Romans

« Les victorieuses » de Laetitia Colombani

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Les victorieuses »
Auteur : Laetitia Colombani
Genre : Littérature contemporaine
Éditeur : Le Livre de Poche

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résumé du livre

Brillante avocate, Solène tente de se reconstruire après un burn out. Acceptant une mission bénévole d’écrivain public, elle est envoyée au Palais de la Femme, un foyer au cœur de Paris. Les résidentes s’appellent Binta, Sumeya, Cvetana, Salma ou la Renée et viennent du monde entier. Lorsqu’elles voient arriver Solène, elles se montrent méfiantes. Mais Solène est bien décidée à trouver sa place auprès de ces femmes aux destins tourmentés…
Un siècle plus tôt, Blanche Peyron œuvre en faveur des démunis. Elle a voué sa vie à l’Armée du Salut et rêve d’offrir un refuge à toutes les exclues de la société. Le chemin est ardu, mais elle ne renonce jamais.

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Ma critique

Le point commun entre ma dernière lecture, « La crêperie des petits miracles » d’Emily Blaine, et « Les victorieuses » ? Une héroïne qui fait un burn-out et qui va remonter doucement la pente en léguant son temps aux autres. Ancienne bourreau du travail, Solène a vécu plusieurs bouleversements d’ordre professionnel, personnel, puis a dépassé ses limites en assistant à un suicide d’un client… La pauvre avocate est au bout du rouleau. C’est finalement en échangeant avec son psy qu’elle va décider de faire le bien autour d’elle pour aller mieux. couv9329933Elle va ainsi se lancer dans du bénévolat en se rendant au Palais de la Femme, à Paris. Un lieu où « on panse ses blessures avant de se relever »… Bien que l’atmosphère soit très idyllique et pleine de bons sentiments, le lecteur va prendre plaisir à découvrir tous ces portraits féminins.

Au fil des séances, on va faire des rencontres merveilleuses, dures, émouvantes, délicates et souvent révoltantes. De quoi ressentir une myriade d’émotions. Chaque femme a un vécu terrible qui, hélas, semble crédible. Je ne serais pas étonnée que Laetitia Colombani se soit inspirée de divers témoignages réels pour donner une âme à ces résidentes… Certes, on regrettera de ne pas en savoir davantage et de vite passer à un autre personnage, mais le peu que l’on découvre est touchant. Les récits m’ayant le plus marquées sont ceux de Binta (la mère de Sumeya), de Cynthia (dont la colère et le chagrin se justifient tellement…), Iris, La Renée, etc. L’ouvrage met en lumière des rescapées, des survivantes, des combattantes, des héroïnes, des mères, des filles de tous les horizons aux personnalités hautes en couleur.

Solène n’est pas la seule protagoniste que l’on suivra. En effet, parfois, l’histoire de Blanche Peyron se glissera entre les chapitres de Solène. On découvre alors une femme exceptionnelle qui, malgré la maladie, va léguer toute son énergie, sa détermination et sa générosité en lançant dans un projet de grande envergure : créer le Palais de la Femme. En plus d’admirer son tempérament et sa quête, j’ai adoré apprendre à la connaître du point de vue d’Albin, son époux. Leur rencontre et leurs premiers contacts (en particulier le passage du grand-bi) faisaient chaud au cœur. L’idée de présenter cette Officière de l’Armée du salut m’a conquise, car je ne connaissais pas du tout cette grande dame, ni ce qu’elle avait fait. 

À travers son histoire servant principalement à peindre plusieurs portraits féminins, l’auteure pointe du doigt des problèmes d’ordre social, professionnel et éthique : le revers du métier d’avocat, la dépression, la précarité, le viol, le chômage, l’insécurité des femmes SDF, l’excision, la violence, les choix que l’on fait pour survivre, les petits combats quotidiens, etc. Grâce à cette critique de la société, la dureté du monde éclate au visage du lecteur qui, même s’il a conscience de toutes les batailles à mener, ne peut rester indifférent. Il y a également de beaux messages pleins d’espoir, de sensibilité et d’humanité. J’ai donc passé un bon moment de lecture même si, je l’avoue, j’ai préféré « La tresse » pour son développement plus important des personnages ainsi que pour son idée de récits entremêlés.

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Citations

Il ne faut pas sous-estimer les petits gestes et les sourires, ils sont puissants. Ils sont autant de remparts contre la solitude et l’abattement.

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Il est des lettres qu’on écrit à la main. Et qu’on dicte avec le cœur.
C’est sans doute la tâche la plus difficile qui lui ait été confiée. Elle n’avait pas saisi jusqu’alors le sens profond de sa mission : écrivain public. Elle le comprend seulement maintenant. Prêter sa plume, prêter sa main, prêter ses mots à ceux qui en ont besoin, tel un passeur qui transmet sans juger

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Les médias l’évoquent rarement, le viol des femmes sans-abri n’est pas un sujet présentable. Pas assez chic pour passer au journal de 20 heures, lorsque la France est à table. Les gens n’ont pas envie de savoir ce qui se passe en bas de chez eux lorsqu’ils ont fini de dîner et vont se coucher. Ils préfèrent fermer les yeux.

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Du temps, voilà ce que demandent les associations. sans doute ce qu’il y a de plus difficile à donner dans une société où chaque seconde est comptée. Offrir son temps, c’est s’engager vraiment.

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Ma note

4/5

21 réflexions au sujet de « « Les victorieuses » de Laetitia Colombani »

  1. Bien que les nouveaux portraits permettent d’aborder de nouvelles thématiques, j’ai l’impression que Les Victorieuses ressemble beaucoup trop, dans sa construction, à La Tresse, ce qui ne me donne pas très envie d’essayer. Surtout si, finalement, c’est pour se retrouver avec quelque chose en dessous 😡

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    1. Non, je ne trouve pas que ça y ressemble. S’il fallait résumer grossièrement, je dirais :

      1. C’est une femme blessée qui rencontre des inconnues qui vont lui raconter leur vie. Elle va les aider avec sa plume chaque semaine. Les récits sont courts et imbriqués à chaque rencontre. Un peu une sorte de catalogue/histoires qui se suivent.
      2. L’auteure se sert du récit pour rendre hommage à la conceptrice du bâtiment parisien.

      Voilà pour résumer grossièrement. Alors que la Tresse, j’avais vraiment aimé l’idée de destins forts qui s’entremêlent grâce aux cheveux. De plus, les personnages étaient plus étoffés et, forcément, moins nombreux…
      Je ne sais pas si j’arrive à me faire comprendre. :s Ce n’est pas évident… Mais bref, non, on ne peut pas dire que c’est la même chose que ce soit dans le fonds ou la forme… En point commun, on a juste l’idée de portrait féminins/féministes. 😉

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        1. Oh que oui ! Surtout dans les autres pays… J’ai lu des ouvrages et vu des reportages terribles que ce soit en Inde ou en Afghanistan… Avec des femmes violées, puis rejetées par leurs proches car elles sont devenues impures alors qu’elles n’avaient rien demandé… Ou cette affaire révoltante d’un homme marié qui part avec une femme et on viole sa soeur ainsi que son épouse pour le punir de son acte. Ecoeurant, révoltant, glaçant et inhumain… Il y a beaucoup de choses à changer dans notre monde…

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