BD

« L’arabe du futur » T1 de Riad Sattouf

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : L’arabe du futur T1
Auteur : Riad Sattouf
Genre : Bande dessinée pour adultes / Autobiographie
Editeur : Allary

résumé du livre

Un roman graphique où Riad Sattouf raconte sa jeunesse dans la Libye de Kadhafi et la Syrie d’Hafez al-Assad. Né en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête: que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur…

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Ma critique

L'arabe du futur, tome 1 : 1978-1984 Riad Sattouf

Bande dessinée autobiographique, « L’arabe du futur » retrace l’enfance de Riad Sattouf, fils d’un syrien et d’une bretonne. La petite famille, va énormément voyager, notamment grâce au père, Abdel-Razak, qui décide de quitter la France pour enseigner ailleurs… Replonger au cœur de la Syrie et de la Libye m’a fait fortement songer à « Nujeen, l’incroyable périple » ! D’ailleurs, certaines choses se ressemblent ou m’ont donné un pincement au cœur… Je pense notamment aux pendus « pour l’exemple » ou à l’atroce scène du chiot et des enfants… Ce n’est pas une BD facile. Certes, il y a de l’humour, mais c’est surtout un aperçu d’une culture et de traditions que je ne connais que très peu. C’est donc une œuvre très riche en informations… Voire parfois surprenante (exemple : les maisons vétustes que l’on ne termine pas afin de ne pas payer d’impôts) !

La confrontation entre deux cultures n’est pas toujours aisée, surtout pour notre pauvre petite tête blonde qui a du mal à s’intégrer et ce, quel que soit le lieu où il se trouve… Parfois, ses réflexions sont très naïves et m’ont fait sourire, en particulier la scène où Riad imagine Georges Brassens en Dieu qui mange des bananes. Ce qu’on lui enseigne est tellement différent d’un pays à un autre, que l’on comprend aisément son incompréhension. C’est surtout son père, véritable pilier de la famille, qui impose sa loi et ses façons de penser. Sa mère est finalement très effacée, accepte de rester seule à la maison toute la journée et se montre bien plus tolérante et ouverte que son mari… Heureusement, il reste les haltes en famille, à l’ombre des arbres, où l’on mange des « toutes »…

J’ai apprécié les dessins en rondeur et caricaturés de Riad Sattouf. Cela m’a rappelé le style de Marjane Satrapi avec sa saga « Persepolis » que j’avais beaucoup aimé… Les illustrations sont principalement en noir et blanc, toutefois l’auteur a coloré les cases avec une teinte dominante. Cela permet de mettre en avant les dialogues ou les encadrés narratifs, tout en apportant une certaine ambiance. Chaque couleur est surtout associée à un pays, afin de permettre au lecteur de ne pas se perdre. Ce procédé de colorisation m’a rappelé « Ce n’est pas toi que j’attendais » de Fabien Toulmé et m’a permis de me rendre compte que j’aime autant les BD colorées que celles qui utilisent ce genre d’illustrations.

Cette œuvre très instructive a été proposée dans le cadre du Club des lecteurs de ma médiathèque. Je ne sais pas si, sans ce groupe de lecture, je me serais penchée sur cet ouvrage… Pourtant, le point de vue d’un enfant est intéressant : c’est à la fois personnel, réaliste et riche en anecdotes. De nombreux thèmes sont abordés. Cela pousse à la réflexion tout en mettant en lumière une culture et une politique que l’on ne connaît pas forcément… Je pense que je me pencherai volontiers sur la suite de la série.

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Citations

– Non, mais c’est vrai, faut pas dire « négro », surtout en France. Vu que bientôt y aura plus que ça là-bas… Bien fait pour les français racistes !
– Pourtant, c’est ma copine antillaise que t’as dragué avant moi…
– C’était une manœuvre politicienne !

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En Syrie, quand ta maison est terminée, tu dois payer des impôts dessus… Comme personne ne veut payer, personne ne termine sa maison !

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Mon père était pour le panarabisme. Il était obsédé par l’éducation des arabes. Il pensait que l’homme arabe devait s’éduquer pour sortir de l’obscurantisme religieux.

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Pour remonter le moral de ma mère, mon père l’emmenait chez une sorte de kiosquier qui avait parfois des journaux français.
– Han ! Il a Paris-Match !
– Paris-Match oui-oui, li seul à Homs oui vive li France.
– 40 livres, ça coûte !
– Hooo ça m’fait plaisir…
Les photos un peu « dénudées » étaient couvertes au marqueur par la censure. Certaines pages étaient carrément découpées.
– Au revoir la France ! Ahi ! Ahi ! Ahi !
– Faut pas que tu lises trop, tu vas me ruiner ! Lis-le bien lentement !

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Ma note

♥  4/5

TGWE

4 réflexions au sujet de « « L’arabe du futur » T1 de Riad Sattouf »

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