Fantastique/Fantasy·Horreur·Young adult

« Waterwitch » d’Alex Bell

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Waterwitch »
Auteur : Alex Bell
Genre : Horreur / Fantastique / Littérature ado – Young Adult

Éditeur : Du Chat Noir

.

résumé du livre

Certaines malédictions deviennent de plus en plus puissantes avec le temps… Suite à un accident, Emma a perdu l’usage de ses jambes. Sept ans plus tard, l’adolescente revient en Cornouailles, sur les lieux du drame : l’auberge familiale du Waterwitch, gérée par sa grand-mère mourante. Ce bâtiment a été construit avec le bois d’une épave, celle d’un navire au passé trouble, maudit raconte la légende. Parmi les sombres secrets qui hantent l’auberge se cachent des fantômes du passé. Et l’un d’eux est particulièrement en colère.

.

Ma critique

« Emmurées » d’Alex Bell fut l’une de mes meilleures lectures du mois d’avril. Alors, lorsque j’ai vu que l’auteure était présente en dédicace aux Imaginales, je n’ai pas hésité à aller la voir pour acheter un autre roman d’horreur fantastique. Mon choix s’est donc porté sur « Waterwitch », notamment grâce à sa superbe couverture et son édition qui est souvent un gage de bons titres. couv57377057Je reconnais que j’ai aimé ma lecture néanmoins, on est loin d’« Emmurées » qui apportait une véritable ambiance et qui m’avait donné envie de tourner frénétiquement les pages…

Ce one-shot met en scène Emma, une héroïne handicapée, qui va voir sa grand-mère malade afin d’être à ses côtés dans ses derniers instants. Le hasard a voulu qu’elle séjourne dans l’auberge Waterwitch, apparemment hantée. Là, elle va retrouver Jem et Shell, deux amis d’enfance. Le scénario de base est plutôt correct, bien que classique. Dès les premiers instants où les trois jeunes gens ont mis les pieds dans l’hôtel, des faits inexpliqués ont eu lieu… Les choses sont ensuite allées crescendo, jusqu’à alors devenir extrêmes, voire mortelles… Hélas, j’ai trouvé les personnages un peu trop lisses pour m’y attacher… Alex Bell a fait en sorte de donner la parole à chaque membre du trio avec une narration plurielle, ce qui est très appréciable et permet d’avoir leur avis sur la situation. Ensuite, libre au lecteur d’essayer de comprendre ce qui est vrai ou faux… Pendant une longue partie du récit, on va par exemple se demander si la petite Shell est vraiment capable de pratiquer la sorcellerie, si elle a des visions pour une raison précise ou si elle est aussi folle et perturbée que le prétend son entourage… À mes yeux, elle a été la protagoniste la plus intéressante, car ce qu’il lui arrive est assez déstabilisant. C’est une demoiselle courageuse, entêtée et pleine de ressources. J’ai particulièrement accroché aux oiseaux qu’elle seule peut voir et qui la suivent, car ils m’ont rappelé le film d’Alfred Hitchcock… Lorsqu’elle est narratrice, le style devient plus enfantin, ce qui contraste vraiment avec l’horreur des scènes surnaturelles que Shell va traverser… Ce choix est plutôt pertinent.

982870-bigthumbnail

Hélas, les deux autres héros n’ont pas su me conquérir. J’ai trouvé Jem gentil, mais bien trop survolé. Certes, il a l’air d’avoir de belles valeurs ainsi qu’un sentiment protecteur envers sa cadette toutefois, on ne le découvre pas assez à mon goût. J’ai eu l’impression qu’il se faisait voler la vedette par ses comparses, notamment par sa sœur. C’est surtout Emma qui m’a déçue : je pensais qu’on en saurait plus sur son accident ou que son passé aurait davantage d’impact sur l’histoire. Au final, elle ne fait que subir les événements ou assister ses deux camarades. Sa personnalité est également très effacée, si bien qu’à mon grand regret, je n’ai pas ressenti grand chose pour elle. Quant à la fameuse sorcière hantant l’auberge, j’aurais voulu qu’on creuse encore plus son passé ou qu’elle agisse de façon plus violente…

