Romans·Romans policiers / Thriller

« Glen Affric » de Karine Giebel

emilie Un avis de Saiwhisper

Titre : « Glen Affric »
Auteur : Karine Giebel 
Genre : Roman policier / Thriller psychologique / Roman noir
Éditeur : Plon

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résumé du livre

« Je suis un idiot, un imbécile, un crétin. Je n’ai pas de cervelle. » Léonard se répète ce refrain chaque jour et chaque nuit, une suite de mots cruels qu’il entend dans la cour, dans la rue. Son quotidien. « Léo le triso. Léonard le bâtard. » Léo n’est pas comme les autres et il a compris que le monde n’aime pas ceux qui sont différents. Alors ce qu’il aimerait lui, parfois, c’est disparaître. Être ailleurs. Loin d’ici. À Glen Affric. Y rejoindre son frère qui est parti en Écosse et n’en est jamais revenu. Un jour, lui aussi ira voir les cascades, les lacs, les vallées plantées de grands pins majestueux. En attendant, il accepte, et subit ce que ses harceleurs lui infligent. Mais jusqu’à quand ? Car si Léonard est une proie facile et résignée, tout être humain a ses propres limites…

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Ma critique

Dès que je vois un nouveau roman de Karine Giebel, je n’hésite pas : je le commande, sans même lire le résumé ! Presque toutes les publications de cette reine du roman noir / polar / thriller psychologique m’ont conquise. Il faut avouer qu’en plus d’avoir un style incisif, sensible, fluide et percutant, l’autrice sait réellement construire des récits aussi forts que marquants ! En outre, elle n’a pas son pareil pour proposer des héros complexes, à vif et remplis de secrets qui vont prendre des décisions discutables, mais, que malgré tout, on suit avec intérêt… « Glen Affric » ne fait pas exception. Même si j’ai quelques réserves sur certains points, il est aussi bon que les autres écrits. Je recommande donc sans hésiter ! Merci à Siabelle de m’avoir accompagnée dans cette lecture commune. Comme toujours, nous nous sommes amusées à faire des théories sur certains protagonistes, tout en partageant nos ressentis au compte-goutte. Ce fut une expérience toujours aussi plaisante, qui a certainement contribué à rendre cette lecture encore plus immersive et passionnante.

glenafrCe joli pavé de presque 800 pages met en lumière une famille au vécu douloureux qui va traverser des épreuves marquantes, révoltantes et douloureuses. Grâce à une narration plurielle, on va découvrir des personnages volontairement inspirés de l’œuvre « Des souris et des hommes » : Léonard / Lennie, Jorge et Mona. Suite à ce qu’il a vécu enfant, Léonard est un adolescent différent des autres. Jeune colosse, il s’exprime simplement, a des difficultés scolaires et semble avoir sa propre vision du bien et du mal. Bien qu’assez longue, la première partie va être consacrée au jeune homme qui va être victime de harcèlement scolaire, de violences et de chantage. Impossible de rester de marbre face au mauvais traitement infligé par ses « camarades » qui vont réellement aller loin… Tellement loin que le jour où ils vont commettre l’irréparable, Léo va péter un câble et se venger… Son acte (presque légitime !) l’amènera en prison, dans un monde hostile, brutal et effrayant qui le changera à jamais. Que j’ai eu de la peine pour cet ado ! Comme Siabelle, j’ai eu envie de le défendre bec et ongles contre les ignominies qui vont déferler sur ses épaules. Puis, peu à peu, ma vision pour le garçon a vacillé, notamment dans la seconde et la dernière partie. Léo, changé par les événements, va m’effrayer… Certes, je reconnaissais le personnage adorable, loyal, valeureux et un peu perdu du début cependant, ce qu’il est devenu ne me laissait pas de marbre. Sacré tour de passe qu’a effectué Karine Giebel !

Jorge fut, à mes yeux, le protagoniste le plus touchant du récit. Grand-frère protecteur, compréhensif, intelligent, vif et avec des valeurs, le pauvre Jorge aura également escaladé ses propres murs. J’ai vraiment accroché à sa personnalité lorsqu’il a enfin pu rencontrer son cadet. Oh, comme j’ai aimé leur tandem qui va se construire au fil des chapitres ! C’est vraiment fort et sensible. Et que dire de la pauvre Mona, cette mère de famille courageuse dont le destin semble s’amuser à lui arracher ses fils ?… Ce trio m’a beaucoup émue. Toutes ces injustices cruelles… Un surplus d’émotions m’envahissait sans cesse au fil des rebondissements ! Il n’y a que Karine Giebel pour malmener mon petit cœur comme ça… Pourtant, je sais qu’elle aime torturer ses personnages et finir ses histoires de manière sinistre ! Cependant, c’est plus fort que moi : j’y retourne systématiquement avec plaisir.

Parallèlement, on va suivre Angélique dont le quotidien est tout aussi révoltant que le reste… Son personnage m’a rappelé d’autres écrits de l’autrice, notamment « Purgatoire des innocents » et « Toutes blessent la dernière tue ». toutefois, j’ai aimé faire le lien entre elle et la famille de Léo. Certaines révélations sont assez logiques toutefois, j’ai été surprise à plusieurs reprises. Bien que la première partie soit longue, que les personnages secondaires soient parfois trop manichéens et que l’on se demande où on va nous mener, je me suis régalée avec cette lecture. Celle-ci fut, à mes yeux, un véritable ascenseur émotionnel !

Mélange entre le roman noir, le polar et le thriller psychologique, « Glen Affric » aborde une pluie de sujets comme la différence, le harcèlement, la justice, l’univers carcéral, la méchanceté humaine, la bravoure, le courage, l’amitié et la famille. Le tout est saupoudré de passages violents comme des coups et blessures, des viols et des traumatismes. Ainsi, si vous avez du mal avec ces sujets, je vous conseille d’éviter de rencontrer Léonard, Jorge, Mona et Angélique… Pour ma part, j’ai refermé cet ouvrage d’un souffle. Comme je m’y attendais, le dernier quart fut magistral et bouleversant ! Bravo à Karine Giebel pour cette nouvelle claque et merci encore à toi, Isa, pour ce chouette moment d’échange.

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——> Découvrez la critique de Siabelle !

siabelle.

Citations

Tout au long du chemin qui le ramène chez lui, Léonard observe ce qui l’entoure. Les plantes, les arbres, les oiseaux, les insectes. Il aime tout ce qui n’est pas humain. Tout ce qui a des feuilles, des pétales, des pattes, des ailes, des écailles ou des plumes. Jamais un animal ni un arbre ne s’est moqué de sa différence.
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Je crois qu’on a tous un endroit sur terre où l’on se sent chez soi, vraiment chez soi. Encore faut-il le trouver… Et je suis content que toi, tu l’aies trouvé Lennie. Mais pour savoir si c’est réellement le bon lieu, il faut y passer du temps. On dit qu’il faut y passer l’hiver, la plus dure des saisons.
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Cisco aimait à dire que les innocents qui entrent en prison en ressortent coupables. Que ceux qui le sont déjà en ressortent plus violents qu’ils ne l’étaient auparavant.
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Lennie, c’était un sourire d’enfant, un regard d’innocent et un cœur de géant.

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Ma note

 4,5/5

11 réflexions au sujet de « « Glen Affric » de Karine Giebel »

  1. Mes goûts ayant pas mal évolué, les romans de l’autrice ne m’attirent plus vraiment, mais j’avoue que ton avis et ta référence à des souris et des hommes me tentent pas mal. Je ne pense pas craquer mais il y a deux ans, j’aurais foncé l’emprunter ou le commander sans hésitation.

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