Littérature jeunesse·Young adult

« Titan noir » de Florence Aubry

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Titan noir »
Auteur : Florence Aubry
Genre : Littérature ado, YA et adulte
Éditeur : Éditions du Rouergue

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résumé du livre

Employée dans un parc océanographique, Elfie, 18 ans, devient rapidement dresseuse d’orques. Mais alors qu’elle nous raconte sa relation privilégiée avec l’une d’entre elles, Titan Noir, une autre voix dresse un panorama terrifiant de ces parcs… et nous dévoile l’identité réelle de cette orque.

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Ma critique

Il y a des livres puissants et touchants dont on entend peu parler. Des plumes justes, belles, travaillées, mordantes, engagées et provoquant directement des émotions. Des thématiques qui vous cognent de plein fouet quel que soit votre âge ou votre vécu. Il y a des perles littéraires que l’on a envie de placer entre toutes les mains. L’une d’elle est venue à ma rencontre dans le cadre de mon travail… Et là, le coup de foudre. Florence Aubry a réussi à me captiver avec son ouvrage dès le premier chapitre ! Malgré la couverture peu attirante, mais qui colle merveilleusement bien au contenu, se dissimule une histoire inspirée du film de « Blackfish » et de l’orque Tilikum qui a fortement touché l’auteure. Face à cette souffrance des animaux en captivité, elle a décidé de créer cette fiction avec l’imposant Titan noir… Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est là : je pense que l’on ne peut que changer sa vision sur les parcs, les zoos ou encore les spectacles animaliers.couv68077262 Je connaissais certaines horreurs que l’on fait aux animaux cependant, j’étais apparemment loin du compte ! Entre la reproduction des cétacés révoltantes, les conditions de vie, l’euthanasie dès que les bêtes sont vieilles, blessées et plus rentables, le suicide animal, le dressage et bien d’autres actions tout autant scandaleuses, c’est à se demander pourquoi ces barbaries continuent…

Florence Aubry a judicieusement proposé un roman à deux voix. Lorsque les pages sont noires avec le texte blanc, c’est un inconnu qui parle et s’adresse à nous à la seconde personne du pluriel. Apparemment observateur, il explique ce que traversent et ressentent les orques, notamment Oscuro, une orque régulièrement attaquée et blessée par des femelles. Avec des mots durs, profonds, réalistes et bien choisis, le narrateur mystère humanise Oscuro en montrant ce qu’il a vécu et dans quel état il est. Ennui, solitude, folie, colère, haine et désespoir sont le quotidien de cette orque que la foule vient aduler le temps d’un spectacle. J’ai profondément été marquée par cette narration où chaque phrase était comme un coup de poing. Il se dégage tant de violence et de force dans sa façon de conter… On ne peut qu’être touché… Et quand on découvre enfin qui est cette mystérieuse voix pleine de courroux, c’est de nouveau la claque ! Lorsque le texte est noir sur pages blanches, on est aux côtés d’Elfie, une demoiselle qui a d’abord mis les pieds dans le parc océanographique du Ponant en tant que caissière à l’entrée. Très vite, sans qu’elle ait besoin d’une formation, elle va se retrouver avec les animaux, notamment les manchots qui vont lui faire comprendre l’envers du décor : la faim, la peur, le harcèlement animal et humain, le mal-être, etc. À ses côtés, le lecteur s’émeut et se révolte… mais il se doit qu’avec la couverture du livre, les manchots n’étaient qu’une première étape dans l’aventure d’Elfie…

Je trouve très bien le fait de sensibiliser et de dénoncer la face cachée de ces structures. Les personnages sont tous attachants, qu’ils soient humains ou non… Le sujet est important, dérangeant et sensible. Même si la thématique peut faire peur, elle est traitée avec brio, crédibilité et justesse. Ce roman conviendra aux grands ados et aux adultes. (D’ailleurs, je compte bien suggérer ce titre à mon club des lecteurs dans l’une des prochaines sessions !) Une lecture qui éveille les consciences et pousse à la réflexion à découvrir d’urgence !

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(Lu dans le cadre du concours MoseL’Lire. N’hésitez pas à cliquer sur la bannière.)

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CitationsPas de surveillants, dans ce parc, pour prévenir les petits manchots fragiles des maltraitances. Pour eux, la récréation était interminable. Elle durait toute la journée, et toute la nuit. Elle durait toute une vie.

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Après ça, Hurricane est restée de longs jours prostrée, à se laisser flotter dans l’eau, au même endroit pendant des heures, à refuser tout travail. Alors ils l’ont mise dans le bassin vitré, pour qu’au moins elle serve à quelque chose. Au minimum elle pouvait être regardée, c’était toujours ça, les visiteurs pouvaient faire des photos, elle restait rentable. Mais quel genre d’êtres vivants êtes-vous, vous capables de passer de longues minutes à contempler une bête abattue par le chagrin ?

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Ce cri poussé par un autre que lui, sa langue maternelle dans la bouche d’un autre être, pour la première fois depuis toutes ces années, ça a sûrement été un bonheur brûlant, pour l’orque. Et ça lui fait un mal de chien. Une douleurs aiguë et brutale, comme un coup de sabre dans la chair.
Parce qu’ici, les petits bonheurs font aussi mal que les coups. Vous comprenez, ils n’ont pas de place pour s’épanouir, pour enfler, pour s’étendre, pour vivre leur vie de petit bonheur. Tout de suite ils viennent buter contre les murs du bocal.

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Ma note

5/5

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4 réflexions au sujet de « « Titan noir » de Florence Aubry »

  1. Même si le récit a l’air d’être dur, je le lirai car c’est important, primordial de ne pas fermer les yeux devant la maltraitance ! Encore un magnifique avis, tu sais trouver les mots justes pour parler de l’histoire et de tes ressentis 🙂

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