèle jaloux et la bat.
Un enfant naît, l’homme ne se calme pas. Odette et son fils sont obligés de fuir. L’errance reprend. À 55 ans, pour la fondation « Survivants de la Shoah » de Steven Spielberg, elle témoigne pour la première fois de son expérience. Les vannes s’ouvrent alors, un chemin de guérison devient possible : elle découvre la peinture et remplace les mots trop longtemps tus par des couleurs. Aujourd’hui, elle nous livre sa vie, avec force et pudeur.

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Ma critique

Bien que je ne sois pas portée sur les témoignages, je fais toujours abstraction de mes goûts personnels et je laisse parler ma curiosité dès qu’un membre de mon club des lecteurs conseille un ouvrage au groupe ! Or, je comprends pourquoi cette personne a recommandé cette autobiographie. Ce qu’a vécu Odette fut touchant. Vivant et travaillant en Moselle, l’idée de déracinement et de destins ballottés d’un endroit à un autre me parle… Ainsi, impossible de rester de marbre face à cette femme ou face à toutes ces personnes déportées de-ci de-là durant l’après-guerre !

Avec simplicité, mais sincérité, pudeur et douceur, Odette va narrer toute sa vie : de son enfance à celle qu’elle est devenue aujourd’hui. Sa plume est fluide, sans fioriture ni métaphore. Cela me plaît, car elle transpire la franchise et les émotions. En quelques lignes sur la première page, on sent le vécu derrière… C’est fort et émotionnellement chargé ! La vie d’Odette fut peuplée de rencontres plus ou moins marquantes. J’ai été émue par son lien avec la baronne Germaine de Rothschild, mais aussi avec sa famille, Mamie Gavel, son mari violent et colérique Jean, … Cette autrice a vraiment eu une existence compliquée et humainement riche ! Elle m’a impressionnée par sa forte tête, son courage et sa droiture. Jamais elle ne s’apitoie sur elle-même ou emploie le pathos. Sans cesse, elle trouve le moyen de se relever, puis d’avancer ! Voilà une belle leçon de vie pour les lecteurs, mais également pour ses enfants.

Même si je ne suis pas du tout friande de ce genre littéraire, ce titre fut une bonne surprise. En effet, à la lecture du titre, je craignais que le contenu soit trop dur, avec plusieurs scènes dans les camps ou avec de la violence physique détaillée. Certes, certains passages sont sombres et révoltants, notamment au début, lorsqu’Odette est envoyée d’orphelinat en orphelinat ou avec Jean, le père de son premier enfant. Toutefois, ce n’est pas aussi brutal ou morbide que ce que j’imaginais. Si vous appréciez les (auto)biographies romancées avec des personnes courageuses et batailleuses malgré le quotidien difficile, alors cette femme incroyable devrait vous faire forte impression…

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Citations

Mon chez moi était chez les autres. Quand les gens avaient du cœur, je trouvais ma place : on peut la trouver n’importe où quand on sent que l’on compte. Quand je ne comptais pas, je partais poser mes valise ailleurs. C’est long une vie à attendre de trouver sa place.

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Je ne recherche pas mon passé, mais je ne le fuis plus. Il fait partie de moi, que je le veuille ou non.

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Peindre, c’était ma vie, et pouvoir le faire, un cadeau du ciel.

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J’ai mis du temps à oser la porter, tant le symbole était chargé. Ce qui, pendant la guerre, a été un insigne qui emmenait à la mort, revêt aujourd’hui une autre signification. L’étoile est un hymne à l’amour et à la vie. J’assume et je la porte, je suis une vivante qui témoigne.

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Ma note

3,5/5

6 réflexions au sujet de « « Orpheline de la Shoah » d’Odette »

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