Un avis de Saiwhisper
Titre : « La vallée aux merveilles »
Auteur : Sylvie Deshors
Genre : Roman pour ados
Éditeur : Du Rouergue
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Après une rupture amoureuse douloureuse, Jeanne, 16 ans, est envoyée chez sa tante dans la vallée de la Roya. Elle y découvre, stupéfaite, que cette dernière est une militante active, venant en aide aux migrants qui tentent de passer la frontière italienne pour entrer en France.
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Une ode à la générosité, à l’humanité et à l’engagement ! Pour rédiger cet ouvrage, Sylvie Deshors a rencontré des personnes aidant régulièrement les migrants dans la vallée de la Roya. Celles-ci lui ont confié leurs expériences… Et cela se sent ! Les portraits de « La vallée aux merveilles » semblent crédibles et sensibles, en particulier Ronan et la tante « Miette ». On a là un bel hommage à ces aidants. Ces derniers ont également raconté le vécu de ceux qu’ils ont assisté. Or, les récits narrés par les personnages secondaires sont généralement très forts, réalistes et terribles : violence, viol, esclavagisme, guerre, peur, faim, … Même si l’on ne rentre pas dans les détails puisqu’il sagit d’une œuvre pour adolescents, les émotions sont palpables. Ces familles, ces femmes et ces mineurs traversant les pays sont vraiment pleins de courage ! J’espère que ce texte saura sensibiliser le jeune public et lui ouvrir les yeux sur une réalité que l’on a tendance à oublier en ces temps troublés…
L’histoire met en scène Jeanne, une adolescente perdue et au bord du gouffre suite à une rupture qui s’est mal terminée. Cette peine de cœur l’a traumatisée, si bien que la demoiselle va parfois se montrer renfermée, un peu égoïste, irritable et à fleur de peau. Alors qu’elle quitte Lyon durant les vacances de novembre pour se rendre près de Nice chez sa tante, elle ne supporte pas les absences de cette dernière. Où va-t-elle en pleine nuit ? Que cache-t-elle ? Le secret ne tarde pas à arriver : avec quelques habitants, Miette fait partie d’une association pour venir en aide aux réfugiés. À ses côtés, Jeanne va découvrir un monde dont elle avait peu connaissance, si ce n’est grâce aux médias. La détresse de ces personnes va lui faire l’effet d’un uppercut, si bien qu’elle va oublier progressivement ses propres soucis et emprunter le chemin de la résilience. En plus de lui faire ouvrir les yeux, cette expérience va lui permettre de faire une pluie de rencontres. Elle va également apprendre à mieux connaître sa tante mystérieuse, mais attentionnée, déterminée, gentille, un brin loufoque et, surtout, terriblement attachante.
En plus de la quête identitaire, de la reconstruction, de l’immigration, des idées reçues/jugements hâtifs, de la tolérance et de l’entraide, l’auteur va aborder d’autres sujets comme l’écriture en guise d’exutoire. Jeanne, adore écrire de la poésie libre. Cet acte lui permet de poser ses problèmes noir sur blanc et d’aller de l’avant. J’aime beaucoup le concept et j’espère que cela donnera des idées aux lecteurs… « La vallée aux merveilles » aborde donc de très bonnes thématiques qui parleront à tous les publics. Cela dit, j’ai trouvé dommage que Sylvie Deshors ne montre que les bons côtés de l’aide aux migrants. Les aspects négatifs sont à peine mis en avant. Il semble presque bien d’agir dans le dos de la police. De plus, on ne montre que de bonnes personnes. Olivier Norek, à qui on doit le très bon polar « Entre deux mondes », nuance un peu plus les personnalités des migrants. Tous ces réfugiés ne sont pas forcément sympathiques. Leur caractère initial, ce qu’ils ont vécu et la terrible route qu’ils traversent ont parfois fait d’eux des êtres remplis de violence, de pillage et d’irrespect. Pour reprendre Sylvie Deshors : « Partout, il y a des bons et des mauvais. ». Cela s’applique aux aidants les rescapés, aux autres citoyens, aux agents de la loi et aux migrants.
Par ailleurs, je regrette que l’on survole certains sujets que cela concerne les migrants (les difficultés de ces traversées, les risques encourus pour les aidants, le regard des autres villageois), l’héroïne (le harcèlement sur les réseaux sociaux) ou sa tante (son vécu familial). Ainsi, il me manque beaucoup d’éléments pour avoir un coup de cœur. Cela dit, malgré ces points négatifs, j’ai apprécié cette lecture qui a le mérite d’aborder des sujets peu communs en littérature et qui permettra de sensibiliser le lectorat adolescent à une cause humanitaire actuelle aussi complexe que sensible.
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Parfois, j’ai l’impression que personne en Europe ne veut d’eux.
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En France, nous avons tout ce qu’il nous faut pour vivre, étudier et nous devrions le partager avec ceux qui ont tout quitté et n’ont plus rien.
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Dans le silence imposé par la furie des essuie-glaces, entre les vitres couvertes de buée et les flaques de la chaussée, notre trajet s’est déroulé dans un univers aquatique.
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♥♥♥♥ 4/5
Je note, je note… 🙂 Malgré les petits points négatifs que tu soulignes, je pense le lire dans les mois à venir car il a aussi l’air d’avoir de gros points positifs. Merci pour ta chroniques !
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Il y a effectivement de très belles choses dans ce récit ! J’espère que tu aimeras autant que moi. Bonne future lecture.^^
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Merci ! 😀
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C’est un sujet difficile à traiter et l’équilibre est compliqué! Je comprends tes critiques, c’est dommage mais cela donne quand même envie de découvrir ce livre ado 🙂
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Oui, l’équilibre est compliqué… Mais comme tu le soulignes, c’est un sujet difficile à traiter, sensible et complexe. C’est une bonne chose de le voir à destination d’un lectorat ado !
Je suis contente si je t’ai donné envie ! ❤
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Ta chronique donne envie !
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Merci !
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Malgré l’aspect édulcoré qui passe sous silence certains aspects, le travail de sensibilisation réalisé par l’autrice semble important et nécessaire ! Merci pour ton avis sur un ouvrage dont je n’avais jamais entendu parler…
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Je suis entièrement d’accord avec toi.
Avec plaisir !
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