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« Un goût de cannelle et d’espoir » de Sarah McCoy

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Un goût de cannelle et d’espoir »
Auteur : Sarah McCoy
Genre : Roman historique
Éditeur : Pocket

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résumé du livre

Allemagne 1944. Naïve et innocente, Elsie traverse la guerre à l’abri de la petite boulangerie de ses parents et sous la protection d’un officier nazi, loin d’être indifférent à son charme. Lors de la soirée de Noël du parti, elle échappe de peu à un viol grâce à un petit garçon juif. Seul et sans défense, il demande à la jeune fille de le cacher. Prendra-t-elle le risque ? États-Unis, de nos jours. À quatre-vingts ans, Elsie s’active toujours derrière les fourneaux de sa boulangerie. Elle rencontre Reba, une journaliste venue l’interroger sur les fêtes de Noël du passé…

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Ma critique

couv49915850Cette petite pépite m’a beaucoup plu ! Les adeptes de sagas familiales sur un fond historiques devraient vraiment avoir un coup de cœur pour ce titre, car tous les bons ingrédients sont réunis ! Grâce à une narration oscillant entre les années 1940 et une autre se déroulant en 2007, le lecteur va plonger dans une ambiance gourmande remplie de fragrance de cannelle, de farine, de pain et de sucre. Le point commun à ces deux périodes ? Un personnage : Elsie, une boulangère qui va narrer son passé à Reba, une journaliste d’abord chargée de rédiger un article sur les douceurs et les traditions de Noël. Au fil de l’interview qui l’obligera à revenir plusieurs fois dans l’établissement, Reba va apprendre à connaître cette femme franche, tendre, amusante et touchante. Progressivement, la jeune rédactrice va se lier d’amitié avec Elsie et sa fille Jane… La plume de Sarah McCoy est douce, fluide et entraînante. Quelle que soit la période où se passe l’intrigue, elle parvient à émouvoir et captiver le lecteur. En quelques chapitres, on s’est déjà attaché aux personnages principaux, si bien que l’on ne souhaite pas interrompre sa lecture… Pour ma part, j’ai dévoré cet ouvrage en deux jours et, à chaque fois que j’interrompais ma lecture, j’étais toujours impatiente de retrouver tout ce petit monde…

Elsie est réellement une héroïne intéressante. Bien qu’elle soit allemande, elle va rester elle-même et ne va pas se laisser influencer par la propagande, la pression sociétale ou la politique de son pays… Intelligente, observatrice, fougueuse et vive d’esprit, elle n’hésitera pas à prendre position lorsque Tobias, un petit juif, croisera sa route… J’ai trouvé que la pression était très bien retranscrite que ce soit dans la famille d’Elsie ou dans son entourage. En effet, il n’était pas rare à cette époque que le danger soit partout… On est en sécurité nulle part. Parfois, l’impensable se produit, et on réalise que l’on ne peut pas faire confiance à sa propre famille… Et pourtant… C’est dans un climat de peur, de dénonciation, de révolte et d’impuissance que l’on va suivre la jeunesse, l’adolescence, puis l’élévation de la courageuse Elsie. Elle va croiser la route de plusieurs personnages : le redoutable capitaine Kremer, le soldat Joseph, son collègue Peter et bien d’autres… Il est parfois aisé de se perdre parmi tous les personnages cependant, on se laisse facilement porter par le récit. La famille d’Elsie est très touchante que ce soit son père, sa mère qui m’a surprise en fin de roman, son neveu Julius ou encore Hazel, sa sœur avec qui elle correspond. L’intégration de lettres en 1940 et de mails en 2007 apporte une véritable plus-value à l’ouvrage. On se délecte de ces échanges épistolaires et on s’attache davantage aux protagonistes.

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Du côté des personnages vivant à notre époque, j’avoue avoir aimé tout le monde… Reba est une héroïne simple, attachante, débrouillarde et passionnée. Elle va vivre une aventure avec Riki, un agent de patrouille frontalière. En plus d’avoir grandement apprécié la narration du côté de Riki, j’ai trouvé le parallèle immigration/déportation des juifs assez pertinent… En effet, comme les juifs que l’on arrachait à leur foyer, les clandestins que le jeune homme va déloger vont finalement subir le même sort… Même s’ils ont une vie ou une famille, cela n’arrête pas les autorités… Or, ce ne sont pas toujours des inconnus. Ceux qui les arrêtent doivent parfois faire face à des connaissances ou, hélas, à des amis… L’auteure pointe du doigt un problème social d’actualité avec justesse. Qu’importe la période, l’argument est le même : « C’est leur travail. C’est pour le bien de leur pays. » Cela fait fortement réfléchir… Dans la narration de 2007, on notera également la pétillante Jane qui aide sa mère dans la boulangerie. Elle dégage un certain peps et m’arrachera plus d’un sourire lorsqu’elle fera la conversation avec Reba et Elsie pendant une dégustation de viennoiseries… D’ailleurs, pendant tout le livre, on a souvent l’eau à la bouche. Sarah McCoy n’hésite pas à insister sur les odeurs que dégage la boulangerie ou sur l’aspect des pains ou des gâteaux. On s’y croirait… J’ai d’ailleurs été aux anges lorsque j’ai vu qu’une multitude de recettes d’Elsie m’attendaient en fin de roman ! J’en ai recopié plusieurs et essayerai d’en faire, car cela donne envie !

« Un goût de cannelle et d’espoir » a pour atout de véritablement propulser le lecteur au cœur de la Seconde Guerre mondiale du côté de l’Allemagne. Bien qu’on sache que la vie était difficile, on est loin de se douter à quel point les citoyens allemands en ont bavé… On y découvre les conséquences de la guerre, les obligations du régime nazi, les restrictions alimentaires ou encore les différents fonctionnements du joug SS. C’est une ambiance assez difficile, cependant on n’est pas dans le pathos, ni dans la facilité ni dans le jugement de valeur. Le lecteur reste aux côtés d’Elsie avec plaisir et avec une grande touche de curiosité. On a là un beau roman historique et familial qui traverse le temps, la guerre, l’injustice et la violence. Une œuvre féministe allant de 1940 à 2008… Une lecture pleine d’émotions, lumineuse, prenante et douloureuse. Mais surtout, un titre à découvrir…

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clubdeslecteurs.

Citations

Reba, avait toujours imaginé l’amour sauvage et indompté. L’amour vrai était une flamme passionnée qui brillait de tout son éclat jusqu’à ce qu’elle se consume. Elle ne vacillait pas, ne baissait pas, affaiblie par la banalité du quotidien.
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Personne n’est bon ou mauvais par naissance, nationalité ou religion. Au fond de nous, nous sommes tous maîtres et esclaves, riches et pauvres, parfaits et imparfaits.
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– Vous ne pouvez tout de même pas comparer le régime nazi avec les Américains en Irak, c’est totalement différent.
Elsie ne cilla pas.
– Vous savez tout ce qui s’y passe? Non. C’était pareil pour nous à l’époque.
Nous savions que certaines choses n’étaient pas bien, mais nous avions trop peur pour changer ce que nous savions, et encore plus peur de découvrir ce que nous ne savions pas.
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Ma note

♥ 4,5/5

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