En revanche, le contexte dans lequel tout ce petit monde évolue m’a séduite. Pour construire son scénario, l’auteure est vraisemblablement partie du restaurant Smugglers Cott qui a été construit à partir du bois récupéré d’un bateau. À cela, elle a ajouté une touche d’horreur et de fantastique. La sorcellerie est déclinée sous plusieurs formes (vaudou, magie noire/blanche/verte/autre, lieux hantés, boules divines, etc.) et les manifestations macabres sont diverses, ce qui m’a bien plu. Alex Bell a également abordé quelques sujets très intéressants comme le handicap, le regard des autres, la violence familiale et les relations au sein d’une fratrie. Le résultat est vraiment pas mal ! On est dans un huis-clos où le danger est constant. Les lecteurs en quête d’horreur pour ados seront certainement conquis par cette atmosphère mêlant légende marine et sorcellerie. Pour ceux qui cherchent vraiment à frissonner, mieux vaut passer votre chemin. J’ai lu des titres plus horrifiques que celui-ci…

..

Citations

Ceux qui comme nous travaillent en mer savent que les bateaux ont une âme. C’est un fait historique avéré que des hommes ont été assassinés sur le Waterwitch et de toute évidence, le bois s’en souvient.
.
—————
.
La dernière fois que j’avais vu mon père, c’était le jour de l’accident et le revoir maintenant était bizarre. Une part de moi voulait courir vers lui et une autre voulait s’enfuir, et les deux envies irrépressibles étaient sur le point de me déchirer en deux au milieu de la rue, comme si je n’étais qu’une poupée de papier. C’est comme ça quand on aime quelqu’un qui vous fait peur, je suppose le pire sentiment au monde.
.
—————
.
Jem pleurait, mais c’étaient des pleurs silencieux il me disait tout le temps que je devais apprendre à pleurer sans bruit, sans sanglots, râles ou gémissements, car cela énervait papa. Le problème, c’est que tout énervait papa. Parfois, c’étaient les voisins ou la météo, ou le ciel ou la mer. Et toute cette colère, c’était un peu comme une quatrième personne vivant avec nous une personne dangereuse qui dormait la plupart du temps et qu’il ne fallait surtout pas réveiller.
.
—————
.
Quelque chose me frôla le pied et je me dis que ce devait être le gant de toilette et ne bougeai pas. L’eau m’arrivait aux chevilles, maintenant, et le gant était coincé sous mon pied gauche. Mais quelque chose me refrôla le pied droit. Et le talon. Que pouvait-il bien y avoir dans l’eau ?
Je fronçai les sourcils et ouvris les paupières.
Je baissais le regard, m’attendant à voir le gant, et peut-être une bouteille de gel douche.
Mais non.
L’eau me parut noire et durant un instant de confusion je me dis qu’on avait dû y verser de l’encre. Et puis, je compris enfin ce que j’avais sous les yeux.
La baignoire était remplie d’ailes.
Remplie d’ailes, remplie d’ailes, remplie d’ailes.
Pas d’oiseaux,d e becs ou de serres, juste des ailes trempées, en loques saccagées, avec des filets de sang tourbillonnant entre les plumes alors qu’elles flottaient mollement à la surface.

.

Ma note

3,5/5

18 réflexions au sujet de « « Waterwitch » d’Alex Bell »

  1. Coucou ! Je m’inspire beaucoup de tes chroniques pour faire plaisir à mes proches dont certains partagent tes goûts. Mais 3,5… j’hésite, mais La couverture est tellement belle!!! 😦

    Aimé par 1 personne

      1. Ils aiment beaucoup ce genre de livres, mais je ne vais pas acheter celui-ci. La note que tu as mise ne m’y incite pas tellement . Oui ce sont des ados. Des ados chiants. Et adorables.😊

        Aimé par 1 personne

  2. La couverture et le résumé sont alléchants mais j’ai déjà lu une chronique très mitigée et avec la tienne, j’ai de moins en moins envie de tenter ce livre surtout au niveau des personnages qui manquent apparemment de consistance ou de caractère.

    Aimé par 1 personne

  3. Je suis assez d’accord avec ton avis ! Emmurées m’a plus emportée que celui-ci même s’il était bien sympa, je m’attendais à plus de frissons. Shell est clairement le personnage le plus intéressant, elle comprend plus de choses mais nous fait douter également ^^ J’aime beaucoup le style d’Alex Bell et j’aimerais découvrir ses autres titres 🙂

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire